Culture : Andromaque joue les prolongations

Du théâtre classique à Saint-Martin ! Qui l'eût cru il y a quelques années seulement ?! Et avec « Andromaque », une des plus célèbres pièces du grand dramaturge et poète français, Racine. Audrey Duputié, metteuse en scène et actrice dans le très beau rôle d'Hermione, a réussi la gageure de rendre accessible cette pièce pour un large public, initié ou non, jeune ou moins jeune. Sa trouvaille : deux narrateurs très actuels, Perrine Laffranchi et Clément Borioli, qui, d'emblée, nous prennent par la main pour nous faire entrer dans cette tragédie sur le ton décalé de l'humour. Perrine interprète une narratrice néophyte au langage assez cru pendant que Clément lui explique la situation et nous présente les personnages. La guerre de Troie, Andromaque (Aurélie Dubuis) prisonnière du roi Pyrrhus (Erwan Trottel) qui l'aime alors qu'il doit épouser Hermione. Oreste (Alexandre Ménard), amoureux éperdu de la très belle Hermione finira par la venger en assassinant le vainqueur des Troyens. Il sera aidé par Pylade et Céphise (Marie-Pierre Crespo), alors que Cléone et Phoenix (Elisabeth Rolland) accompagne le roi Phyrrus. Tout y est, les vers, la situation complexe entre grecs et Troyens. Cela n'est pas sans rappeler certaines situations actuelles. L'amour, les trahisons, tout ce que nous vivons encore aujourd'hui a été décrit par Homère au VIe avant JC dans l'« Iliade » et « l'Odyssée », et sublimé par la plume de Jean Racine.
Nous voici donc peu à peu plongés dans le théâtre classique grâce à ces deux acolytes qui s'effacent au fur et à mesure que se déroulent les actes jusqu'à disparaître complètement. Mais il est trop tard. Les rires se sont tus. Le public concentré sur ce spectacle qui le tient en haleine est désormais silencieux, captivé par le jeu si juste des acteurs. Jusqu'au dénouement et la très belle scène finale où Andromaque reste seule, figée dans sa grande beauté, dévastée par les affres de la guerre et de la jalousie. Restée fidèle à Hector, elle a pu sauver son jeune fils, Astyanax.
Spectacle passionnant, campé dans un décor moderne, soutenu par un travail remarquable sur les éclairages. La trouvaille du couloir transparent en fond de scène est à souligner. Les acteurs y errent tels des fantômes de l'Histoire antique avant d'entrer en scène. Du grand Art dans la mise en scène ! Le public sort alors de son envoûtement pour se lever et applaudir longuement la performance de haut niveau de la troupe des Apatrides. On en redemande et on est fier d'avoir eu la chance d'assister à un spectacle de grande qualité sur notre belle île de Saint-Martin. À ne manquer sous aucun prétexte !
Représentations à venir : vendredi 25 février et samedi 26 février à 19h30 (complet), vendredi 4 et samedi 5 mars à 19h30 (prolongation de la programmation). Billetterie ouverte au théâtre tous les soirs de 18h à 19h (sauf samedi et dimanche). Infos : 06 90 55 87 44 – www.theatresxm.fr.