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Coupures d’eau : le point avec la SAUR

Par Ann Bouard
20 December 2022
Les récents phénomènes de houle couplés à une hausse importante des volumes distribués ont mis l'outil de production et les réserves d'eau sous tension. Depuis, la SAUR peine à renouveler les stocks ce qui engendre des coupures à répétitions, très mal vécues par la population. Explications de Mélissa Nicolas, responsable de territoire et de Dominique Hugolin, responsable réseau, pour la Saur.
La semaine dernière a été marquée par de nombreuses coupures, dans tous les quartiers. Une situation fortement critiquée par la population mais aussi par les touristes qui oublient bien souvent la réalité du territoire. L’unique moyen d’approvisionnement sur l’île est la dessalénisation de l’eau par système d’osmose, un procédé onéreux, mais le seul possible. Une usine, deux réservoirs de stockage (soit 10 000 m3) sur Galisbay, équipés de quatre pompes qui permettent d’envoyer l’eau dans les deux réservoirs de distribution, l’un à Mont des Accords et l’autre à Morne Valois d’une capacité de 2000m3 chacun servent à alimenter toute la population de la partie française de l’île. En fonctionnement optimal, la production de l’usine est de 8200 à 8400 m3 par jour mais c’est sans compter sur la demande croissante, les casses et les phénomènes météorologiques.

La réalité des infrastructures

Les mauvaises conditions marines des derniers jours ont nécessité plusieurs interruptions partielles de la production d'eau afin d'en garantir la qualité et la salubrité. En clair, la houle exceptionnelle a généré des colmatages de filtres (le sable apporté par la houle encrasse les filtres) obligeant à les nettoyer, ce qui requiert entre trois et cinq heures et a eu pour conséquence une baisse de la production à 90m3/heure. La priorité est malgré tout de ne pas vider les réservoirs : si l’air entre, cela génère des casses, s’il y a casse, il y a une perte d’eau importante qui … vide les réservoirs ! Et pour que l’eau demeure potable, un certain niveau dans les réservoirs doit être préservé afin de ne pas atteindre le système de désinfection.
En parallèle des casses majeures, comme celle de Concordia, avec d’importantes pertes d’eau ont aussi contribué à vider les stocks. A cela s’ajoute la consommation en nette augmentation. A titre de comparaison en décembre 2021, elle était de 6000m3 jour et est de 7100 m3/jour actuellement. Le nombre de fuites est également en augmentation : 450 fuites traitées en 2021, contre déjà 657 début décembre 2022.

Une semaine sous pression

Malgré les tours d’eau mis en place, les niveaux d’eau ne parviennent pas à remonter et si la journée de samedi dernier a été plus fluide ce ne fut pas le cas dimanche. En effet, la Saur pensait pouvoir stabiliser pour fonctionner, du moins en flux tendus, mais un nouveau phénomène a alors changé la donne : les personnes privées d’eau se sont empressées de faire des réserves, de remplir les citernes, les piscines … en 2h dimanche matin la consommation d’eau était équivalente à celle d’une demie journée. La Saur en appelle donc au civisme de chacun et a décidé de ne plus communiquer sur les coupures pour ne pas encourager les comportements compulsifs de stockages.
Cependant, aux vues de la situation actuelle, il va être nécessaire de faire à nouveau des tours d’eau, mais cette fois plus ciblés, afin qu’ils impactent moins longtemps les usagers. Les restaurants et les hôtels seront coupés la nuit pour préserver l’accueil de leurs clients et pour les secteurs d’habitations les coupures interviendront sur des zones réduites et non pas par quartiers entiers.

Une prise de conscience nécessaire

Les casses les plus importantes ont été réparées, même si quelques fuites persistent (six étaient en cours de réparation lundi matin encore). Les secteurs des Terres Basses et d’Oyster Pond, en bout de réseau, devront attendre un peu plus longtemps le retour à la normale tout simplement parce que le réseau est gravitaire, qu’il faut purger et monter progressivement en pression pour ne pas risquer la casse. Ces incidents à répétitions doivent éveiller les consciences, en termes d’investissements certes car les infrastructures devraient être redimensionnées et modernisées, mais aussi en termes de consommation par chacun. Il faut être responsable, se rappeler où l’on vit, et d’où vient la ressource … et celle-ci n’est pas infinie.
Ann Bouard