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La pandémie du Coronavirus offre un bol d’air pur à la planète

20 March 2020
Populations confinées, usines à l’arrêt, restrictions drastiques dans les transports routiers, aériens, maritimes… Si la crise sanitaire du coronavirus pèse lourdement sur l’économie mondiale, on peut lui attribuer un corollaire positif pour la planète : la baisse des émissions des gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique dans son ensemble.
 

Le 5 mars dernier, la France atteignait le « jour du dérèglement », à savoir qu’en 2 mois et 5 jours, depuis le 1er janvier 2020, l’Hexagone avait déjà émis la totalité des gaz à effet de serre qu’elle devrait émettre en une année pour atteindre les objectifs de neutralité carbone que la pays s’est fixé d’atteindre avant l’année 2050. A ce rythme, les scientifiques précisaient que la France n’atteindrait ses objectifs qu’en 2085… Cette nouvelle deadline dont des ONG environnementales (Les Affaires du Siècle) sont à l’origine est venue se rajouter au « Jour de dépassement », date à laquelle l’humanité a épuisé les ressources que la planète est en capacité de renouveler en une année.
Des indicateurs qui sont désormais calculés chaque année par ces ONG, face à l’urgence à agir pour inverser la tendance dramatique du réchauffement climatique.
 
En Chine, réduction d’un quart des émissions polluantes
 
Depuis décembre, l’économie de la Chine tourne au ralenti. Ce pays qui concentre une part importante de la production mondiale, est aussi celui d’où l’épidémie est partie. Selon une estimation réalisée par le Centre de recherche sur l’énergie et la qualité de l’air, le pays, berceau de l’épidémie, a vu ses émissions de gaz à effet de serre s’effondrer d’au moins un quart entre le 3 février et le 1er mars comparé à 2019, soit une réduction de 200 millions de tonnes de rejets de CO2. Les instances scientifiques ont en effet scruté, depuis l’espace et à travers les données récoltées par leurs satellites, les évolutions du taux de particules fines et de polluants dans l’atmosphère. Leur constat est sans appel : En janvier et février dernier, la concentration de dioxyde d’azote (NO2), un gaz très toxique émis par les véhicules et les sites industriels, a diminué de 30 % à 50 % dans les grandes villes chinoises par rapport à la même période en 2019. Le taux de monoxyde de carbone (CO) a, quant à lui, baissé de 10 % à 45 % dans toute la région entre Wuhan et Beijing. Les niveaux de particules fines ont aussi chuté de 20 % à 30 % en février par rapport aux trois années précédentes.
 
Paradoxe : l’épidémie sauverait indirectement des vies
 
« Le nombre de vies épargnées grâce à la baisse de la pollution atmosphérique est plus important que le nombre de morts causés par le coronavirus. », soulignent des chercheurs de l’Université de Stanford, en Californie, qui précisent que « tandis que chaque année la pollution atmosphérique tue en moyenne 1,1 million de personnes dans le pays, ce sont les vies de 4000 enfants de moins de 5 ans et de 73 000 personnes âgées qui seraient sauvées grâce à l’amélioration de la qualité de l’air en Chine, soit 20 fois plus de vies sauvées que de vies perdues en raison du virus ».
Du côté de l’Europe, l’Agence européenne de l’environnement sur la qualité de l’air estime que chaque année, les émissions de dioxyde d’azote (NO2) sont responsables de 68000 décès prématurés dans l’Union européenne.
 
Les effets du coronavirus se voient depuis l’espace
 
Les images de la diminution de la pollution atmosphérique suite à la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus en Chine sont frappantes. Sur les cartographies produites par la NASA, issues des données de satellites européens et américains, le « nuage » orange représente la quantité en dioxyde d'azote (NO2) contenu dans l'air au-dessus de la Chine en janvier 2020 (Le dioxyde d'azote est relâché dans l'air principalement par les véhicules et les installations industrielles, ndlr). Un mois plus tard, le « nuage » a quasiment disparu de la même zone, du fait de la très forte baisse de l'activité du pays, liée à l'épidémie de Covid-19 et au confinement d'une partie de la population chinoise. Un même constat fait par les équipes du CNRS qui ont mis en évidence la diminution de la quantité de monoxyde de carbone (CO) dans l'air au-dessus de la Chine et du nord de l'Italie en février 2020 comparé aux années précédentes, grâce aux données d'un autre satellite.
Un répit de courte durée ?
Malgré cette crise sanitaire qui va engendrer des conséquences dramatiques sur l’ensemble des populations, on peut se réjouir de ce répit donné à la planète. Mais jusqu’à quand ? La sortie de crise verra certainement un redoublement des activités, à moins que cette période ait permis une prise de conscience…