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Création prochaine d’une école de la deuxième chance à Saint-Martin

6 Novembre 2018
L’école de la deuxième chance (E2C) est un concept mis en œuvre en 1995 par Edith Cresson, alors commissaire européenne. Ce principe part du constat que sur le territoire national, environ 150 000 jeunes sortent, chaque année, du système scolaire en situation d’échec. A Saint-Martin, il y aurait entre 25 et 30 % de jeunes qui sortent de l’école en situation d’échec. Fort de ce bilan, Jean-Paul Fischer, bien connu dans le monde associatif et des affaires, va créer à Saint-Martin une E2C.
 
Ces jeunes sortis du système scolaire ont un handicap majeur pour bâtir leur vie professionnelle, assure Jean-Paul Fischer, « ils ne maîtrisent pas le calcul, l’écriture, le français… ». Le concept d’E2C a été validé par le ministère de l’Education nationale, et le jeune qui veut se reconstruire une vie ou une profession, à la possibilité, pendant six mois, voire un an, de retourner dans ce genre d’école. « On essaye de bâtir un parcours individualisé du candidat, en fonction de ce qu’il sait, ou pas », un travail préalable est donc effectué, mais « il faut que le gamin en ait envie. Il faut qu’il fasse l’effort d’intégration ».
Dès lors, les enseignants ou les professionnels déterminent le profil de ce que le jeune peut ou veut faire, avec des bases qui sont l’apprentissage de choses basiques comme l’écriture, la lecture, le calcul. S’il y a plus d’une centaine d’E2C sur le territoire national, trois existent en Martinique et deux en Guadeloupe. « C’est un dispositif qui fonctionne et qui est principalement financé par la Région Guadeloupe et les Conseils régionaux, avec des fonds européens du FSE, et parfois avec les fonds de la Politique de la Ville », explique JPF qui précise que plus de deux milles jeunes ont été formés en Guadeloupe à travers ce concept.
 
Travaillersur la formation professionnelle et l’intégration des jeunes
 
Et de constater qu’à Saint-Martin « il y a un problème de rupture, de fracture sociale (…) La solution, ce n’est pas de mettre 50 policiers supplémentaires, c’est de travailler avec les jeunes et les moins jeunes. Un gars qui a 25 ans et qui ne sait pas lire et écrire, on va lui donner quel emploi ? La première chose à faire, c’est le sortir de l’illettrisme et ensuite lui donner un minimum de formation professionnelle, que ce soit comme plombier, mécanicien… ». Car la reconstruction de Saint-Martin, « ce n’est pas seulement refaire les toits, les tôles et les bâtiments, c’est aussi travailler sur la formation professionnelle et sur l’intégration de cette population qui est laissée à l’abandon ».
Prochainement, Fischer va organiser une réunion constitutive pour créer l’association, « il y a un certain nombre de gens qui ont manifesté leur intérêt, et j’ai pris contact avec l’E2C de Guadeloupe qui va m’appuyer pour monter le dossier ». JPF va interpeller la Collectivité, l’Etat, ainsi que des entreprises locales « pour voir si elles veulent bien intégrer le dispositif », car des contrats de professionnalisation en alternance existent, « le jeune peut intégrer l’entreprise tout en restant dans le dispositif de l’E2C ».
Le budget annuel de fonctionnement est estimé entre 300 et 400 milles euros, « je demande des volontaires. Je ne peux pas tout faire seul, car je suis déjà impliqué dans plusieurs associations ». Ce projet répond à une demande sociale, estime JPF, « il y a des gens qui veulent s’engager, qui ont conscience des difficultés dans lesquelles on fonctionne. C’est le moment de montrer qu’on s’engage. C’est un choix moral et politique… ».