Le nouveau recteur en visite de reconnaissance à Saint-Martin

De cette visite, il ressort « une impression positive malgré encore des difficultés avec une belle mobilisation du corps enseignant pour que soit évacué le traumatisme Irma », a indiqué le recteur Mostafa Fourar, conscient toutefois des conditions d’enseignements encore difficiles dans les écoles de Grand Case et celles de Sandy Ground où les locaux sont toujours à emplois du temps partagés entre plusieurs écoles. La mission du nouveau recteur sera de faire en sorte que « la rentrée 2018 se passe dans les meilleures conditions possibles », avec comme souhaité par le gouvernement, le dédoublement des effectifs en classe de CP et de CE1 dans les zones en REP et REP+ (12 élèves par classe, ndlr). « S’il manque des locaux, ce seront les enseignants qui seront doublés dans les classes », a-t-il expliqué.

UN DIRECTEUR DE PROJET EN LIEN ENTRE LA COM ET L'ÉTAT

Dans le cadre de la reconstruction des établissements scolaires, la question reste encore de savoir s’il va falloir reconstruire de nouvelles écoles, ou bien agrandir celles existantes. La Collectivité ayant la compétence des locaux qui accueillent les élèves et l’Education nationale restant une compétence de l’Etat, le nouveau recteur a annoncé que le Ministère de l’Education avait décidé d’augmenter les moyens en nommant un directeur de projet qui fera le lien entre les deux autorités, afin d’optimiser la reconstruction des établissements par rapport aux besoins réels de la communauté éducative. Une reconstruction d’établissement pour laquelle l’Etat va mettre la main à la poche, dans le cadre du Plan Pluriannuel d’Investissements qui sera étudié dans les prochains jours, avant la fin du mois de mars.

RENFORCEMENT DE LA DIRECTION À LA CITÉ SCOLAIRE

Toujours parmi les moyens supplémentaires qui seront accordés à Saint-Martin, le recteur a annoncé la création de postes supplémentaires à la Cité Scolaire de la Savane, avec un proviseur adjoint pour le lycée et un principal adjoint pour le collège.
Mostafa Fourar souhaite mettre en place les mesures qui permettront d’optimiser la prochaine rentrée scolaire.
A noter que le nouveau recteur aura à charge de mettre en place la nouvelle réforme du baccalauréat qui devra être effective en 2020.

 LETTRE OUVERTE

A Monsieur le Recteur de l’Académie de la Guadeloupe, Chancelier des Universités,
Vous avez déclaré dans un post publié sur votre compte Facebook le jeudi 1er mars à 19h43 après avoir visité plusieurs établissements de St Martin que « grâce à l’engagement de la Collectivité et à la mobilisation des personnels, des solutions ont été apportées, permettant aux cours de se dérouler dans des conditions optimales. »
Le choix de l’adjectif « optimal » employé ne peut que révolter parents, enseignants et élèves. Offrons-nous réellement « le meilleur » aux enfants de Saint Martin ?
Faut-il être aveugle pour ne pas reconnaître, six mois après le passage d’Irma, que les conditions d’enseignement et d’apprentissage sont déplorables ?
Comment ne pas noter les risques liés au manque de sécurité : absence de clôture, portails restés ouverts, plafonds qui manquent de s’écrouler, fils et débris, fissures, etc...?
Comment ne pas constater que l’insuffisance de salles opérationnelles, la rotation dans les établissements à double occupation, les classes surchargées, le bruit permanent, les problèmes électriques, la destruction du CDI, les ordinateurs dont on ne peut plus se servir, l’insuffisance de connexion internet, les cours de sport suspendus, l’impossibilité de respecter les horaires officiels, ne permettent pas de couvrir les programmes, d’accompagner au mieux des élèves très fragilisés et de gérer correctement les inscriptions post-bac sur Parcours Sup ?
Comment ne pas mentionner que certains membres du personnel d’administration et de direction, en nombre insuffisant, font le travail de deux ou trois personnes? Que l’ensemble des personnels sont épuisés et à bout, leur santé mise en péril ?
Comment ne pas s’indigner contre les horaires ubuesques imposés aux enfants et enseignants des écoles Elie Gibs et Sandy Ground et du Collège Soualiga, qui poussent à bout des parents et des enfants déjà fortement éprouvés par la catastrophe ?
Combien d’enfants ont été mis dans des établissements privés, alors qu’ils étaient normalement scolarisés dans le public ? Les écoles privées de Saint Martin ne sont pas sous contrat, il faut compter au minimum 400 euros par mois. Un fossé se creuse entre ceux qui ont les moyens, et les autres.
La diversité que l’on trouvait dans les établissements publics a pratiquement disparu.
Oui, Monsieur le Recteur, votre déclaration est choquante.
Non, les conditions de cours ne sont ni optimales, ni normales, ni acceptables, malgré nos efforts.
Nous prenons acte, Monsieur le Recteur que vous avez ensuite modifié votre Post, en corrigeant l’expression qui nous a choqué.e.s, remplacée par « permettant d’accueillir les élèves ».
Nous prenons acte que vous avez ensuite à nouveau modifié votre post, en ajoutant : « Cependant, 4 écoles et 1 collège restent fermés, ce qui ne permet pas d’accueillir les élèves dans les meilleures conditions que l’on espère », rendant ainsi mieux compte de la situation à St Martin.
Nous attendons une reconnaissance officielle que les conditions sont déplorables, en deçà de ce que la République se doit d’apporter à tous ses enfants et une réponse précise à tous les problèmes évoqués.
A circonstances exceptionnelles, mesures exceptionnelles.

Un Collectif d’enseignants, également parents d’élèves.