Immobilier : un marché stable malgré Irma
Quel est la valeur de mon bien immobilier après le passage d'Irma ? Voici une question que se posent de nombreux propriétaires, surtout s'ils ont l'intention de vendre leur appartement ou leur villa. Pour le savoir, nous sommes allés rendre visite à trois agences immobilières, qui nous ont globalement donné la même réponse.
«Pas grand-chose n'a bougé en termes de prix de vente après Irma," nous a confié Thierry Vandeventer, agent commercial chez Sun Sea. Exemple : une villa mise en vente 430 000 euros avant Irma a été revendue 350 000 euros en l'état et le propriétaire a conservé les 110 000 euros d'indemnités. "Il y a eu une période de flottement où nos clients propriétaires étaient inquiets de ce qu'ils allaient toucher des assurances et hésitaient entre vendre en l'état ou réparer et vendre ensuite. Mais les assurances ont plutôt bien remboursé et la tendance serait plutôt à la hausse. Le parc est réduit aujourd'hui parce que les gens ont sorti leur bien de la vente pour faire des travaux, mais ils reviendront et à mon avis ça sera plus cher, parce que plus neuf," continue-t-il.
UNE VILLA RECONSTRUITE VENDUE AU PRIX D'AVANT IRMA
Même appréciation d'Isabelle et Didier chez Tropic Immo. "Mis à part les biens situés en zone inondable, la Baie Nettlé, la première ligne de la Baie Orientale, qui sont quasiment invendables, les prix sont restés globalement les mêmes pour les biens non impactés ou réparés, les biens revendus avec la transmission des indemnités ou les biens vendus moins chers dans le cas où les propriétaires gardent leurs indemnités d'assurance". Exemple : l'agence vient de vendre une villa aux Terres Basses, impactée puis reconstruite à l'identique, au prix annoncé avant Irma. "On fait moins de transactions, mais ce n'est pas la sinistrose. C'est plus difficile au niveau des copropriétés, où les délais d'instruction des assurances ont été retardés et où les transactions peuvent être bloqués".
Il y a bien eu quelques vautours en quête d'un "coup de fusil" juste après Irma, mais ils ont rarement trouvé l'affaire du siècle. Exemple chez Sun Sea : un propriétaire vivant en métropole et qui paniquait après Irma a vendu 115 000 euros un appartement annoncé à 130 000 avant Irma.
UN RÉEL MARCHÉ DU CÔTÉ DES RÉSIDENTS
Écho identique chez Cagepa, où Nicolas Nakache constate que le marché de la vente est aussi actif qu'avant Irma. En ajoutant que la situation est plus compliquée du côté du marché locatif, avec davantage de demandes que d'offres, ce qui profite au marché de la vente. S'il y a un indéniable frein au niveau des investisseurs intéressés par la location saisonnière, il y a un réel marché du côté des résidents locataires qui ne trouvent pas à se loger et font le choix d'acheter. "Les gens parient sur le fait que l'île va remonter", considère Thierry Vandeventer, "plus d'1,5 milliards ont été investis par les assurances et forcément tout repartira, comme cela s'est passé après le cyclone Luis en 1995". Cela dit, l'inquiétude règne autour du futur Plan de prévention des risques majeurs (PPRM), que l'on devrait connaître en 2019.
On sait déjà que le parc immobilier va être réduit et la construction limitée pour les particuliers dans les zones inondables, endroits traditionnels de choix avec accès à la plage. Sans parler de l'éventuelle impossibilité d'assurer les biens. Une situation problématique dans ces zones, qui favorisera les biens identiques hors sites inondables.