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Pour les beaux yeux des… Mérous !

Par Ann Bouard
23 December 2022
A cette époque de l’année, on aurait pu parler de langoustes, mais ce sont les mérous qui sont au centre des préoccupations et plus particulièrement le Mérou géant et le Mérou de Nassau. La Réserve naturelle nationale de Saint-Martin recueille tout signalement sur ces espèces menacées dans le but de faire progresser les connaissances et contribuer à leur préservation.
A Saint-Martin, la disparition de ces deux poissons est due essentiellement à la surpêche depuis les années 80 mais aussi aux deux activités économiques principales que sont le tourisme et le développement immobilier. Démographie croissante, aménagements du littoral, rejets des eaux usées, pêche des plaisanciers sont autant de facteurs qui ont contribué à l’extinction des mérous. Depuis 2018 un programme vise à lutter contre cette réalité et depuis 2020 un arrêté interdit la pêche de loisirs.

Le Projet Life Biodiv’Om à la rescousse des mérous

Initié en 2018, le programme s’achèvera l’année prochaine. Sur plus de cinq ans l’objectif était de relancer la reproduction, d’une part en préservant leurs habitats naturels mais aussi en mettant en place des observations terrain. Dans ce cadre, Aude Berger, en charge du programme au sein de la Réserve Naturelle, a initié des études sur les colonies larvaires dans les fonds côtiers pour savoir si l’une des espèces vient s’installer. Malheureusement, aucune larve de mérous n’a été détectée dans l’une des huit stations (dont 7 dans la Réserve) de suivi des populations. Depuis 2019, à deux reprises seulement, un mérou de Nassau a pu être aperçu. Ces plongées sont périodiques, c’est pourquoi tout signalement complémentaire pourrait s’avérer utile.

Un programme pour les scolaires

A chaque présentation de la Réserve Naturelle dans les 17 établissements scolaires où elle intervient, les élèves reçoivent un flyer explicatif pour les sensibiliser sur le programme, et d’une manière plus générale à la nécessité de préserver les fonds marins. En complément, l’Oiseau Mag à édité un hors-série entièrement dédié au projet qui est diffusé lors des présentations dans les écoles. 900 exemplaires ont été offert par LPO (le coordinateur du projet) qui récolte tous les projets et informations des différents territoire pour présenter un rapport complet à l’Union Européenne.

Sensibiliser aussi les socio-professionnels

Les socioprofessionnels ont également un rôle à jouer dans ce programme. La Réserve Naturelle a entrepris de les sensibiliser mais également de faire appel aux pêcheurs professionnels, ou de loisirs, aux restaurateurs, opérateurs touristiques, clubs de plongée, etc, pour faire remonter les informations. Une plaquette bilingue de vingt pages, éditée en 2000 exemplaires, leur fournit une information complète sur le sujet et les invite à contribuer au dispositif “Les yeux des mérous” au même titre que le grand public.

Tout le monde peut participer

Aude Berger, Cheffe de projet, a organisé la création et la pose de quatre panneaux d’information, sur la marina Fort Louis, la marina d’Anse Marcel et la plage de la Baie Blanche à Tintamarre. L’idée, là encore, est de sensibiliser l’ensemble de la population à participer au réseau d’observation “Les yeux des mérous”.
La Réserve Naturelle récolte, et comptabilise, toutes les informations, photos, ou signalements sur les mérous … car ils se font de plus en plus rares. Informations que l’on peut récolter dans les eaux de Saint-Martin mais également à Saint-Barthélemy.
Pour contribuer à alimenter cette banque de données sur les mérous, il suffit d’envoyer un e-mail à : lesyeuxdesmerous@yahoo.com avec la date et l’heure, le lieu, l’espèce observée, la taille et si possible une photo du poisson observé.
 
Quelle différence entre le Mérou Géant et le Mérou de Nassau ?
Le Mérou géant, est le plus gros poisson des récifs coraliens (il peut atteindre 2,50m et 450 kilos) ; il peut vivre jusqu’à 37 ans. Il figure malheureusement sur la liste des espèces en voie d’extinction. Il fréquente les eaux tropicales et subtropicales et plus particulièrement les baies, estuaires bords de mangroves et les habitats rocheux côtiers. On le reconnait à ses petits points sombres sur tout le corps et une nageoire caudale arrondie.
Le mérou de Nassau, cousin du mérou géant, présente des spécimens qui peuvent mesurer jusqu’à un mètre et atteindre 25 kilos. Il a une espérance de vie de 29 ans. Il est repérable avec ses bandes verticales foncées sur fond clair, et une tâche noire entre le corps et la nageoise caudale.
Ann Bouard