Coup de chapeau à Pierre-Antoine Guibout !
Par Ann Bouard
06 November 2019
Pierre-Antoine Guibout, un habitant de Saint-Barthélemy, a mis au point un procédé qui permet de fabriquer du papier et du carton avec les sargasses.
Après quelques mises au point artisanales pour parfaire sa technique, il a obtenu un produit satisfaisant auquel s’intéressent déjà le Centre d’Étude et de Valorisation des Algues ainsi que Breizpack, le réseau des industriels de l’emballage en Bretagne.
Avec le soutien de la Collectivité de Saint-Barth, il était présent à Sarg’Expo où il a décroché le titre de finaliste du concours « Innovation Outremer 2019 ».
Ce concours, placé sous le haut patronage du Président de la République, permet aux innovateurs ultra-marins d’être en relations avec des investisseurs (plus de cinq fonds d’investissements sont partenaires). La finale de cette 5ème édition se tiendra à Paris le 21 novembre prochain. Infos : facebook @sargasseproject.
Des innovations pour transformer les sargasses
Les innovations permettant de recycler une partie des sargasses, en produits utiles et écologiques, pourraient contribuer à alléger les budgets consacrés à leur destruction. C’est en tous les cas ce que l’on peut espérer avec les initiatives qui voient le jour un peu partout dans le monde et aux Antilles aussi !
Comment convertir un fléau en atout ?
Dans ce domaine, l’idée assez originale d’une équipe de chercheurs 100% guadeloupéens, menée par Sarra Gaspard, a été retenue par les autorités parmi les 21 projets proposés lors de la conférence internationale sur les Sargasses. Ces chercheurs proposent d’utiliser les algues brunes pour lutter contre un autre fléau qui ravage la Guadeloupe et la Martinique, la pollution au chlordécone. Ce pesticide a contaminé les cours d’eau pour des centaines d’années. En cuisant les sargasses, à plus de 600 C°, on obtient un charbon capable de filtrer l’eau et d’en éliminer tous les pesticides. Ce projet devrait recevoir un financement de l’État pour pouvoir le développer à grande échelle dès l’année prochaine. En métropole,dans la Somme, une première usine se consacre à la transformation des sargasses. Une fois séchées et broyées, elles sont transformées en granulés. Mélangées avec 20% de plastique (déjà mieux que le 100% plastique), elles servent à la fabrication de pots, de porte-savons, de chaussures ou de balais ... Cependant le coût du transport depuis les Antilles reste onéreux. L’idéal serait de les transformer sur place comme au Mexique où a été construite la première maison au monde faite de sargasses. Selon un principe ancestral qui consistait à utiliser la terre cuite pour l’habitat, les sargasses sont mélangées à l’argile pour obtenir un résultat semblable.
La recherche et leur transformation n’en sont qu’aux balbutiements, mais le temps presse. Selon les chercheurs, l’expansion des sargasses devrait se poursuivre au cours des prochaines années. La seule solution, les transformer, à un niveau non plus artisanal mais industriel.
La recherche et leur transformation n’en sont qu’aux balbutiements, mais le temps presse. Selon les chercheurs, l’expansion des sargasses devrait se poursuivre au cours des prochaines années. La seule solution, les transformer, à un niveau non plus artisanal mais industriel.
Ann Bouard