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Prolifération des rats à Tintamarre : préoccupant

Par Ann Bouard
30 September 2022
Plusieurs espèces, non natives de l’île, ont été introduites par l’homme sur l’îlet Tintamarre. Rongeurs, chèvres, poules, lapins auraient pu cohabiter en toute quiétude si ce n’est que certaines espèces nuisent à l’environnement et plus particulièrement à la faune sur ce mini-territoire. Point de situation avec la Réserve Naturelle de Saint-Martin.
Les rats sont vraisemblablement arrivés par bateau il y a longtemps … et peuvent potentiellement continuer à arriver de la sorte. Il faut savoir que la première cause d’érosion environnementale dans le monde lié à l’introduction d’une espèce est le rat. Omnivore, il mange à la fois animaux et végétaux, cet animal très intelligent est capable d’élaborer des stratégies pour accéder à la nourriture et ce en toutes circonstances. Après un cyclone par exemple, il va prélever ce qu’il reste à manger, comme les graines et ainsi empêcher la régénération naturelle. Les patrouilles de la Réserve Naturelle relevant les traces de ponte de tortues ont remarqué depuis le début de la saison de très nombreuses traces de rats sur la plage. De même, les prospections botaniques qui sont menées, ont rencontré des rats à chacun de leur passage. Certains campeurs ont de leur côté signalé que leurs glacières avaient été perforées. Dernier indice, le scinque, un petit lézard qui ne vit qu’à Tintamarre, est désormais terré dans les murets de pierres sèches pour se protéger de ce prédateur potentiel.

Attention pièges

Dans le cadre du plan France Relance, l’État a accordé un financement de 50 000 € pour lutter contre cette invasion. Somme qui a permis d’acquérir des pièges létaux, automatiques, qui fonctionnent par système de piston. Le rat est attiré par un appât, en l’occurrence du beurre de cacahuète mélangé à des céréales. L’intérêt de ce type d’appât est qu’il ne constitue pas un poison qui pourrait être transmis par d’autres espèces mangeant le cadavre.
Les pièges ont une durée de vie de quinze jours à un mois. Cent cinquante ont été disposés au début de l’été sur un tiers de l’îlet. Ils seront déplacés pour couvrir un autre tiers, puis à nouveau afin de couvrir tout le territoire et remis à leur emplacement initial et ainsi de suite. Ils sont munis de compteurs et les visites de contrôle rapprochées ont permis de comptabiliser 500 coups tous les quinze jours depuis début juillet. Ils sont placés à 30/50 cm du sol sur des piquets ou dans un arbre. Les personnes se rendant à Tintamarre ne doivent en aucun cas les toucher et surtout ne pas mettre la main dedans, ce qui déclencherait le piston. Un cordon de sécurité a été installé le long des plages, lieu de débarquement potentiel de rats avec les bateaux (on peut en transporter involontairement), autour des bergeries et près des falaises où viennent nidifier les oiseaux.
Ce dispositif, mis un place pour un an, vise à réguler la population et non pas à l’éradiquer. En effet pour éradiquer totalement l’espèce il faudrait avoir recours à des produits toxiques et entamer une campagne d’extermination sur quatre ans, soit un coût estimé entre 150 et 200 000 € pour l’îlet.
Moralité : pour préserver l’écosystème de ce minuscule territoire, il ne faut pas amener d’animaux vivants (même les chiens !).
Ann Bouard