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Centre hospitalier Louis Constant Fleming : crise au bloc opératoire

03 December 2019
Un infirmier anesthésiste du Centre hospitalier Louis Constant Fleming a récemment tenté de mettre fin à ses jours, au sein même du bloc opératoire. Sauvé de peu par ses collègues, ce dramatique événement fait resurgir une nouvelle fois l’importance des dysfonctionnements qui résident parmi les personnels de l'établissement de santé de Concordia. Les interventions chirurgicales programmées sont pour l’heure suspendues pour être reportées à une date ultérieure.

Ce nouveau drame survenu dans les locaux du centre hospitalier démontre une fois encore la tension exacerbée qui règne parmi le personnel soignant. L’omerta étant de mise, comme bien souvent dès que l’on tente d’approcher ce type d’administration hyper-contrôlée, difficile d’obtenir de plus amples informations sur ce fâcheux épisode, surtout en l’absence momentanée et particulièrement remarquée en ces jours de crise, des deux directeurs nommés par l’ARS, qui a placé l’établissement de santé sous administration provisoire.
Toutefois, au détour des couloirs de l’hôpital, quelques professionnels de santé se laissent aller à murmurer certains propos : « On a laissé pourrir une situation bien ancrée depuis des années (…) Il n’y a pas d’autorité dans cet hôpital (…) Aucune décision n’est respectée, sous prétexte qu’ici on est à Saint-Martin (…) Les conflits entre les membres du personnel doivent être réglés une bonne fois pour toutes (…) A chaque fois qu’on a eu des chefs de pôles qui ont tenté de faire appliquer des directives en marquant leur autorité, il y a eu des grèves et ils ont finalement été virés (…) Quand il y a des conflits au sein des personnels soignants, il faut une autorité pour les régler(… )». Il se dit également que le bloc opératoire ne serait plus pour l’heure opérationnel et que plus aucune intervention n’y serait programmée.
 
« Après la phase de médiation, place aux sanctions »
 
Face à ces graves affirmations, mettant en danger la vie des patients, nous avons contacté la directrice générale de l’ARS Guadeloupe, Valérie Denux. Elle nous confirmait que les problèmes inhérents au bloc opératoire n’étaient effectivement pas nouveaux et relevaient avant tout d’histoire de personnes. « Je suis déjà venue à plusieurs reprises pour régler des conflits internes et mettre en place des mesures de médiation.
J’ai fait procéder à une inspection en février de cette année, et et les conflits s'étaient calmés. Mais ça recommence... La tentative de suicide du collègue anesthésiste est un fait grave et j’ai bien évidemment fait remonter l’incident au niveau du centre national de gestion des personnels hospitaliers. Je serai à Saint-Martin courant de la semaine prochaine pour une nouvelle fois tenter de calmer cette crise, mais après la période de médiation, nous allons désormais devoir passer aux sanctions.
Sans accuser qui que ce soit, si certains médecins qui sont des adultes et des personnes responsables ne sont pas en mesure de travailler en équipe pour atteindre leur mission suprême qui est le bien-être du patient, nous sanctionnerons », nous indiquait Valérie Denux, confirmant qu’une enquête était diligentée. Et d’ajouter : « Les médecins doivent y mettre du leur et il y en aurait certain à qui il faudrait réapprendre les règles de respect. On ne peut pas les laisser parler et traiter mal les autres membres des équipes soignantes ».
 
Les urgences sont maintenues
 
La directrice générale de l’ARS confirmait que les opérations d’urgence étaient maintenues au Centre hospitalier de Concordia, seules les opérations programmées et programmables étaient reportées pour le courant du mois de janvier : « Je ne peux pas laisser dire que le bloc opératoire n’est plus pour l’heure opérationnel. Il fonctionne, mais sous la contrainte des effectifs actuellement réduits. Il y a des équipes d’anesthésistes vacataires qui ont pris le relai. Cette crise n’affecte que les interventions chirurgicales qui ont été programmées à l’avance. Les opérations en urgence sont bien évidemment maintenues », nous affirme-t-elle.
 
Défaillance de la mission des administrateurs provisoires ?
 
Cette nouvelle crise du bloc opératoire intervient alors que la mission des deux administrateurs provisoires, Pascal Rio et Juliette Napol, arrive à son terme. En effet, face aux nombreux dysfonctionnements de l’hôpital qui perdurent depuis plusieurs années, notamment quant à la gestion financière et de personnel, l’Agence Régionale de Santé a placé les établissements hospitaliers de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy sous administration provisoire, en d’autres termes, sous la tutelle provisoire de l’Etat.
Une période qui a pris ses débuts en avril dernier et doit s’achever en cette fin du mois de décembre. Les deux directeurs provisoires, aguerris des situations compliquées au cœur des milieux hospitaliers, ont eu pour mission de définir une feuille de route afin, entre autres objectifs, de tendre d’ici trois ans à un équilibre financier (pour mémoire, on parle de déficits récurrents depuis plusieurs années de près de 6 millions d’euros) et de parvenir à un assainissement dans les relations entre les personnels soignants. A quelques jours de la fin de cette mission, on est en mesure de s'interroger sur son efficience qui se termine par un drame humain... Reste à souhaiter chance et courage à la nouvelle équipe dirigeante qui devra prendre ses fonctions en janvier prochain et suivre la feuille de route mise en place par les deux administrateurs provisoires et validée par l’ARS.