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Pascale Alix-Laborde se mobilise pour l’environnement

Par Ann Bouard
17 July 2018

Peu de gens la connaissent car son truc ce n’est pas le devant de la scène. Pour rencontrer Pascale Alix-Laborde mieux vaut aller sur le terrain, lorsqu’elle surveille les opérations de nettoyage ou parcourt Saint-Martin pour développer des projets de sauvegarde de l’île.

Femme engagée auprès de Daniel Gibbs, par amitié (ils ont travaillé ensemble dans la même étude notariale), elle a accepté de rejoindre la Collectivité avec un but précis : éduquer et faire évoluer les choses en matière d’environnement. Ce petit bout de femme, que l’on pourrait qualifier d’Ovni dans le monde politique, remue ciel et terre pour faire entendre la voix de la raison, n’hésitant pas à relancer les ministres, à oublier ses vacances pour plancher sur de nouvelles  propositions de lois … bref, à donner de sa personne pour que la vie soit plus belle pour nous, mais surtout pour les générations à venir.

LA DERNIÈRE PHASE DE NETTOYAGE S’EST CLÔTURÉE CE 15 JUILLET, MAIS VISIBLEMENT TOUT N’EST PAS ENCORE TERMINÉ ?

Globalement cette campagne a été un succès, beaucoup d’endroits ont repris un aspect plus normal, d’autant que dans la troisième phase nous avons impliqué la population en mettant des bennes et du matériel à disposition sur simple demande. Cela a permis de nettoyer des résidences privées où la Collectivité ne peut légalement intervenir. 
Nous avons pris en charge le coût de l’opération et maintenu la gratuité de la déchèterie et de l’écosite pendant tout ce temps… maintenant, c’est aux habitants de prendre le relais !
Cependant, le travail de la Collectivité va continuer avec le nettoyage des ravines : une tâche difficile car certaines, comme celle de Concordia, sont remplies de déchets qui nécessitent l’intervention de grues.
Pour les épaves de voitures, c’est plus long car la loi nous impose de les dépolluer avant de les évacuer. Ce travail est réalisé par VerdeSXM qui traite une vingtaine de véhicules par semaine. Il faut tenir compte aussi des épaves qui viennent  de l’autre partie de l’île et qui apparaissent soudain sur le bord des routes. A ce jour, plus de 1700 épaves ont été enlevées sur le domaine public par la Collectivité et les compagnies d’assurance.

SUR LE SUJET DES SARGASSES, NICOLAS HULOT AVAIT PROMIS DES MESURES, QU’EN EST-IL ?

Il a fallu parer au plus urgent avec leur enlèvement par des moyens mécaniques et leur stockage à l’écosite. L’inconvénient est que les engins enlèvent les sargasses mais aussi beaucoup de sable. 
Il convient de trouver d’autres solutions, ce qui fait actuellement l’objet d’études , mais l’achat d’un bateau ne peut être envisagé car il représente un budget de 950 000 €. Nous avons cependant voté 300 000 € au budget supplémentaire de la Collectivité, le 11 juillet, pour financer l’achat de matériel pour les ramasser. Lors de mon dernier voyage à Paris, j’ai vu Nicolas Hulot. Il sait que c’est un gros problème mais n’a pas souhaité aborder le sujet. La réponse de l’Etat est toujours la même, ils vont faire quelque chose, mais à ce jour il n’y a rien de concret et c’est l’Etat qui a la compétence en matière d’environnement, pas la Collectivité ! 
Il faut donc trouver d’autres biais, ce que nous faisons, notamment en mettant à l’ordre du jour des propositions de mesures  développant un plan de lutte contre les espèces envahissantes. Car le problème qui touche notre île est aussi un problème récurrent à la Martinique, en Guadeloupe et en Guyane. Les propositions de lois doivent donc se faire au niveau de tous les territoires ultramarins, qui ne l’oublions pas représentent 80% de la biodiversité !

LE PROBLÈME EST QUE, SUR LE LITTORAL NOTAMMENT, PLUSIEURS INSTITUTIONS SE RENVOIENT LA BALLE ?

C’est pourquoi nous sommes en train de travailler sur un projet tripartite entre la Réserve Naturelle, le Conservatoire du Littoral et la Collectivité. Jusqu’à présent, chacun avait la responsabilité de secteurs bien délimités, mais dans les faits la Collectivité prenait souvent à sa charge le nettoyage de ces espaces. L’intérêt de cet accord est qu’il n’y ait plus qu’un seul interlocuteur en charge de la gestion du nettoyage, de l’entretien et de l’aménagement du territoire et que toutes les parties y contribuent. Dans cette optique, un nouvel aménagement du Galion devrait bientôt voir le jour avec un espace spécialement dédié aux enfants, dans un cadre en total respect avec la nature environnante. 
Il y a beaucoup à faire, pour que le respect de l’environnement soit une notion intégrée par tous et que les mentalités changent. Nous pourrions envisager de nouveaux écosites, faire un travail de fond avec les AME (Air Marine Educative) pour développer aussi des aires terrestres éducatives en collaboration avec les écoles. Les idées ne manquent pas ! 
C’est en éduquant les plus jeunes que nous pourrons préserver notre patrimoine naturel.

Ann Bouard