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Météo-france : des prévisions pessimistes

Par Diane Pezeron-Dubois
09 April 2024

Météo-France a publié le vendredi 5 avril la première tendance de la saison cyclonique 2024 concernant le bassin atlantique. La saison sera intense. 

Ce vendredi 5 avril, Météo-France a publié sa première prévision pour le bassin atlantique nord. Selon elle, la saison 2024 sera plus active que la normale avec, en moyenne, 22 cyclones nommés, 10 ouragans et 4 ouragans majeurs. Une nette augmentation si l’on se réfère à la période 1991- 2020, où les normales de saison indiquaient 14 cyclones nommés, 7 ouragans et 3 ouragans majeurs. «Ces premières prévisions d’activités cycloniques pour 2024 font état d’une activité très nettement supérieure à la normale, et ce sont les prévisions les plus pessimistes depuis l’établissement de ce bulletin », peut-on lire.

Pour ce faire, Météo-France a analysé les prévisions cycloniques publiées par différents centres internationaux. Parmi eux, le Centre Européen de Prévisions prévoit 5 à 6 systèmes de plus que la moyenne calculée sur les 30 dernières années, jusqu’au mois de septembre inclus. L’Université du Colorado a quant à elle publié jeudi 4 avril ses traditionnelles prévisions pour la saison cyclonique, annonçant une saison ayant une activité très supérieure à la normale. Le DR Phil Klotzbach, spécialiste au sein de l’Université a annoncé 23 tempêtes tropicales, 11 ouragans et 5 ouragans majeurs.

UNE PREMIERE TENDANCE QUI PEUT EVOLUER

Face à ses annonces qui pourraient en inquiéter plus d’un, Météo-France affirme qu’il «s’agit de la première tendance pour 2024, qui s’accompagne donc d’une grande incertitude », rappelant ainsi qu’il est prématuré de parler de prévisions en tant que telles. Les trajectoires possibles des phénomènes sur le bassin atlantique ne sont également pas encore connues.

« Si l’on regarde les années passées, il n’y a pas de relation forte entre le nombre de cyclones nommés sur l’ensemble du bassin et les impacts sur l’arc Antillais », peut-on lire sur le bulletin. Selon Météo France, La préparation pour la saison cyclonique et le suivi doivent être identiques quelle que soit l’activité prévue pour la saison surtout pour les populations côtières et îliennes. «Il faut garder en mémoire que l’incertitude des prévisions saisonnières est encore plus importante pour une petite île donnée et qu’un seul cyclone suffit pour impacter fortement un territoire», rappelle Météo-France.

 LA NIÑA, NOUVEAU FACTEUR CYCLONIQUE

Mais alors, comment expliquer ces prévisions ? Selon la publication, le scénario le plus probable est une bascule vers la phase «La Niña» au cours de la saison cyclonique 2024. Interrogé par nos soins, Thierry Jimonet, chef de service Météo-France Guadeloupe l’explique : «Nous savons que des facteurs accentuent la situation, à savoir, la température de l’océan qui est particulièrement élevée et le phénomène «La Niña», qui favorise l’activité cyclonique », poursuit- il.

Pour rappel, la phase «El Niño», un phénomène climatique qui entraîne une hausse généralisée des températures et qui favorise des épisodes météorologiques extrêmes est en place depuis mai 2023. Aujourd’hui, une baisse d’intensité progressive de cette phase est observée, «El Niño» semble se résorber et pourrait laisser place au phénomène La Niña ; à l’inverse, ce phénomène se caractérise par un refroidissement des eaux qui entraîne une baisse des températures. «La Niña» a également tendance à couper le cisaillement des vents d’altitude, qui généralement ralentissent l’organisation des phénomènes cycloniques.

S’ajoute à ce phénomène la température de l’océan atlantique qui est actuellement, en moyenne, plus chaude que la normale. Une température supérieure qui est également prévue pour les prochains mois, en juillet et septembre, en particulier sur la bande tropicale incluant l’arc antillais. Face à ces deux contributeurs principaux à l’activité sur le bassin atlantique, Météo-France l’annonce : «Quelle que soit l’activité prévue des saisons cycloniques, il est recommandé de se préparer ». Cette recommandation est donc encore plus avérée en 2024 qui s’annonce active ».

Diane Pezeron-Dubois