Sargasses : La barge de ramassage en mer ne semble pas être pour l’heure opportune pour le territoire
La barge de ramassage des sargasses en mer construite à l’initiative de la société Sea Protect Caraïbes a été retrouvée échouée en ce début de semaine sur le rivage de Grand Case. Découragés par ce désagrément involontaire ou pas, et déconcertés par le peu d’engouement rencontré de la part des autorités locales pour leur solution de ramassage des sargasses en mer, les opérateurs envisagent de proposer leurs services à un autre territoire également impacté par le fléau des échouements.
Arrivée fin novembre sur le territoire, la barge conçue par une société privée pour le ramassage en mer des algues brunes s’était ces derniers jours dirigée pour se mettre au mouillage dans la baie de Grand Case après être restée quelque temps dans un chantier naval de Sandy Ground. Une première étape avant de rejoindre la baie de Cul de Sac où les opérateurs voulaient se tenir prêts à intervenir dès les premières arrivées des radeaux attendus dès les mois d’avril, mai prochains. Le préalable étant toutefois d’avoir remporté le marché public qui sera lancé courant de ce mois par la Collectivité. Cependant, mardi soir, Karine Schmidt, gérante de la société Sea Protect Caraïbes propriétaire de la barge, a été appelée en urgence : la barge était à la dérive et s’orientait dangereusement vers le rivage de Grand Case, où elle a fini par s’échouer. Fort heureusement sur le sable et non pas sur des rochers, entrainant peu de dommages sur l’embarcation.
SELON LA GENDARMERIE CE DÉCROCHAGE AURAIT ÉTÉ PROVOQUÉ PAR LA HOULE
« Aucune plainte n’a pour l’heure été déposée » nous informait le lieutenant-colonel Wintzer de la gendarmerie de Saint-Martin, que la conviction intime faisait cependant pencher pour la thèse du décrochage de la barge par les effets de la houle et non par celle d’un acte malveillant. Néanmoins, Karine Schmidt qui penche quant à elle plus pour un acte de sabotage, nous avouait le découragement de toute son équipe face à cette infortune, d’autant que leur projet de participer au ramassage des sargasses sur le territoire en apportant cette solution ne semble pas rencontrer l’engouement escompté : « Nous avons l’impression de ne pas être les bienvenus avec notre barge ! Jusqu’à mercredi, aucune personne de la Collectivité ou de l’Etat que nous avons sollicitée n’avait souhaité nous rencontrer. Nous avons finalement obtenu un rendez-vous pour la semaine prochaine avec le directeur du service environnement de la Collectivité, Laurent Guillaume. Et ce n’est qu’aujourd’hui que la barge s’est retrouvée échouée (mercredi, NDLR) que nous avons eu un appel de la sénatrice Annick Pétrus… Pour nous, il est clair que si Saint- Martin ne souhaite pas utiliser notre barge pour ramasser les sargasses en mer, nous proposerons nos services ailleurs, à Saint-Barth par exemple, où les interlocuteurs semblent être plus à l’écoute », nous confiait Karine Schmidt.
POUR LES SERVICES DE LA COLLECTIVITÉ, CETTE SOLUTION N’EST PAS ADAPTÉE
Contacté, Laurent Guillaume, le directeur du service de l’environnement de la Collectivité qui a la charge du ramassage des sargasses, nous confirmait recevoir dans les prochains jours les opérateurs de la barge. Il indiquait cependant que cette solution apportée par la société Sea Protect Caraïbes, n’est pas pour l’heure pertinente pour le territoire : « Ce n’est pas une solution technique que l’on retient pour l’instant, la configuration de chaque site impacté est différente (trait de côte, exposition aux courants, accessibilité des points de ramassage à terre, etc...) et il y a des limites dans les conditions d’exploitation d’une barge de ramassage en temps de forte mer et de houle, mais également en termes de coûts, de rendements, etc. », expliquait Laurent Guillaume qui reprécisait que le marché public prêt à être lancé courant de ce mois a redéfini dans son cahier des charges les conditions et moyens techniques à prévoir pour ramasser les sargasses à terre. Le marché va toutefois prévoir la possibilité de répondre à une variante technique, pour laquelle le soumissionnaire devra expliciter de façon précise et technique les conditions d’exploitation et les coûts de cette variante. Le marché sera opérationnel fin avril prochain. La Société Sea Protect Caraïbes pourrait, si elle le souhaite, soumissionner pour cette variante technique.
D’ABORD DES FILETS DE DÉVIATION ET RÉFLEXION POUR LA SUITE…
Le directeur de l’environnement rappelait par ailleurs que la Collectivité et l’Etat, à l’occasion de l’installation du comité de pilotage en septembre dernier, avaient annoncé à titre expérimental et pour une première réponse immédiate au fléau, la pose de filets de barrage en amont des baies de Cul de Sac et de l’Embouchure. A Cul de Sac, l’objectif étant de sanctuariser la baie, notamment au niveau de l’embarcadère afin de protéger l’activité de Pinel et des passeurs. Concernant la Baie de l’Embouchure, il s’agit là de protéger la mangrove de l’Etang aux Poissons. Les filets de barrages qui devraient être installés d’ici fin avril redirigeront les algues brunes vers des points de collecte à terre, qui impactent le moins possible les résidents. « Nous en sommes à cette première étape et nous lançons parallèlement une étude de faisabilité pour déterminer s’il est opportun de prévoir à la suite un ramassage en amont des sargasses en mer ». Arrivée sans doute trop tôt, et peut-être sans avoir mené en amont une réflexion avec les services concernés de la Collectivité et de l’Etat, la barge qui semblait pourtant être apportée sur un plateau pour participer à endiguer le fléau des algues brunes sur le territoire, pourrait bien partir voguer et travailler vers d’autres eaux…