L’Etat prévoit un investissement de 10 millions d’euros pour lutter contre les sargasses
En visite en Guadeloupe puis en Martinique dimanche et lundi derniers, le Ministre de la Transition écologique et Solidaire, Nicolas Hulot et la Ministre des Outre-mer, Annick Girardin, ont annoncé un plan d’attaque pour lutter contre le fléau des sargasses prévoyant 10 millions d’euros sur 2018 et 2019 dont la moitié environ devrait être financée par l’Etat et l’autre moitié dans le cadre d’un cofinancement Union Européenne-Collectivités. L’objectif étant d’obtenir un temps de réaction plus court pour le ramassage de l’algue brune, avant son pourrissement.
Des mesures qui concernent la Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, la Martinique et la Guyane que l’Etat prévoie de financer à hauteur de 10 millions d’euros afin d’accompagner les objectifs d’investissement dans des machines et les opérations de ramassages manuels. Un montant qui devrait venir en complément des 3 millions d’euros d’urgence dégagés au mois d’avril.
Le Ministère des Outre-mer adressait un communiqué officiel faisant état de ces mesures, dont voici ce qu’il faut retenir :
LA DÉTECTION ET LE SUIVI SANITAIRE DES SARGASSES
L’Etat envisage la mise en place de capteurs dans les territoires concernés permettant de réaliser des mesures en direct des dégagements de H2S et d’ammoniac. 22 capteurs sont en cours d’installation en Guadeloupe, et un site internet donnera les mesures en direct, pour renforcer la transparence et l’information de la population. Les ministres ont également annoncé le lancement en juillet d’une étude scientifique ECOSAR par l’université Antilles Guyane pour travailler à la valorisation des algues brunes. 300 000 euros seront consacrés au renforcement du réseau de suivi et d’échouage des sargasses par satellite afin d’améliorer la prévision et le suivi des nappes qui dérivent vers les Antilles et qui présentent un risque d’échouage. Ce pour permettre aux collectivités de mieux anticiper les arrivées de sargasses, et donc de les aider à s’y préparer.
L’ORGANISATION DE LA COLLECTE, LA MOBILISATION DES RESSOURCES HUMAINES ET LA VALORISATION DES SARGASSES
Un engagement financier pour soutenir les achats de machine et renforcer les prestations de ramassage. A ce sujet, l’Etat avait déjà annoncé en avril dernier le déblocage de 3 millions d’euros et renforce le dispositif financier avec 3 millions d’euros supplémentaires pour continuer de faire face à l’urgence. Les deux ministres ont demandé au préfet coordinateur chargé des Sargasses d’étudier la mise en place d’une réserve citoyenne prenant la forme de brigades vertes afin que des équipes de collectes soient mobilisables rapidement en cas d’arrivée massive de sargasses.
L’Etat prévoit un plan d’investissement de 8 à 10 millions d’euros pour 2018-2019, dont la moitié environ dégagé par l’Etat et l’autre moitié dans le cadre d’un cofinancement Union Européenne-Collectivités. Ces sommes seront consacrées à l’équipement des collectivités en matériel de collecte des algues, sur les plages, dans les ports et en mer. Des moyens qui devront permettre à toutes les collectivités touchées d’avoir rapidement les moyens de collecter les sargasses en moins de 48h. L’ADEME lance par ailleurs un nouvel appel à projets, doté d’1 million d’euros centré sur les technologies de ramassage en proche côtier pour les zones difficiles d’accès et la valorisation de la biomasse autour de nouvelles pistes (bio-plastique, charbons actifs, etc.).
LE SOUTIEN ET L’ACCOMPAGNEMENT DES ENTREPRISES ET DES CITOYENS
L’Etat entend mobiliser l’ensemble des outils d’accompagnement aux entreprises : moratoire sur les charges fiscales et sociales, suspension des procédures de recouvrement, délais de paiement pour le RSI, dispositifs de chômage partiel… et engage un dialogue avec les compagnies d’assurance pour permettre d’inscrire à l’avenir le risque sargasse dans les contrats d’assurance, pour prendre en charge les dégâts qui peuvent être causés par les sargasses, comme les pannes d’électroménagers ou d’appareils électroniques. Des dispositifs d’urgence pour cette année sont à l’étude pour les dégâts déjà causés.
COOPÉRATION ET RECHERCHE AU NIVEAU RÉGIONAL ET INTERNATIONAL
Enfin, pour renforcer la coopération régionale et internationale en matière de lutte contre cette pollution, l’Etat soutiendra l’organisation de plusieurs colloques et manifestations scientifiques permettant le partage d’information et de solutions à l’échelle des Caraïbes. Sur proposition des deux ministres, le Premier Ministre a confié à M. Théophile, sénateur de Guadeloupe, une mission d’état des lieux des solutions utilisées pour lutter contre les sargasses dans les Caraïbes, et faire des propositions pour renforcer la coopération régionale en la matière, notamment dans le cadre de la Convention de Carthagène.