Des hôteliers en mode combat
C’est visiblement remontés à bloc que Patrice Seguin et Jean-François Billot, respectivement président, vice-président et trésorier de l’AHSM (Association des hôteliers de Saint-Martin) ont rencontré la presse pour présenter les objectifs de cette association historique de Saint-Martin.
Conséquences d’Irma, Jean-François Billot estime que les problématiques que les hôteliers vont devoir gérer durant les deux ou trois prochaines années, sont des problématiques de survie, « les propriétaires hôteliers vont s’engager beaucoup plus parce qu’il s’agit de survie de la destination et de l’industrie hôtelière ».
La redynamisation de l’AHSM est une évidence, « les hôtels sont en demande », assure Patrice Seguin, « il y a des problèmes à régler que les hôteliers n’avaient pas nécessairement avant ».
Ce dernier signale que le montant estimé des dégâts, tous établissements confondus, est de l’ordre de 150 millions d’euros « et les estimations s’affinent semaine après semaine ». Tandis que le montant des pertes d’exploitations se chiffre à 180 millions d’euros pour les trois prochaines années, « même si on était capable de reconstruire l’hôtel en quelques semaines, on aurait des pertes d’exploitations, puisqu’on a un territoire qui n’a plus de touristes (…) Trois ans, c’est le délai qu’on a estimé pour retrouver, au minimum, le niveau d’avant Irma ».
500 chambres prévues pour la prochaine saison
En termes d’emploi le président de l’AHSM considère que le nombre de salariés impactés directement par la fermeture des hôtels est d’environ 1000 salariés, « c’est de l’emploi direct, pas de la sous-traitance. Le pourcentage de ceux qui ont repris le travail est très, très faible ».
Actuellement, 280 chambres sont ouvertes, mais sans les mêmes services qu’il y avait avant, et le nombre prévisionnel de chambres qui seront ouvertes pour la saison 2018-2019 est de 500 chambres, « un nombre totalement insatisfaisant pour faire redémarrer comme il faut la destination », affirme Patrice Seguin.
En ce qui concerne l’organisation de l’AHSM, le recrutement de Patricia Ughetto-Monfrin en tant qu’assistante de l’association c’est fait grâce au concours des aides spécifiques de Pôle Emploi, « un poste important, puisque l’AHSM a beaucoup de projets de réorganisation de sa filière ».
Le tourisme, moteur de l’économie
Trois commissions ont été créées, une en charge des finances, la seconde pour l’environnement et l’urbanisme et une troisième pour les différentes promotions. Dans le cadre de la promotion, Patrice Seguin se déclare confiant « pour avoir des rapports de travail, avec l’office de tourisme, qui soient d’une autre qualité que ce qu’ils étaient avant (…) Il faut asseoir des positions plus claires, parce qu’on a besoin de collaborer avec l’office de tourisme, notamment pour la promotion, mais on a aussi besoin de collaborer d’une manière très forte avec la Direction du tourisme sur plein d’autres aspects, notamment la vision globale du territoire. Il faut qu’on aille dans le même sens ».
Le président de l’AHSM considère que le président Daniel Gibbs « veut du touriste et s’en occuper. Nous sommes plutôt ravis, car « ce n’était pas le cas de la mandature précédente ». Jean-François Billot enfonce le clou en affirmant que « les deux administrations précédentes avaient clairement déclaré que le moteur de l’économie n’était pas le tourisme. On a à faire à un président de la Collectivité qui pense le contraire. Nous avons de grands espoirs qui sont basés sur ça ».
Formations et collaborations comme objectifs
Seguin assure que l’objectif du territoire est une montée en gamme, objectif partagé par l’AHSM, « mais pour cela il nous faudra du personnel adapté. Il y a un gros volet formation sur lequel on souhaite travailler ».
La compétitivité dans l’hôtellerie passe par la nécessité de faire régulièrement des formations « aux nouvelles techniques, aux nouvelles demandes des gens, à s’enrichir personnellement… En fait avoir des gens passionnés dans nos hôtels », affirme Jean-François Billot.
Le président de l’AHSM souhaite que les cadres et agents de maîtrise aillent se former à l’international. Ainsi, l’association va identifier le nombre de personnes que cela pourrait représenter, estimé entre 100 et 150, et monter un programme.
Des financements importants de l’Europe existent, « et si la synergie avec la Collectivité fonctionne, il n’y a aucune raison que le territoire n’ait pas ce type de fonctionnement », selon Jean-François Billot.
Si l’AHSM veut une collaboration plus étroite avec les services de la Collectivité, la Direction du tourisme et l’office du tourisme, elle souhaite également le faire avec le côté hollandais, ainsi qu’avec les autres organisations socioprofessionnelles du tourisme, comme les restaurateurs, les guest-houses, les taxis, l’aéroport, etc.
Les responsables de l’association considèrent, par ailleurs, que la fiscalité et les financements sont à revoir et qu'il serait nécessaire d’avoir un système d’aide plus simple et plus efficace, car aujourd’hui, les aides sont celles de droit commun.