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Écologie : tour d’horizon des bonnes pratiques dans la région

27 December 2023

Lors des assises de la pêche qui avaient lieu le 12 décembre dernier, les associations de défense de l’environnement ont dévoilé la liste des bonnes pratiques mises en œuvre pour surveiller et protéger l’écosystème marin. 

30 ANS DE SURVEILLANCE DES PLAGES A ANGUILLA

A Anguilla, après 30 ans de collecte de données, le constat est sans appel. L’érosion, l’urbanisation anarchique, la disparition des coraux et de certains poissons, ainsi que la pêche excessive font peser un réel danger écologique.

Jasmine, biologiste marin au Department of Fisheries and Marine Ressources Unit d’Anguilla a profité des assises de la pêche pour rappeler qu’au-delà du tourisme, les plages jouaient aussi un rôle de protection et de reproduction pour des espèces telles que les tortues de mer, qui, si on devait modifier leur environnement sur une seule île, pourraient disparaitre à l’échelle de la région entière : «En parallèle, nos côtes nous protègent contre l’impact des flots marins, et le sable fait barrage à l’invasion marine, notamment durant les ouragans, a-t-elle ajouté. Si on perd nos plages et nos dunes de sable, il n’y aura rien pour les remplacer. » Raison pour laquelle depuis 1992, ce département qui n’est pas mandaté pour la gestion côtière a mis en place un programme de surveillance financé par le gouvernement d’Anguilla. C’est le plus long programme de ce type. Son but est de mesurer l’impact des changements sur l’écosystème. Des données qui servent ensuite à conseiller et avertir la population. Le dernier rapport publié pour la période 2014-2022 a ainsi révélé que sur les 14 plages surveillées, 9 montraient des signes d’érosion, dont plusieurs à des niveaux critiques. Notamment sur les plages les plus touristiques comme Shoal Bay East qui fait partie des trois plus touchées de l’île. Dans la zone «Upper Shoal Bay», cela représente 22,6 mètres de plage perdus en moyenne. Pour affiner ces observations durant les années à venir, des GPS et des drones vont désormais être utilisés. L’unité entend également renforcer la pédagogie et la sensibilisation.

7 SITES SURVEILLÉS DEPUIS 2016 A SINT MAARTEN

A Sint Maarten, Nature foundation veut inciter les législateurs à trouver un meilleur équilibre entre activité humaine et ressources disponibles à travers son projet Corena (Coastal Resilience Needs Assessment) : «Notre île présente l’une des plus grandes densités de population et dépend totalement du tourisme, explique Sabine Brismeur de la fondation. Nous avons un minimum d’instructions en termes de gestion durable alors que nous sommes particulièrement exposés aux effets du changement climatique, des ouragans et de l’augmentation de températures.» Face au boom de la population de Sint Maarten ces dernières années, Nature Foundation veut provoquer une prise de conscience en fournissant des preuves tangibles des changements sur l’écosystème ambiant afin de faire évoluer la réglementation. Ainsi, grâce à la cartographie marine, à la surveillance de la mer et de l’habitat marin, la fondation collecte des datas mobilisables par les décideurs en matière d’aménagement du territoire notamment. Depuis 2016, 7 sites ont ainsi surveillé dans le sud de l’île.

300 000€ VERSÉS A SAINT-MARTIN POUR PROTÉGER LES ESPECES MENACÉES

Depuis 1999, la réserve naturelle de Saint-Martin oeuvre à la conservation et à la mise en valeur des ressources environnantes. Et,contrairement à ce que l’on pourrait penser, l'eau tropicale a la particularité d’être assez pauvre en poissons :«Contrairement aux eaux froides qui permettent de très grosses pêcheries, notre zone contient des espèces très diversifiées, mais en faible nombre, explique Julien Chalifour. Nous avons donc une pêche artisanale et des poissons dont le cycle de vie est soumis à la qualité des eaux, à la prédation, et à la dégradation des herbiers et des mangroves qui jouent pourtant un rôle dans les différents cycles de vie». Ainsi, tout dommage sur un de ces écosystèmes va avoir un impact négatif sur les autres, et menacer de disparitions des espèces comme le mérou, qui doit vivre longtemps pour remplir la totalité de son cycle. Et parce qu’il change de sexe à l’âge adulte, le pêcher trop tôt présente donc le risque de ne recueillir que des poissons juvéniles ou du même sexe, ce qui présente in fine un risque pour sa survie. C’est la raison pour laquelle l’Europe a attribué à la réserve naturelle un don de 300 000€ sur 5 ans dans le but de recueillir des données précises, et de mieux protéger cette ressource à l’échelle de la région. La pêche de loisirs est d’ores et déjà interdite, et la Réserveest en attente d’un arrêté qui devrait étendre cette interdiction à l’ensemble des pêcheurs professionnels.