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Sécurité : Bilan et perspectives de la gendarmerie

Par Ann Bouard
11 January 2019
Lundi dernier, le lieutenant-colonel Sébastien Manzoni et le capitaine Thierry Verres, commandant en second, présentaient le plan d’actions de lutte contre la délinquance et les grandes orientations de la gendarmerie pour 2019.

En préambule, le bilan est jugé positif pour l’année écoulée. En effet, globalement, la sécurité à Saint-Martin et à Saint-Barthélemy s’est assainie au cours des trois dernières années, avec une baisse sensible des violences les plus graves comme les vols à mains armés et les faits crapuleux, ou plus courantes comme les trafics et bagarres dans les établissements scolaires. Seuls points noirs encore au tableau, les vols de voiture et le comportement sur les routes des conducteurs de deux-roues.

UN VOL DE VOITURE PAR JOUR EN 2018

Les vols de véhicules n’ont jamais été aussi nombreux, à tel point qu’en terme de chiffres Saint-Martin dépasse en 2018 allégrement la Guadeloupe. Une aberration pour un territoire aussi petit, que les gendarmes entendent bien enrayer en menant une campagne de sensibilisation pour amener les acquéreurs à être plus responsables et plus vigilants. Il suffit en effet d’avoir quelques réflexes simples lors de l’achat pour s’assurer de l’origine du véhicule, d’autant plus si celui-ci provient de la partie hollandaise où le trafic est très organisé. Des flyers distribués à la population indiqueront les vérifications d’usage nécessaires pour éviter d’être accusé de recel de vol. Les véhicules volés sont rarement retrouvés, les investigations étant complexes dues au fait de la différence entre les bases de données et les immatriculations entre les deux parties de l’ile. Il y a des pistes pour des améliorations possibles mais celles-ci restent dépendantes de la volonté des services de l’état, des deux côtés de l’île.

SÉCURITÉ ROUTIÈRE : LE PROBLÈME DES DEUX ROUES

Le répressif ne fonctionnant pas, la gendarmerie va accentuer les actions de prévention, notamment par le biais de sa brigade motorisée qui va poursuivre la sensibilisation dans les écoles ou en collaboration avec les associations. La mise en place d’activités encadrées pour les deux roues est actuellement à l’étude avec AMAN (association moto action du nord). « Il y a un travail sur les comportements à faire, c’est un vaste chantier, mais il faut être ambitieux » affirme le lieutenant-colonel Manzoni, rappelant que les trois décès constatés sur les routes en 2018 étaient une fois encore des conducteurs de scooters. 

UNE MEILLEURE COLLABORATION ENTRE LES DEUX PARTIES

Très attaché, à la collaboration entre les deux parties de l’ile, qui contribue d’ores et déjà à la baisse de la criminalité, le commandant Manzoni entend bien l’améliorer sur l’année à venir avec notamment la création d’un CCPD (Centre de Coopération de Police Douanière). Même si cette unité sera complexe à mettre en place du fait qu’elle se déploie hors espace Schengen, elle marquera une véritable avancée entre les services de l’ordre de la France et des Pays-Bas. 

UNE PARTICIPATION CITOYENNE

Pour être plus proche de la population et pouvoir adapter ses interventions en fonction des quartiers et des besoins, la gendarmerie va instaurer en 2019 la signature de convention avec les conseils de quartier. Hier était signée la première avec le conseil de quartier N°3. Les autres devraient suivre au cours de l’année, avec des objectifs bien précis sur lesquels nous reviendront dans notre prochaine édition.


 JESSICA IORIO, NOUVELLE INTERVENANTE SOCIALE DE LA GENDARMERIE 
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Il y a deux ans, le commandant Manzoni avait réussi à convaincre les autorités d’affecter une psychologue à temps complet à la gendarmerie, une première pour le territoire. La chose est désormais acquise et le contrat renouvelé chaque année grâce au co-financement de l’État et de la Collectivité, et la participation de l’association Les Liaisons Dangereuses en charge du recrutement. Ces civiles, urgentistes de l’action sociale au profit de la population hors champs pénal, héritent de tous les cas que ne peuvent prendre en charge les gendarmes, à savoir l’aide aux victimes lorsqu’il n’y a pas d’infraction constatée, bien souvent dans une grande détresse sociale. Après Priscillia Gazon, première intervenante sociale détachée auprès de la gendarmerie qui a terminé sa mission d’un an, c’est Jessica Iorio qui prend le relais depuis le début de l’année. Psychologue clinicienne, spécialisée en psycho-criminologie, elle a effectué un début de carrière au service des auteurs de délits, notamment en Martinique dans les services pénitenciers. Depuis deux ans elle se consacre désormais aux victimes. Elle s’est d’ores et déjà rodée aux spécificités du tissu social de l’île, en officiant pendant un an au sein de l'association Trait d'Union pour l’aide aux victimes après Irma. Pour cette nouvelle mission, elle entend mettre en place un réel service d’écoute, d’information, de médiation et d’accompagnement afin de contribuer à la protection des personnes vulnérables. Jessica Iorio sera basée dans un premier temps à la gendarmerie de Marigot et devrait, à terme, être en alternance dans les nouveaux locaux du secteur de Hope Estate. 
Ann Bouard