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Planète terre : un crédit non renouvelable

Par Ann Bouard
25 August 2020
Samedi 22 août, les ressources naturelles que la Terre peut produire en un an ont été consommées. C'est le fameux jour du dépassement et l’humanité va vivre à crédit jusqu’à la fin de l’année. Mais … ce crédit n’est pas remboursable, bien au contraire, l’homme vit au-dessus de ses moyens entame déjà la réserve de l'année suivante. Jusqu’où ?
 
La date a été fixée par l’ONG américaine Global Footprint Network à partir de données statistiques de deux cents pays. Cette année, le confinement aura eu pour effet bénéfique de reculer cette date de trois semaines par rapport à l’année dernière, mais pas de quoi se réjouir pour autant. Car si ce recul, peut être jugé historique, il est anecdotique car cette date fatidique ne cesse de grignoter le calendrier depuis plus de cinquante ans. En 1970, elle tombait le 29 décembre, vingt ans plus tard en 1990, c’était le 11 octobre et encore vingt ans de consommation supplémentaire, elle était avancée au 7 août en 2010.
 
L’effet confinement
 
Alors cette année peut être considérée par certains comme une « petite victoire », car gagner 25 jours ce n’est pas rien, mais malheureusement ce n’est pas suffisant, voir anecdotique car imposée par une crise sanitaire et non par une volonté des états.
L’arrêt des bateaux de croisières, du trafic aérien, de la plupart des sites de production dans le monde durant plusieurs semaines ont eu pour effet de réduire notre empreinte carbone de 14,5% et celle de l’empreinte forestière de 8,4%.
« Cela montre que des changements importants et rapides sont possibles. Mais cette réduction de notre empreinte écologique est imposée et non voulue, et comme elle ne s’accompagne pas d’un changement systémique dans nos modes de production et de consommation, elle ne va pas durer », juge Mathis Wackernagel, le président du Global Footprint Network.
Tout cela est donc bien ponctuel et la reprise économique tant désirée par tous sera à nouveau au détriment de la planète. Pour exemple, les premières données de la Chine depuis la fin du confinement montrent que les émissions industrielles sont à nouveau à la hausse et même au-dessus de celle de 2019 pour la même période.

Des besoins surdimensionnés
 
Alors la faute à qui ? Aux instances dirigeantes qui prônent la survie économique, mais sans survie de l’espèce est-ce bien raisonnable ? Aux citoyens lambda pour qui la possession de biens est devenue une nécessité, mais cela en vaut-il la peine ? Les mauvaises habitudes sont bien ancrées et tous les discours en faveur de l’écologie semblent vains. Et cela ne date pas d’hier. Dans les années 1970 déjà nombre de sociologues, météorologues, etc, alertaient sur cette course à la surconsommation. Aujourd’hui on se gargarise des effets bénéfiques du Covid-19 (il fallait bien en trouver un) sur la couche d’ozone mais tout cela ne servira à rien, et le réchauffement climatique est toujours en marche. Seul un changement radical en matière d’énergie et d’alimentation pourrait inverser la tendance.
Des solutions existent, parfois financièrement mois profitables certes, mais encore faut-il avoir la volonté de les mettre en place … et pas uniquement par les gouvernements, chaque citoyen doit être acteur de ces changements. Si l’on en croit le Global Footprint Network, une réduction de 50 % de l’empreinte carbone repousserait la date de 96 jours et la réduction de moitié des gaspillages alimentaires, de 13 jours. « Si nous reculons la date de cinq jours par an, l’humanité pourra vivre dans les limites de notre planète avant 2050. » Visiblement l’humanité n’a pas saisi le sens du mot urgence.
 
Ann Bouard