Manuel Valls nommé ministre des Outre-mer : un nouveau défi pour la politique ultramarine
Manuel Valls a été nommé ministre d’État chargé des Outre-mer dans le nouveau gouvernement de François Bayrou, lundi 23 décembre 2024. Une nomination surprise pour l’ancien premier ministre après des années loin du pouvoir.
Né à Barcelone il y a 62 ans, il fut successivement élu régional d’Île-de-France, maire d’Évry, député, ministre de l’Intérieur et chef du gouvernement.
L’ancien député PS, rallié à Emmanuel Macron lors des présidentielles de 2017 et 2022, a même tenté une escapade espagnole en se présentant à la mairie de Barcelone en 2019, sans succès.
Manuel Valls explique qu’il « aime les défis et prendre des risques ». Selon lui « la vie, ce sont des réussites et surtout des échecs. On apprend aussi cela avec le recul nécessaire ». « Je suis là pour m’occuper de ces territoires ultramarins qui ont besoin d’un gouvernement totalement engagé, d’un État fort, d’une République partout», précise-t-il.
Les dossiers urgents ne vont pas manquer sur le bureau du nouveau ministre. Outre la catastrophe subie par Mayotte, les DOM-TOM font face à une multitude de défis, qu’ils soient économiques (coût de la vie, taux de chômage), sociaux (violence, insécurité, inégalités sociales), environnementaux (changement climatique) ou politiques (autonomie et indépendance).
« Mayotte sera notre urgence et notre priorité »
« Mes premiers mots sont pour Mayotte et pour les Mahorais. Nous pensons aux victimes. Mayotte sera notre urgence et notre priorité », a promis le ministre lors de la passation de pouvoir avec son prédécesseur, assurant qu’il s’y rendrait « avec le Premier ministre le plus vite possible ».
« Tout le gouvernement est engagé depuis plusieurs jours pour répondre à la détresse de ceux et celles qui ont subi la violence de ce cyclone. Et je n’ignore rien de la colère, de la peur, du sentiment d’abandon et de l’angoisse de nos compatriotes mahorais, des familles et des enfants », a-t-il ajouté.
Les outre-mer, « un atout pour la France »
Selon Manuel Valls, « peu de personnes (…) mesurent ce que sont réellement nos outre-mer ».
« C’est vrai que c’est là-bas que les cris sont les plus durs, que les vulnérabilités de tout ordre sont les plus présentes et que les relations sont les plus complexes à construire, avec ce sentiment qu’on ne s’occupe pas d’eux et qu’ils sont abandonnés », a estimé le ministre des Outre-mer.
« En l’absence de cyclones ou d’émeutes pour faire parler d’eux, ces territoires d’outre-mer retombent dans l’oubli. Cela doit changer », a affirmé Manuel Valls. « Ils représentent un défi magnifique, et cela grâce à leur culture, à leur diversité, à leurs origines, aux pages sombres, mais glorieuses aussi entre la métropole et ces territoires ».
Frantz Gumbs, député de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, s’est exprimé sur ses réseaux sociaux :
« À mes yeux, l’absence de gouvernement est le pire des scénarios, car elle paralyse toute prise de décision significative.
Or, la France, dans son ensemble et les territoires d’Outre-mer, en particulier, n’ont pas le luxe d’attendre que les jeux politiques parisiens se dénouent, alors que les urgences s’accumulent.
Pour les outre-mer, nous avons Manuel Valls, une figure politique de premier plan, et ministre d’État de surcroît — un statut qui pourrait bien témoigner d’une attention renouvelée envers ces territoires.
Je l’invite donc naturellement à se pencher en priorité sur la situation à Mayotte et, dès le début du mois de janvier, à rencontrer les parlementaires ultramarins. Je lui souhaite sincèrement la bienvenue, en espérant qu’il saura écouter cette France éloignée, mais ô combien essentielle ».