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Agriculture : Des balles de foin pour le bétail

19 October 2021
A titre expérimental, la coopérative agricole Sicasmart a, ces derniers jours, mené avec succès une première expérience pour constituer des balles de foins qui seront servies au bétail en période de sécheresse. Quelque 200 balles, soit environ 22 tonnes de foins, seront stockées d’ici la fin de l’année. Une première à Saint-Martin, île sèche et sans rivière, où la période de sécheresse met à mal l’alimentation du bétail.
 
C’est sur le terrain de l’aéroport De l’Espérance, à Grand Case que l’expérience a été menée. A l’aide d’un tracteur et d’une presse spéciale, l’herbe préalablement fauchée a été ramassée pour être ensuite pressée en balles rondes d’environ 110 kilos. Des balles de foins de petites tailles qui permettent un transport et un stockage adaptés à la taille des infrastructures de l’île. Ces balles de foins sont ensuite enrubannées à l’aide d’un matériau particulier qui permet de conserver, voire améliorer les qualités nutritives de l’herbe. Durant le dernier week-end, la Sicasmart a constitué 80 balles et environ 200 balles seront prêtes d’ici la fin de l’année.
 
Réduire les importations de foins et diminuer les coûts
 
Il faut savoir qu’une vache de constitution normale mange environ 10 kilos d’herbe par jour. En période pluvieuse, les vaches s’alimentent dans les pâturages, mais en période sèche, l’herbe se faisant plus rare et de moindre qualité nutritive, les éleveurs sont dans l’obligation d’importer du foin. Des importations à fort coût, pour une botte de foins de 22 kilos, le prix à payer étant de 14 euros. En créant et stockant les balles de foins localement, les prix pour nourrir les bêtes en période sèche seront divisés par 2 à 2.5. En effet, pour l’achat d’une balle de foins de 110 kilos, il en coûtera à l’éleveur une cinquantaine d’euros.
« Pour l’heure, ces balles de 110 kilos qui vont rester en quantité marginale, seront utilisées en complément alimentaire pour les têtes de bétail qui vivent dans les pâturages. Car avec seulement 200 balles de 110 kilos, ce sont environ 3000 rations qui pourraient être servies à l’ensemble du cheptel de bovins déclaré sur le territoire, soit une semaine de nourriture », précise Marlène Thisselin, technicienne pour la Sicasmart. A terme, l’objectif est d’étendre le process sur d’autres espaces afin de tendre vers une autosuffisance alimentaire du bétail.
 
Une filière agricole à bout de souffle
 
Julien Gumbs, chargé de mission auprès de la coopérative Sicasmart, espère que les conclusions probantes de cette première expérimentation seront prises au sérieux pour parvenir à la mise en place d’une véritable volonté politique allant dans le sens du développement de la filière agricole. « Les éleveurs sont au bout du rouleau. Rien n’est fait pour aider la filière à se maintenir. L’abattoir est fermé depuis le mois de mars de l’année dernière… Comment les éleveurs peuvent-ils écouler leur viande ? Ils sont aujourd’hui à court de trésorerie et certains baissent les bras ! ». Pour mémoire, le cheptel de bovins compte pour l’heure environ 400 têtes de bétail. Elles étaient environ 1500 en 2004. Le nombre d’éleveurs déclarés a également diminué ces dernières années.
Si l’expérimentation de fabrication de balles de foins parvient à perdurer et à s’étendre sur d’autres espaces, cela constituerait une petite lueur pour les éleveurs. Toutefois, le budget total de 72 000 euros (financé à 65% par l’Etat et le FEADER) pour l’achat de l’ensemble du matériel n’est pas encore totalement bouclé. Les 35% restant à la charge des fonds propres de la Sicasmart ne sont pas encore trouvés et le reste du matériel nécessaire pour finaliser l’opération n’a pas encore pu être acheté.
La Sicasmart remercie son partenaire Edéis, gestionnaire de l’aéroport de Grand Case, pour la mise à disposition du terrain de l’aéroport et espère dans l’avenir trouver d’autres partenaires lui permettant d’élargir ces zones de coupes d’herbe.