Sargasses : quand la nature reprend ses droits
Par Ann Bouard
29 September 2021
Les riverains ou les habitués de l’embarcadère de Cul de Sac ont sans nul doute remarqué une avancée importante de la mer depuis quelques jours. L’eau a grignoté entre 15 à 20 mètres, à tel point que les poteaux électriques, à l’origine sur le parking, semblent désormais être naufragés sur leur ilot de béton. Explication d’un phénomène né de l’action de la nature et de celle de l’homme.
La nature a mis plusieurs millions d’années pour façonner les mille milliards de milliards de grains de sable qu’il y a sur terre. Mais depuis plusieurs années, il y a de moins en moins de sable qui se dépose sur le littoral et de plus en plus qui repart à la mer. En effet, à cause du réchauffement climatique, le niveau des océans augmente, les tempêtes se font plus fréquentes et plus violentes … et la physionomie des paysages change.
Va et vient naturel
C’est ce qui s’est déjà produit lors du passage d’Irma. Ses effets ont fatalement bouleversé l’aspect de la mer que ce soit en zones côtières où sous-marines. Le cyclone a en effet intensifié la circulation des sédiments et cela va mettre plusieurs année à se résorber. De plus à Cul de Sac le parking a été construit artificiellement. Du sable a été prélevé un peu plus loin en mer pour constituer cette avancée sur la mer, ce que l’on appelle une zone de remblai. Mais ces prélèvements ont créé un creux, et la nature a horreur du vide. Quand l’homme, ou un phénomène naturel comme un cyclone, crée un vide, inévitablement la mer va prendre du sable pour le combler … à proximité immédiate ou en amont du courant parfois là où au contraire des monticules se sont formés. C’est le phénomène que l’on constate actuellement sur Cul de Sac.
Autre facteur, les sargasses qui contribuent elles aussi à cette érosion. En s’agglutinant en bord de mer, elles forment un tapis compact sur lequel le sable vient se déposer. Avec la houle, le tapis peut glisser d’un seul coup et repartir à la mer emportant une quantité importante de sable.
Ces deux dynamiques naturelles se conjuguent désormais chaque année avec l’action mécanique, cette fois humaine, de la collecte des sargasses qui enlève du sable en même temps que les algues sur cette zone artificielle. Ce sont donc ces trois facteurs, des mouvements par la mer et par la terre, qui engendrent cette montée des eaux à Cul de Sac.
Autre facteur, les sargasses qui contribuent elles aussi à cette érosion. En s’agglutinant en bord de mer, elles forment un tapis compact sur lequel le sable vient se déposer. Avec la houle, le tapis peut glisser d’un seul coup et repartir à la mer emportant une quantité importante de sable.
Ces deux dynamiques naturelles se conjuguent désormais chaque année avec l’action mécanique, cette fois humaine, de la collecte des sargasses qui enlève du sable en même temps que les algues sur cette zone artificielle. Ce sont donc ces trois facteurs, des mouvements par la mer et par la terre, qui engendrent cette montée des eaux à Cul de Sac.
La végétation comme remède
Sur tout littoral sableux sans végétation , le sables est amené à disparaître. Si rien n’est fait, à Saint-Martin la mer va se rapprocher de plus en plus des zones d’habitations. C’est le cas déjà à Cul de Sac mais aussi à Anse Marcel et sur bien d’autres plages bientôt. La construction de murs n’enraye aucunement le phénomène, bien au contraire. Seule la végétation a un effet salvateur et contribue à retenir le sable … d’où la nécessité de contribuer par exemple au retour de dunes végétalisées, comme actuellement sur la plage de la Baie Orientale. Historiquement, cette dune existait et des raisiniers s’épanouissaient tout le long de cette plage dont l’aspect a changé au cours des vingt dernières années. Il faut donc anticiper pour limiter les dégâts et faire mieux à l’avenir en laissant la nature reprendre ses droits le plus souvent possible.
Ann Bouard