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Le football féminin veut se faire une place à Saint-Martin

10 November 2023

Naima Jermin, 14 ans et déjà sélectionnée pour un stage à Clairefontaine, et Nicaise Jasaron, 40 ans, footballeuse et mère de 3 enfants : rencontre deux passionnées qui veulent bousculer les idées reçues. 

PREMIÈRE SÉLECTION POUR CLAIREFONTAINE

Disciplinée, déterminée, agile : c’est en ces termes que son entourage décrit Naima. Et pour cause, à tout juste 14 ans, la jeune Saint-Martinoise a déjà participé à un championnat pour les moins de 13 ans avec l’équipe des garçons. Elle fait aussi partie du centre d’excellence de Saint-Martin, et partira à Clairefontaine le 22 novembre prochain avec la sélection Antilles Guyane pour un stage d’une semaine. Une première sur l’île. L’occasion notamment de rencontrer des directeurs nationaux et d’affronter différentes équipes régionales. Un beau palmarès pour la jeune passionnée qui se prépare à une carrière de footballeuse professionnelle. Tout cela, sous le regard bienveillant de ses deux parents. D’ailleurs, son père Jocelyn ne rate aucun match et se dit bluffé par la qualité de jeu de sa fille : «Tout le monde joue au foot à la maison, confie-t-il, mais c’est la seule à avoir atteint un tel niveau. J’ai vraiment été surpris par sa performance et son attitude face au jeu. Elle n’abandonne jamais et va jusqu’au bout de ce qu’elle s’est fixé.»

Chaque semaine, Naima s’entraine avec 19 autres sportifs dont 3 filles à la cité scolaire, encadrée par des éducateurs diplômés, avant de rejoindre son club Saint-Louis Stars les week-ends pour les championnats. Un rythme soutenu qui n’entame en rien sa détermination :«Je l’ai détectée à cause de son jeu mais aussi pour son comportement respectueux, sociable et structuré autour des horaires, rapporte Gilles Petit, conseiller technique pour la ligue de Saint-Martin. Ce sont des critères qui peuvent justement l’emmener vers le haut niveau et qui correspondent aux profils recherchés par la FFF.» La jeune licenciée n’éprouve par ailleurs aucune difficulté à jouer « en mixité » au milieu des garçons, et a même rapidement pris le rôle de meneuse au sein de son équipe mixte.

SORTIR DE LA STIGMATISATION

Les crampons, c’est aussi ce qu’a choisi Nicaise Jasaron, 40 ans. Lassée par les chiens errants croisés pendant sa course à pied journalière, cette mère de famille a rejoint le club féminin Phénix il y a un an :«Trois fois par semaine, on s’amuse et se détend en dehors du boulot et de nos rôles de mères, explique-t-elle. Ça fait vraiment du bien. Je dois encore travailler le fractionné et maitriser certaines règles mais c’est un sport ouvert à tous ceux qui ont la forme et pas juste aux hommes. Notre gardienne a 55 ans.»

C’est aussi l’avis de Khatya Africa, présidente de la commission féminine et membre élue de la ligue de foot de Saint-Martin. «Les Saint-Martinois aiment le foot parce que c’est un sport populaire et un vecteur social, indique-t-elle. Il a fallu relancer cette ligue, notamment après Irma et face à certains aprioris, mais il est temps de sortir de la stigmatisation. Je pense aussi, tout comme le président de la ligue Aristide Conner que l’on ne peut pas juste se contenter de dire qu’on manque d’infrastructures. Notre territoire s’en sort mieux que d’autres îles et la ligue met en place des formations, des détections, des petits championnats, etc. Donc l’idée, c’est de prendre de l’expérience et de s’améliorer ». Pour cela, la commission recherche activement des bénévoles femmes afin d’assurer les rôles d’arbitres, d’encadrants ou de dirigeants de clubs, et espère créer sa première sélection féminine à horizon 5 ans.