Heineken Regatta : dans les coulisses avec un passionné
Erwan le Normand avait 10 ans lorsqu’il a participé à sa première course. Le 29 février prochain, l’homme de 44 ans participera pour la 8ème fois à la plus grande régate des caraïbes et fera partie des rares monocoques français en lice.
Sur son «MELGES 24 », petit habitacle exclusivement réservé à la course, celui pour qui la mer est une passion s’élancera avec le reste des compétiteurs venus d’une trentaine de pays pour l’incontournable Heineken Regatta organisée par le Sint Maarten yacht’s club.
Acheté en 2015, son bateau baptisé «French connexion» et sponsorisé par Caraïbes diesel a été légèrement abîmé durant Irma, ce qui l’a empêché de participer à l’édition 2018. En 2020 heureusement, la course a pu avoir lieu avant que le Covid n’arrive sur l’île.
Cette année, Erwan se dit prêt à rejoindre la compétition avec à bord, 1 skipper, et ses 4 membres d’équipage parmi lesquels un passionné venu tout droit des Etats-Unis, et ses deux fils de 9 et 15 ans.
LA COURSE, VUE DES COULISSES
Comment se passe une course de l’intérieur ? Une chose est sûre, rejoindre la ligne de départ chaque matin ne se fait pas sans un long travail de préparation. Il faut surveiller la météo, vérifier l’état du matériel et de l’accastillage, s’assurer que les voiles sont bien montées, et effectuer de petites réparations : «Sur le pont, on vérifie que les taquets sont en bon état avant de tout ranger et de mettre les voiles, explique-t-il. Ça nous sert un peu d’échauffement pendant 30 minutes. Il faut ensuite faire en sorte d’être le mieux placé sur la ligne et avoir établi une stratégie sur la manière d’attaquer le parcours».
Bien se placer, être le plus rapide possible, suivre le parcours, gérer les galères techniques qui peuvent rapidement mettre les nerfs à rude épreuve : «On doit faire face à de petits incidents, à des erreurs ou à de mauvaises options. Ça fait tout de suite monter le stress. Parfois, on se met en colère et ça peut crier, mais on essaie d’éviter. Il faut se pousser à fond pour être devant».
Les coureurs alternent entre plusieurs manches avec des pauses au milieu ou font le tour de l’île en 4h30, sous le soleil, au gré de la météo. Un exercice physiquement éprouvant donc puisqu’il s’agit de tenir dans la durée sans se déconcentrer. Pas de quoi se laisser aller à la fête le soir non plus. Il faut se rafraichir rapidement et se reposer pour la suite.
Le passage de Grand Case reste le plus difficile assure Erwan. Il faut naviguer au large du canal d’Anguilla en se méfiant du courant pour ne pas «planter» devant le rocher créole et se faire doubler. Le plus agréable en revanche, c’est la descente de Pinel jusqu’à la pointe blanche qui se fait en accélération : «On déboule à fond la caisse, c’est le pied», assure-t-il.
Contrairement à certains concurrents tendus et sous pression, le passionné choisit d’apprécier le côté convivial de la Heineken Regatta : «Lorsque l’on passe devant certains coureurs, ils le vivent comme un drame alors que je prends ça plus à la rigolade. Il n’y a pas beaucoup de Français en monocoque et j’ai l’un des rares bateaux à faire toutes les régates à l’année. J’ai déjà réussi à remporter quelques manches et j’espère un jour me rapprocher des premières marches, voire pourquoi pas la plus haute, mais toujours dans le fun.»