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Fermeture de la passe du Galion : une nécessité écologique et sociale

Par Ann Bouard
17 December 2018
Ouverte naturellement, vraisemblablement lors du passage d’Irma, la passe entre l’étang des salines d’Orient et la plage du Galion a été fermée vendredi dernier, en accord avec le Conservatoire du Littoral, la Réserve Naturelle de Saint-Martin et le Collectif Soualiga United. Une décision commune qui apaise les tensions chez les habitants de Quartier d’Orléans.

La baie du Galion n’était plus recommandée pour la baignade depuis le passage d’Irma. En cause, le mauvais fonctionnement de la station d’épuration toute proche et la matière organique de l’étang qui s’y déversait contribuant au développement de l’algue verte. Or cette plage, une des rares sur cette partie de l’île à ne pas être aménagée et commercialisée, est le lieu de rendez-vous des familles saint-martinoises notamment au moment de Pâques et de Noël. La fermeture de la passe va permettre à la population de profiter à nouveau de cet espace.

UN ASPECT ENVIRONNEMENTAL

La nature fait généralement bien les choses, mais il faut parfois l’aider. Jusqu’à présent la mangrove et les palétuviers qui la peuplent assuraient une fonction d’épuration. Leur destruction a engendré le développement d’une algue filamenteuse, communément appelée algue verte, qui se propageait à Pinel, à la Baie Orientale et au Galion. Des prélèvements ont été effectués et des analyses sont en cours. Dans l’attente des résultats et par principe de précaution, la passe qui se serait refermée naturellement d’ici un ou deux ans, a donc été recouverte d’une bande de sable. 
Mais les responsables de la Réserve Naturelle ont constaté que l’étang des salines, a bénéficié durant cette période d’un regain de santé. Ils envisagent par conséquent d’installer un système d’écluse qui permettrait de rouvrir l’endroit, périodiquement, afin de faire bénéficier à l’étang de l’action salvatrice de la mer. 
Comme tous les étangs de l’île, ces modifications sont courantes. Les étangs constitueront d’ailleurs une priorité pour la Réserve Naturelle en 2019 afin de préserver ces espaces, habitat naturel pour nombre d’espèces marines ou aires de repos pour les oiseaux. Mais Nicolas Maslach, directeur de la Réserve Naturelle, l’admet bien volontiers, « les lieux classés en Réserve ne sont pas des territoires sous cloche et chacun doit pouvoir en profiter ». 

UN ASPECT SOCIAL

En profiter, c’est bien cela que les habitants de Quartier d’Orléans souhaitaient et le Collectif Soualiga United était monté au créneau pour défendre leur point de vue. Agnès Alexander, membre du collectif mais également vice-présidente du Conseil de Quartier N°1, est au cœur des préoccupations des habitants et constate qu’ils se sentent pris dans un étau. D’un côté, la Baie Orientale et ses plages commercialisées, inaccessibles car coûteuses, ou nudistes dont pas envisageables pour les familles, et de l’autre la Baie de l’embouchure où l’accès à la plage de sable vert est sujet à conflit car interdite par les propriétaires des terrains. Entre les deux, il ne reste que la plage du Galion, mais « dans notre culture, on ne se baigne pas là où l’étang et la mer sont mélangés car pour nous ce n’est pas propre ». Les habitants durant cette année devait donc envoyer leurs enfants à Grand Case pour leur apprendre à nager et, selon Agnès Alexander, ne comprennent pas pourquoi les interdictions sont levées ailleurs, pour permettre aux gens de construire sur les rochers à Oyster Pond et sur la plage à Orient Bay, ou autoriser la pratique d’activités peu écologiques comme le jet ski. « Au Galion tout est interdit à l’exception du surf, mais le surf ne fait pas partie de notre culture ».
La décision de fermer la passe lève donc les tensions. « Je me sens beaucoup mieux maintenant et les habitants de Quartier aussi. Je vois qu’on peut travailler avec la Réserve Naturelle et qu’elle nous a bien compris » conclue Agnès Alexander. Le site du Galion va donc pouvoir retrouver son ambiance familiale dès les vacances de Noël.

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Ann Bouard