Skip to main content

Conflit SAUR : une situation complexe non résolue

Par Ann Bouard
27 December 2024

La grève des agents de la SAUR orchestrée depuis la Guadeloupe par le syndicat UGTG, touche la Guadeloupe, la Martinique et Saint-Martin avec une différence de taille : seul les Saint-Martinois ne sont plus alimentés en eau depuis le 23 décembre.

Pris en otages, les habitants et visiteurs ont passé le réveillon sans eau et la situation perdurait encore hier. Hormis d’avoir gâché les fêtes de Noël de nombreuses personnes, cette crise a des conséquences sanitaires, humaines et économiques graves.

Instrumentalisation de la Guadeloupe

Marie-Luce Resident, déléguée syndicale UGTG informait le directeur territorial de la SAUR de la volonté de « nombreux salariés »  de cesser le travail dans le cadre d’un appel à mobilisation. L’union générale des travailleurs de Guadeloupe revendique de meilleures conditions de travail, une réorganisation des services, et des fiches de postes et affectations des salariés sur les contrats en DSP. Pour Saint-Martin les revendications portent uniquement sur la prime de départ à la retraire d’une agente et sur le litige de la prime d’ancienneté de 7 agents (voir édition de mardi) et ne sont pas prioritaires dans les négociations menées en Guadeloupe. La réunion du 24 décembre ayant été suspendue, sans avancée notable, les deux points étaient reportés à l’ordre du jour de la réunion d’hier. Par ailleurs, les représentants de l'UGTG  feront le déplacement  à Saint-Martin aujourd'hui.

Conflit social et action de sabotage

Le Président, les élus, la présidente de la CCISM Angèle Dormoy, n’ont pas ménagé leurs efforts pour tenter de faire entendre raison aux grévistes. Leurs revendications concernant leurs primes d’ancienneté sont légitimes, mais ce qui l’est moins c’est la subtilisation des boîtiers basse pression qui permettent de remettre en route les lignes de production.  À force de dialogue, Louis Mussington a convaincu les 7 grévistes de restituer un boîtier pour permettre une remise en eau le jour de Noël sur la ligne qui dessert l’hôpital et l’EHPAD.  Cette unité produit 3200m2, soit seulement la moitié des besoins.

Le Préfet s’est lui aussi rendu sur le piquet de grève dès mardi pour tenter de les raisonner. Lors de la conférence de presse qu’il tenait hier, il a précisé la position de l’État en séparant bien le conflit social de l’action de sabotage. Pour Vincent Berton, l’urgence est de redémarrer les deux unités de production à l’arrêt. La Saur est en contact avec des pays disposant d’usines similaires pour se procurer les fameux boîtiers dans l’hypothèse ou le conflit perdurerait. 

Conséquences économiques et judiciaires

Jeudi matin, à la demande du procureur de Basse Terre, la gendarmerie a procédé aux constations dans l’enceinte de l’usine. Aucune dégradation n’a été constatée hormis la disparition des 3 boîtiers. Par ailleurs 17 usagers ont déposé plainte auprès de la gendarmerie. Le procureur décidera de la suite à donner quant aux poursuites.

Après 48h sans eau potable dans la majorité des secteurs, la Collectivité met en demeure son délégataire SAUR pour non-exécution du service public pour lequel il est sous contrat, et lui demande de faire tout ce qui est en son pouvoir pour trouver une issue favorable et redémarrer  la production et distribution d’eau. Le préfet en appelle, à la responsabilité, au calme, et à limiter la consommation pour ceux qui sont alimentés. Un arrêté préfectoral interdit l’usage non essentiel (arrosage, remplissage des piscines, lavage des voitures). 

Les socio-professionnels étaient reçus hier à la Préfecture pour faire le point sur la situation économique alors que nous sommes au pic de la saison touristique avec des conséquences immédiates sur les revenus de l’île, l’emploi, les recettes de la Collectivité et l’image de la destination.

À l’heure où nous mettions en page, seuls les quartiers de Marigot, Concordia, Friar’s Bay, Rambaud et Morne Valois étaient à nouveau approvisionnés. 

Ann Bouard