Jimmy Lahcen, le globe-trotter au grand cœur a fini par poser son sac à Saint-Martin
Il y a des endroits où lorsqu’un jour on s’y arrête, on est séduit par l’ambiance qui y règne et par la chaleur de l’accueil.
Ce sont les bras grands ouverts que Jimmy Lahcen nous invite à entrer au Shy Snack de Hope Estate. Au départ c’était un simple food truck installé ici par le dénommé Shy, et qui a évolué peu à peu pour devenir incontournable. On y mange, on y boit et on s’y amuse, car le maître des lieux a mille idées pour satisfaire et surprendre sa clientèle. Revenons quelques années en arrière pour mieux comprendre comment Jimmy en est arrivé là. Né en 1986 à Denain, il effectue ses études à l’école hôtelière de Toulon. Il y décroche un BEP de serveur et un BAC pro de cuisinier.
Les métiers de la restauration connaissant peu les affres du chômage, il commence à travailler comme serveur à Hyères puis se déplace à Saint-Tropez, le rêve de tout saisonnier qui se respecte. Vient alors le moment où l’on range les vacances dans des valises en carton. Jimmy Lachen se saisit de la sienne et se rend à l’aéroport en quête d’une destination qui puisse lui offrir deux semaines d’un repos bien mérité. L’employé du guichet lui montre la carte du monde et pointe son doigt au hasard sur Saint-Martin. Aussitôt dit, le voilà parti pour la Friendly Island.
LA BALLADE DE JIMMY
Un jour qu’il se rafraichîssait au bar du Kontiki, il entend le patron qui peste après un employé qui l’a lâché subitement. Dans un élan de générosité, Jimmy lui propose ses services, et l’homme lui répond aussitôt : « Tu es cuisinier ? Alors demain 9h ! ». Et voici le vacancier qui se retrouve derrière les fourneaux et qui se voit proposer 2 jours plus tard, un job à temps plein tant la qualité de son travail est satisfaisante. Il accepte sans hésiter et envoie aussitôt un courrier en métropole contenant sa démission et les clés de son appartement. Un an plus tard, une belle québécoise le séduit et le convainc de la suivre au pays des caribous, mais après 3 mois à Montréal, le rêve fond comme neige au soleil lorsque les autorités locales le prient de bien vouloir regagner son pays.
Ayant pris goût au voyage, Jimmy ne tarde pas à repartir pour de nouvelles aventures. Cette fois-ci ce sera l’Asie, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour et Bali où il tombe sous le charme du pays et d’une jolie Balinaise avec qui il monte un restaurant tout en perfectionnant sa pratique de la langue locale. Et en 2014 c’est le retour sur Saint-Martin. Il atterrit sur l’île alors que le cyclone Gonzalo est proche, détruisant au passage les établissements où Jimmy avait ses habitudes et ses amis. Sa réputation lui permet de vite trouver un job à Pinel, puis au Calmos Café de Grand-Case. Alex le prend alors sous son aile, car il fait désormais partie de la famille, et ses désirs de bougeotte s’estompent à tel point qu’il se fixe définitivement sur SXM.
UNE ÎLE OÙ RIEN N’EST IMPORTANT QUE DE VIVRE
7 ans jour pour jour après Irma, le souvenir est toujours vif, et on se souvient qu’au lendemain de son passage, il y a eu ceux qui ont fui, et ceux qui sont restés pour reconstruire. Jimmy Lahcen était résolument dans la seconde catégorie, aidant sans relâche les plus démunis, ne comptant pas son temps et ne ménageant pas ses efforts dans des domaines qui n’étaient pas les siens, mais l’urgence de la situation a fait qu’il s’est vite adapté. Peu après il bouge à Anguilla, puis revient au Rainbow de Grand-Case et au Barranco, rejoint l’équipe du Télégraphe de la BO, et il retrouve enfin sa place au sein du Calmos fraîchement reconstruit.
À l’automne 2023, on lui propose de reprendre le Shy Snack. Encouragé par ses amis, il se lance dans ce défi, et le moins que l’on puisse dire c’est que le pari est réussi. Drainant dans son sillage une clientèle indéfectible, il donne un nouveau souffle à cet endroit tout en gardant l’esprit d’origine. Matchs de foot, tournois de billard, et partys y sont organisés, sans oublier les soirées exceptionnelles où les fourneaux sont tenus par des chefs guests. Jimmy Lahcen n’a pas fini de nous étonner, car il a plus d’un tour dans son sac, et bien conscient de sa condition, il conclut par ces mots : « Merci à l’île de Saint-Martin, merci à ceux qui ont cru en moi, et surtout merci la vie ».
