Contrôle technique : Une solution alternative dans les tuyaux
L’opérateur de Contrôle technique des véhicules, DEKRA, a été comme tant d’autres entreprises privées, gravement impacté par le passage de l’Irma. Un chaînon manquant cruellement dans les procédures de mise en règle des véhicules d’occasion.
L’ouragan Irma a endommagé la plupart des véhicules roulants. Beaucoup ont été classés épaves par les assurances, et les automobilistes ont dû se racheter des véhicules. Pour la plupart d’occasion. Et nombreux sont les automobilistes qui, plus de quatre mois après l’épisode climatique, sont toujours dans l’attente de pouvoir assurer puis immatriculer leur nouveau véhicule, faute de passage au contrôle technique. Un cas d’école certainement sur le territoire national, pour lequel l’Etat a marqué sa défaillance, en ne proposant aucune solution alternative, même provisoire.
En effet, puisque le contrôle technique des véhicules est un acte réglementaire obligatoire en France depuis le 1er janvier 1992 et encadré par le Code de la route (articles R. 323-1 à R. 323-26) qui doit être effectué par un opérateur agréé par l’Etat, comment est-il possible qu’il n’y ait pas eu de solutions proposées par ce même Etat ? N’aurait-il pas été envisageable, par exemple, de créer un arrêté autorisant provisoirement les automobilistes à assurer leur véhicule, soit en passant des accords avec les compagnies d’assurances et leurs experts (qui sont toujours en nombre sur le territoire), soit en installant provisoirement le matériel nécessaire pour un passage au contrôle technique ? Pourquoi les technocrates ne se sont-ils pas penchés sur cette question cruciale, installant les automobilistes dans l’illégalité par rapport à la loi ? Et plus grave encore, à qui incombent les torts en cas d’accident de la circulation perpétré par un véhicule non assuré pour défaut de contrôle technique impossible à passer à Saint-Martin ? Nous avons tenté à plusieurs reprises d'entendre les explications des services de l'Etat à ce sujet. Des tentatives restées vaines. Toutefois, face à cette situation de fait et atypique, les forces de l’ordre ont joué la carte de l’indulgence au cours des opérations de contrôles routiers, ne verbalisant pas les automobilistes pour défaut de papiers en règle.
Très forte pression exercée sur l’opérateur Dekra
Et plutôt que de mettre en place des solutions palliatives, l’Etat par son représentant à Saint-Martin, a été très pressant à l’endroit de l’opérateur Dekra afin qu’il accélère sa remise en fonction. « Notre lieu d’exploitation à Hope Estate a été entièrement détruit par l’ouragan et ensuite pillé. Nous avons tout perdu ! » expliquent Juliette et Bernard Richardson, les gérants. Cela représente un budget total de près de 150 000 euros. Et comme beaucoup d’entreprises locales, nous n’étions pas bien assurés. Par conséquent, nous avons perdu beaucoup.
Et la Préfecture ainsi que la Collectivité n’ont eu de cesse de nous presser pour que nous redevenions opérationnels. C’est incroyable. Nous n’avons obtenu de l’aide d’aucun organisme, ni même celle de la Fondation de France avec Initiative Saint-Martin. Pas un euro ! Nous nous sommes débrouillés seuls, et l’argent ne tombe pas du ciel. Nous n’avons fait que subir une pression morale », s’exclament-ils.
Solution avec le Décélomètre
Pourtant bien conscients de leur responsabilité puisqu’étant les seuls à Saint-Martin à réaliser les contrôles techniques, les gérants de Dekra ont recherché malgré tout des solutions alternatives. Qu’ils ont trouvé en faisant l’acquisition d’un décélomètre. Une sorte de valise qui contient des appareils pour effectuer des contrôles de véhicules, un peu moins poussés certes, mais suffisamment fiables. Cette solution provisoire est encore sous réserve d’une validation par la Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DEAL, anciennement DRIRE, ndlr), dont une mission devrait arriver prochainement sur l’île, le 18 janvier prochain. Si la mission de la DEAL valide la procédure, les contrôles techniques pourront reprendre. Une information que nous confirmaient les services de la DEAL.
Le Contrôle technique Dekra devrait être totalement opérationnel prochainement
Et au-delà de ces contrôles provisoires réalisés avec le décélomètre, Juliette et Bernard Richardson espèrent pouvoir rouvrir leur garage dans les meilleurs délais.
Les travaux de rénovation de la toiture ont démarré ces jours-ci, et leur nouveau matériel a été commandé et devrait être livré prochainement. Le retour à la normale dans ce domaine est donc prévu d’ici à la fin du mois de janvier, début du mois de février. Un retour à la normale qui n’aura pu compter que sur les ressources propres, financières et morales, des gérants Richardson !