Interview de Gilles PETIT (Conseiller technique à la FFF pour la ligue de Saint-Martin) : "Pour la première fois, une jeune saint-martinoise a été sélectionnée pour suivre un stage à Clairefontaine"
Arrivé sur l’île il y a 25 ans, ce grand passionné qui a créé la Juventus de Saint-Martin oeuvre depuis 4 ans au développement de la pratique du football dans toute sa diversité de 7 à 77 ans.
Le 97150 : Quel est votre rôle au sein de la Fédération ?
Gilles Petit : En tant que conseiller technique, mon rôle est de mettre en place la politique technique fédérale de la FFF afin de développer le foot sur l’île. Cela passe par plusieurs axes : l’opération « Foot à l’école » dès le primaire, le foot féminin, le fit foot, le Futsal, le foot animation pour les enfants, le foot en marchant, etc. Nous avons ainsi créé une section sportive scolaire de foot mixte a quartier d'Orléans, ainsi que 2 centres de perfectionnement spécifiques (CPS) ouverts pendant les vacances scolaires. Au-delà des championnats, l’idée est de proposer des pratiques associées axées sur le plaisir pour ceux qui ne souhaitent pas faire de compétition. Aujourd’hui, nous sommes la première association sportive de Saint-Martin avec 1050 licenciés toutes catégories confondues. Notre objectif est donc de développer des dispositifs pour que ce sport soit accessible à tous.
Le 97150 : Où en est la pratique du football sur l’île ?
G.P : Saint-martin a toujours été une terre de football même si le championnat a connu des périodes plus actives que d’autres. Les effectifs au sein des équipes sont inégaux à cause des nombreux départs chez les 18-20 qui vont poursuivre leurs études en Métropole. Même chose avec les éducateurs et les bénévoles qui continuent leurs carrières dans l’Hexagone. Il y a aussi le problème des infrastructures qui ont été détruites par Irma. Par exemple, le terrain de Quartier d’Orléans offre une bonne surface mais n’a pas de tribune, et le terrain Jean-Louis Vanterpool est en terre battue et devient donc difficilement praticable au fil de l’année scolaire. Les 11 clubs sont ainsi contraints de se partager des créneaux horaires pour réussir à s’entrainer. On observe malgré cela un bel intérêt pour la pratique et certains quartiers connaissent même une vraie dynamique autour de leurs clubs respectifs.
Le 97150 : Comment se développe le football féminin sur l’île ?
G.P : La Fédération Française a fait du football féminin un axe prioritaire. Ainsi, plusieurs actions ont été menées en ce sens à Saint-Martin depuis 4 ans avec le concours du président de la ligue Aristide Conner, de son comité directeur, et la présidente de la commission féminine, Kathy Africa. Il est difficile sur nos territoires de réunir des effectifs complets dans les équipes féminines contrairement aux catégories masculines mais on compte quand même 4 équipes féminines en catégorie moins de 18 ans, et 4 équipes chez les moins de 15, 16 et 17 ans. Pour sensibiliser les jeunes filles à la pratique du foot, on a commencé par des journées découvertes les mercredis. Un championnat a aussi été planifié pour les 2 catégories féminines. L’idée était de les convaincre d’intégrer les clubs et nous pensons que l'école peut servir de passerelle pour cela. On a aussi travaillé avec L’USEP et l’Éducation Nationale. Les premières compétitions féminines ont démarré il y a 2 ans. La coupe du monde de foot féminin nous a par ailleurs aidé à gagner en visibilité. Saint-Martin compte aujourd’hui 170 licenciées et vise les 300 l’année prochaine. Nous sommes un petit territoire, la Guadeloupe à titre de comparaison, c’est 14 000 licenciés.
Le 97150 : Quelles sont les possibilités d’évolution pour les joueurs prometteurs de SaintMartin ?
G.P : La Fédération Française met en place un parcours de haut niveau pour les profils détectés sur notre territoire, et la section sportive scolaire fait partie du dispositif qui assure la progression de ces jeunes. En parallèle, la collectivité a ouvert un centre d’excellence et d’éducation par le sport (CEES) en lien avec la ligue de foot où les joueurs que je détecte s’entrainent tous les jours. Ce sont essentiellement des profils qui ont le potentiel de rejoindre la filière de haut niveau. Grâce à cette passerelle, les talents repérés peuvent participer aux inter-ligues régionaux mixtes qui réunissent Saint-Martin, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane pour sélectionner les meilleurs de chaque territoire. Il y en a une vingtaine environ dans chaque regroupement. La Guadeloupe est notre partenaire pour ces profils de haut niveau.
A Saint-Martin, cela fait deux ans que l’on envoie ainsi des jeunes au concours d’entrée du pôle Espoir de Pointe-à-Pitre. La Guadeloupe est également dotée d’un centre d’élite, le Cerfa, qui englobe la région Centre Elite Région Amérique et permet à des joueurs de faire des stages en France au niveau national. D’ailleurs, cette année et pour la première fois, Saint-Martin envoie sa toute première licenciée, Naima Jermin, âgée de 14 ans à Clairefontaine avec la sélection Antilles-Guyane-Tahiti. Ce que l’on veut à la ligue, c’est qu’une jeune fille ou un jeune garçon de Saint-Martin ait les mêmes possibilités d’intégrer ces structures de haut niveau que les autres licenciés de France. Nous sommes pour l’égalité des chances.