Saint-Martin sous les feux des projecteurs du comité national IFRECOR
Créée en 1999, l’Initiative Française pour les Récifs Coralliens, IFRECOR, a pour ambition d’agir pour la protection et la gestion durable des récifs coralliens et des écosystèmes associés. Constituée d’un réseau national et de 9 comités locaux représentant les collectivités d’outre-mer françaises, IFRECOR se réunit tous les deux ans dans l'une des collectivités d'Outre-mer qui possède un comité local: Guadeloupe, Martinique, Saint-Barthélemy, La Réunion, Mayotte, les Piles Eparses, Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, et la Polynésie Française. Les enjeux pour la France sont importants : 90% de sa biodiversité se situent dans ses territoires d’outre-mer, et c’est le seul pays au monde à posséder des récifs coralliens dans trois océans de la planète.
PAS DE COMITÉ LOCAL À SAINT-MARTIN
Collectivité d’Outre-mer, Saint-Martin fait là encore figure d’exception : elle est la seule collectivité française d’outre-mer à ne pas posséder de comité local IFRECOR, faute d’une réelle volontépolitique marquée pour cette cause... Pour Nicolas Maslach, directeur de la Réserve Naturelle de Saint-Martin, et son équipe, notamment Julien Chalifour, responsable du pôle « Missions et suivis scientifiques », la venue à Saint-Martin du comité national revêt une importance capitale eu égard au retour d’expérience vécu suite au passage de l’ouragan Irma et de ses conséquences sur la biodiversité locale : « Dès le lendemain du 6 septembre 2017, nous avons défendu la position de tenir la prochaine réunion IFRECOR à Saint-Martin.
En effet, l’île présente un véritable cas pratique du rôle majeur joué par les récifs coralliens, les mangroves, les zones humides pour protéger les écosystèmes naturels, mais aussi les populations lors d’un événement climatique tel que Irma.
Après un « reset » forcé avec l’ouragan, nous avons mené de nombreuses études pour connaître comment se sont comportés ces écosystèmes naturels et nous sommes en mesure d’expliquer comment faire mieux que ce qui était avant, mettre en exergue de nouvelles méthodes d’appréhension de l’espace et la mise en place de nouvelles méthodologies de développement », indique Nicolas Maslach qui prône la Méthode MERCI-Cor (Méthode pour Évaluer, Réduire et Compenser les Impacts en zones Coralliennes), afin de mieux comprendre, anticiper et réduire les effets des aménagements sur la biodiversité.
Les élèves de la classe Aire Marine Educative de Quartier d’Orléans, ont exposé brillamment leurs travaux, sous le regard bienveillant de leur enseignante, Jessica Sabas.
FAIRE RIMER ÉCOLOGIE AVEC ÉCONOMIE
En d’autres termes, une méthode qui consiste à intégrer l’environnement et sa sauvegarde avec les systèmes de développement économique. Des logiques qui sont trop souvent en contradiction. Pour autant, la valeur économique des systèmes coralliens serait estimée à environ 1 milliard d'euros pour l’outre-mer, dont 280 millions d’euros générés par le tourisme bleu.
La pêche dont le développement est permis grâce à la protection des nurseries dans les mangroves notamment, représente environ 180 millions d’euros. Protéger les populations des inondations ou autres aléas climatiques représenterait quelque 470 millions d’euros. Enfin, on estime que plusieurs dizaines de milliers de personnes dans les Outre-mer français puisent leur activité économique grâce aux récifs coralliens. D’où l’enjeu majeur de les protéger.
Toutefois, on estime qu’au niveau mondial 20% des récifs coralliens sont détruits et 30% supplémentaires seraient en voie de disparaître, la conséquence directe de la pollution en mer et du réchauffement climatique.
Placée sous la coprésidence des ministres chargés respectivement de l’environnement et des Outre-mer, le comité national IFRECOR réunit 38 membres, dont des représentants des ministères, d’organismes scientifiques, des socioprofessionnels, des ONG et des représentants des comités locaux d’outre-mer. Saint-Martin sera au cœur de toutes les attentions durant toute cette semaine.