Un semblant de reprise qui cache la crainte des pertes d’activités
Comme un cœur qui revient à la vie, la partie française de l’île semble s’éveiller lentement. Les véhicules sont de plus en plus nombreux à circuler sur les routes, des piétons en plus grand nombre également à emprunter les trottoirs, les rideaux de certains commerces sont ouverts à mi-hauteur. Malgré la période de confinement qui prévaut jusqu’au 11 mai prochain, on assiste à un semblant de reprise en demi-teinte en partie française qui mêle la crainte du virus et celle de voir son activité économique totalement anéantie.
Depuis lundi dernier, les annonces de reprise de certains restaurants pour de la vente de plats à emporter se font de plus en plus nombreuses sur les réseaux sociaux. Le 17 mars dernier, les restaurants ont été contraints de fermer les portes de leurs établissements, mais ils conservaient toutefois la possibilité de continuer une activité de livraison de plats à emporter. Pour autant, et malgré cette autorisation, la majorité d’entre eux a totalement baissé le rideau. En effet, mettre en place ou continuer cette activité autorisée représentait surtout un casse-tête dans son organisation avec parfois même des coûts supplémentaires, ne permettait pas de garder les caisses à flot, et la crainte de contracter le virus planait par ailleurs.
Et alors que le 16 mars dernier, le président Macron décrétait la période de confinement pour une période de un mois, soit jusqu’au 15 avril, ces restaurants ont fait le choix de fermer complètement leur établissement. Ils ont pour la plupart mis leurs salariés en activité partielle et ont effectué les nombreuses et fastidieuses démarches pour pouvoir bénéficier des aides de soutien annoncées par le gouvernement, notamment la mise au chômage partiel de leurs salariés et la demande du prêt garanti par l’Etat (PGE).
Pas de date de réouverture annoncée pour les restaurants et les hôtels
Cependant, le président Macron a annoncé le 13 avril dernier le prolongement d’un mois de la période de confinement, portant au 11 mai, la date possible d’un déconfinement progressif. Emmanuel Macron précisait alors que si l’ensemble des activités allaient pouvoir reprendre sous certaines conditions de sécurité, les bars, les restaurants et les hôtels devraient quant à eux rester fermés, sans indiquer de date précise de réouverture, évoquant les mois de juin ou juillet prochains.
Une annonce qui a eu un effet d’électrochoc pour ces branches d’activités qui se retrouvent dans une situation d’extrême inquiétude et d’incertitude quant à leur avenir. « Une fermeture d’un mois, c’était compliqué, mais jouable », nous ont indiqué certains restaurateurs. Et de préciser : « Au-delà d’un mois, ce n’est juste pas possible… les charges courantes, les loyers, l’eau, l’électricité, les assurances… continuent de courir. Par le dispositif d’activité partielle, il nous faut avancer les salaires de nos employés avant d’être remboursés par l’Etat. Ce remboursement ne couvre que 84% du salaire net, et dans la restauration, on le sait, les chefs ne sont pas rémunérés au SMIC… Nous avons par ailleurs des saisonniers avec des CDD, dont les termes collent avec la fin de la saison touristique, c’est-à-dire justement à cette période-là de l’année, en avril et mai. A ceux-là, nous devons leur verser leur solde de tout compte qui comprend une prime de fin de contrat, etc… ».
A noter que, à l’exception du dispositif d’activité partielle qui est une aide directe de l’Etat, toutes les autres aides consistent en des reports de charges qui devront être payées in fine ou encore des prêts qui devront être remboursés à un moment donné.
Alors des restaurateurs ont décidé de retrousser leurs manches pour tenter le tout pour le tout et sauver leur entreprise. Ils sont de plus en plus nombreux à proposer des plats à emporter. Là encore, la difficulté consiste à jongler avec les approvisionnements des produits frais. « Nos réseaux d’approvisionnements habituels ne sont pas opérationnels comme auparavant, notamment pour les produits frais qui proviennent par avion depuis l’Hexagone. Nous sommes bien souvent contraints de nous approvisionner via les réseaux de la grande distribution, et nos coûts de revient en sont d’autant majorés », racontent-ils. Et pour certains de conclure : « Pour l’instant, c’est du bricolage que nous faisons. Nous espérons au moins réaliser 20% de nos chiffres habituels, ce qui nous permettrait de couvrir un minimum de nos charges. Le point sera fait prochainement pour savoir ce que nous décidons pour la suite : continuer ou liquider… ».
Les autres commerces se préparent pour la réouverture au 11 mai, mais…
Du côté des autres commerces « non essentiels » qui ont été obligés de fermer dès le 17 mars, avec l’annonce du déconfinement pour le 11 mai prochain, les dirigeants s’activent à installer le matériel nécessaire pour pouvoir ouvrir dans les conditions requises de sécurité (installer des protections de sécurité entre le personnel de caisse et la clientèle, faire des marquages au sol pour la distanciation sociale ou encore pour le sens de direction que devra respecter le clientèle, etc…) Une reprise tout autant espérée que crainte à la fois, face à l’incertitude des temps prochains. Après deux mois de chiffres d’affaires réduits à néant, la plupart des commerces se trouvent dans l’incapacité de prévoir le comportement de la clientèle : « Est-ce que nos clients seront en capacité de pouvoir consommer ? En auront-ils envie ? », s’interrogeaient ceux que nous avons rencontrés… En attendant, ils ont encore trois semaines pour se préparer, et chacun s’active de son côté pour redonner envie à leurs clients de venir les retrouver, en leur offrant le maximum de garantie de ne pas contracter le virus, au cas où celui-ci serait encore à cette date en circulation sur le territoire.