Quelle place pour les outre-mer dans le futur échiquier politique ?
François Bayrou a exprimé à plusieurs reprises par le passé sa vision pour les outre-mer. Il considère ces territoires comme une "grande chance pour la France" et souligne l'importance de leur développement économique et social. Les coupes budgétaires annoncées dans le projet de loi des finances 2025 risquent cependant de ternir ce discours teinté d’optimisme.
L’instabilité gouvernementale survient à un moment charnière pour les territoires ultramarins français dont plusieurs grands dossiers sont en attente. Alors que la dotation était de 2,5 milliards d'euros en 2024, le nouveau projet de loi prévoit une coupe de 7 %, ramenant l'enveloppe à environ 2,3 milliards d'euros. Cette réduction pourrait affecter plusieurs secteurs essentiels : l'éducation, la santé, le logement et les infrastructures.
Des dossiers majeurs en attente de solutions
Le coût de la vie en Outre-mer reste un problème criant, notamment sur les produits de première nécessité parfois jusqu'à 30 % plus chers qu'en métropole, voire plus pour certains territoires. Plusieurs mesures étaient en discussion pour renforcer le "bouclier qualité-prix" (BQP), mais la baisse du budget pourrait limiter leur mise en œuvre. Sans soutien supplémentaire, les familles les plus vulnérables risquent de voir leur pouvoir d'achat s'éroder davantage.
Les établissements de santé souffrent d'un manque chronique de moyens humains et matériels. Des projets de modernisation et de recrutement sont en attente pour améliorer l'offre de soins sur l’ensemble des territoires. Une réduction budgétaire pourrait repousser ces améliorations indispensables et accentuer les difficultés d'accès aux soins.
Les taux de décrochage scolaire en outre-mer sont parmi les plus élevés de France. Des dispositifs d'accompagnement spécifiques étaient à l'étude pour renforcer l'éducation dans ces territoires. La réduction budgétaire pourrait ralentir ou annuler ces dispositifs, fragilisant encore davantage l'avenir des jeunes ultramarins.
Enfin les besoins en logements sociaux sont énormes. Sur ce dernier point, cependant, la Collectivité, qui a la compétence logement et habitat, a d’ores et déjà signé plusieurs conventions pour lutter contre l’habitat indigne et faire l’inventaire de son parc privé entre autres. Saint-Martin sera aidé par l’État sur ce point, mais devra aussi mettre la main à la poche et là encore tout est question de budget.
Conséquences économiques et sociales
Les économies locales, souvent dépendantes des investissements publics, pourraient souffrir du manque de soutien de l’État. L'emploi, notamment dans les secteurs de la construction et de l'éducation, pourrait être directement impacté.
Face à ces défis, le nouveau gouvernement devra clarifier rapidement sa politique pour les outre-mer. Des arbitrages budgétaires seront déterminants pour savoir si les besoins des territoires ultramarins seront pris en compte ou si les coupes budgétaires prévaudront.