Orientations budgétaires : rigueur et optimisation des dépenses

Le conseil territorial de mercredi abordait un point majeur dans un contexte tendu, les orientations budgétaires 2025. La Chambre Territoriale des Comptes (CTC) ayant rendu son rapport définitif sur la situation financière de la Collectivité, jugée préoccupante, les débats ont été animés entre élus de la majorité et membres de l’opposition.
Le débat d’orientations budgétaires détermine les principaux éléments du projet de budget de l’année, sans toutefois préfigurer du budget lui-même, qui devrait être abordé d’ici la fin du mois. Les élus devaient donc prendre en considération l’état des comptes actuels, le contexte économique et social, et les projets qui doivent être menés à terme. Lors de son discours introductif, le Président, prenant acte du rapport d’observations définitives rendu le 23 janvier dernier par la CTC, a tenu à répondre aux manquements pointés par l’institution.
la cour des comptes dans l’erreur ?
La CTC pointait essentiellement 4 défaillances financières et administratives, dont des insuffisances comptables, l’absence d’un inventaire des biens de la Collectivité, des provisions pour litiges non inscrites, des comptes d’attente nécessitant des affectations, etc. Louis Mussington reconnaît que cela est préoccupant, mais pas nouveau, et a indiqué avoir pris ces observations comme un levier d’amélioration de la gestion publique. La Collectivité a investi dans de nouveaux logiciels de gestion, envisage de procéder à un audit des amortissements pour mieux évaluer ses actifs, ce qui n’avait jamais été fait et pris des mesures correctives pour que chaque dépense soit bien affectée.
Cependant, pour le Président, les chiffres avancés par la CTC ne correspondent pas à la réalité notamment en matière d’investissement. « La Collectivité n’est capable de piloter que 20 M€ » souligne la CTC or les dépenses sont estimées à 68,1 M€. Pour le Président, avec les cofinancements de l’État et de l’Europe, la part de la COM serait de l’ordre de «30 M€ à financer par l’autofinancement et l’emprunt ». Il convient cependant que, si l’épargne brute était positive en 2023, ce n’est plus le cas en 2024.
Dépenses excessives et rigueur nécessaire
Autres points, la progression spectaculaire des charges de personnel et bien entendu le rachat d’Air Antilles. Louis Mussington a rappelé que sa mandature avait joué un rôle d’amortisseur social en embauchant des jeunes, en assurant leur formation pour gérer les actions mises en place comme la gestion des déchets, des sargasses, le nettoyage de la voirie… Pour la compagnie aérienne, l’infrastructure est vitale pour le Président, mais pour la CTC elle constitue un risque financier important et surtout a été possible en déprogrammant des investissements structurants.
« Nous sommes à un tournant budgétaire et la situation nécessite vigilance et adaptation » a reconnu le Président, « mais nous avons les outils et la volonté pour redresser nos finances sans freiner le développement du territoire ». Ce sera à la nouvelle directrice des services, Natacha Pétrine, de maîtriser les finances publiques et de redéfinir le fonctionnement interne de la Collectivité et de ses services, chaque euro dépensé devant être justifié et orienté vers des projets de proximité. Dure tâche à laquelle ses prédécesseurs se sont essayés avec les conséquences que l’on connaît.
L’opposition vent debout
Le rapport résume les remarques faites par l’opposition, qui n’a eu de cesse d’alerter sur la fiabilité et la régularité des comptes. Elle avait par ailleurs signalé l’explosion de la masse salariale avec l’embauche de près de 300 personnes, dont 250 contractuels entre 2023 et 2024. Philippe Philidor (team Gibbs) rappelant les propos du Président en 2023 « nous avons les moyens de nos ambitions », s’est inquiété de la « dégradation spectaculaire et inquiétante de la situation financière » et redoute que ce soit aux résidents de payer le prix de cette gestion. La majorité a cependant indiqué ne pas envisager d’augmentation des impôts ou des taxes.
La sénatrice l’a admis, « les faits sont là, les experts le disent et la minorité n’a pas cessé d’alerter, on ne peut dire le contraire ». Mais, il s’agit désormais de « donner des réponses aux recommandations de la CTC, car ce sont ses réponses qui vont nous permettre d’avancer » a-t-elle conclu. Louis Mussington l’a admis lui aussi, des erreurs de gestion ont été faites, il faut aujourd’hui redresser la barre. Les deux prochaines années seront donc « définies par la rigueur et l’optimisation pour un avenir plus serein ». À suivre dans nos prochaines éditions, les projets qui seront soutenus et les baisses qui immanquablement vont toucher certains secteurs.
