Une seconde séance publique tendue qui a fini par être annulée
Prévue par les textes réglementaires, la programmation de cette seconde réunion publique avait été en amont largement communiquée et relayée par les médias locaux ainsi que les réseaux sociaux, contrairement à la première séance tenue le 9 avril dernier, qui n’avait été divulguée que par le biais d’une annonce légale. En conséquence, cette matinée de mardi dernier, un public venu très nombreux investissait la grande salle de la CCISM, qui restait néanmoins trop exigüe pour accueillir tout le monde. Et nombreuses étaient les personnes qui se retrouvaient debout, agglutinées au fond de la salle.
Elie Razon, responsable du Pôle Risques Naturels de la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL), en charge de l’élaboration de ce nouveau PPRN, a démarré son exposé très technique et en français. La tension a commencé à monter très vite dans la salle, la population ayant d’une part des difficultés à entendre ce qui était dit, et d’autre part à comprendre la technicité de l’exposé.
Un homme qui était dans le public s’est approché de l’estrade et s’est emparé du micro. S’exprimant en anglais, il a annoncé que les conditions n’étaient pas réunies pour tenir cette réunion d’information sur le nouveau PPRN, d’une importance capitale pour la population locale : mauvaise sonorité, inconfort du public tenu debout faute de places assises, des termes techniques exposés en français… Il demandait qu’une prochaine réunion soit organisée dans un espace suffisant pour accueillir tout le public, et que l’exposé soit réalisé dans des termes plus pédagogiques et dans les deux langues pratiquées à Saint-Martin, en anglais et en français. Il invitait tout le public à sortir de la salle. Le public suivait ces recommandations et se levait pour quitter la salle. S’en est suivi un important cafouillis, au coeur duquel le débat sur la pratique du bilinguisme à Saint-Martin, spécificité pourtant reconnue par l’Etat, certes depuis peu.
La présidente de la CCISM, Angèle Dormoy, nous confiait de son côté l’aspect maladroit de la présentation de cette séance publique, formulée en français, et qui ne tient pas compte de la dimension socio-économique et humaine dans la présentation de ce PPRN : « Le PPRN est un second Irma pour la population qui ne connaît pas encore quelles vont en être ses conséquences. Il faut comprendre l’inquiétude de certains, qui sont installés depuis des décennies sur des terrains proches du littoral…
L’Etat ne peut pas dire tout d’un coup : « on va faire comme ça et pas autrement » ! Il faut expliquer de façon pédagogique et dans une langue compréhensible par le plus grand nombre ce qui est en préparation et également faire une évaluation économique et sociale des conséquences de ce PPRN ».
Le 4e vice-président de la collectivité, en charge du pôle développement durable, Steven Patrick, nous indiquait que « ce ne sont pas des fonctionnaires de l’Etat qui depuis l’Hexagone vont nous dicter ce que nous avons à faire ». Et d’ajouter : « Dans ce dossier du PPRN, l’étape la plus importante consistera en sa validation ou non par la Collectivité ».
Du côté de l’Etat, le secrétaire général de la préfecture, Mickaël Doré, assurait avoir entendu les doléances exprimées par la population et promettait la réorganisation prochaine de cette seconde séance d’information dans un autre lieu plus adapté et en soirée, et non pas pendant les horaires de travail, et préparer l’exposé également en anglais. Pour l’heure, la programmation de cette nouvelle séance d’information n’est pas encore communiquée.
La réunion de mardi qui n’a pas eu lieu devait faire la présentation de nouvelles cartographies et de nouveaux zonages. Une troisième séance programmée pour le vendredi 10 mai, doit présenter le plan de zonage réglementaire et le règlement révisés pour l'aléa cyclonique.
Pour l’heure, nous ne sommes pas non plus en mesure d’informer si ce rendez-vous est maintenu.
Le public est resté ensuite devant l'entrée de la CCISM, et chacun y allait de ses commentaires.
Vers 9h30, la salle entière s'est agitée et le public s'est orienté vers la sortie.