En marge du salon
L’ABATTOIR EN STAND-BY : Sujet délicat que celui de l’abattoir, dont les péripéties ont fait couler beaucoup d’encre. Entre l’erreur des techniciens de la Collectivité qui n’ont pas tenu compte des distances imposées entre les bâtiments de celui-ci et la cuisine centrale, sa mise en stand-by des mois entiers avec de ce fait des installations qui se sont détériorées, les défauts d’équipements comme, entres autres, les groupes en 50hz au lieu de 60hz, le passage d’Irma … le sort semble s’acharner.
Sa réparation est une préoccupation, urgente, pour tous les éleveurs, qui ne peuvent vendre leur cheptel que par ce biais. En effet, abattre un bovin en dehors d’un abattoir est réprimé par la loi et le contrevenant encourt une amende et une peine pouvant aller jusqu’à six mois de prison. Faire des actions pour développer l’élevage sur l’île sans un abattoir digne de ce nom est une hérésie.
La présence au salon de l’Agriculture de la délégation de la Collectivité était l’occasion de faire le point sur ce sujet complexe, celui de sa remise en état et en conformité. Après les établissements prioritaires, comme l’hôpital et les écoles (!), selon Monsieur Charbhe, le dossier devrait arriver sur le haut de la pile de ceux à traiter. Les démarches sont en cours pour obtenir le financement prévu par les fonds Feader. Sauf que … il faut établir un cahier des charges et faire un chiffrage précis avant de pouvoir lancer les appels d’offres conformément à la procédure des marchés publics. Et sur ce point, la Collectivité n’est pas en mesure de donner un planning précis.
Cette longueur dans les démarches pour mettre en place les outils nécessaires au développement de la filière agricole sur l’île risque de décourager les nouvelles générations.
Les jeunes peuvent être intéressés par les filières agricoles, à partir du moment où on leur démontre que cela est rentable et possible !
Une lettre vient d’être envoyée par la Sicasmart à la Collectivité pour l’alerter sur l’urgence de la situation.
CRÉATION D’UN ÉTABLISSEMENT DÉPARTEMENTAL D’ÉLEVAGE (EDE)
Un EDE est un établissement qui permet d’une part d’identifier les animaux dans la banque de données nationale et d’autre part d’assurer la traçabilité des produits. Il relève de la compétence de l’État et est installé dans chaque département ou région ; une institution qui fait défaut à Saint-Martin. La Collectivité a entamé les démarches dès 2016 pour obtenir l’agrément. Le dossier technique a été accepté, mais le dossier financier pose problème, l'Etat n'ayant pas débloqué de fonds. Si l’EDE est censé générer son propre profit au bout de quelques années, cinq ans en moyenne, son démarrage nécessite, selon les estimations de la Collectivité, un minimum de 200 000 euros. Encore un outil déterminant pour la filière agricole qui peine à voir le jour.
DU MIEL À SAINT-MARTIN
Déjà détruites lors de Gonzalo, les ruches de Saint-Martin ont été totalement anéanties par Irma. Une dizaine ont été réinstallées à Friar’s Bay et plusieurs agriculteurs ont fait le choix d’en réimplanter sur leurs propriétés. L’objectif est de mettre en place un rucher et de sélectionner des Reines pour développer la production. En collaboration avec Apigua, l’association des apiculteurs de Guadeloupe, les apiculteurs de Saint-Martin ont pu d’ores et déjà identifier les abeilles, une variété particulièrement docile et productrice. Reste désormais à sélectionner les meilleures Reines et à les dispatcher sur les ruches. Une ruche peut produire trois à quatre mois après son installation. Il faudra donc attendre encore un peu que le projet fasse des émules et que les abeilles délivrent leur première production pour acheter ce miel.
Un souci cependant, la population saint-martinoise n’est pas habituée à cohabiter avec les abeilles et si l’une d’elle a la malencontreuse idée de s’aventurer vers un lieux fréquenté, elle se fait tuer. Il faut donc éduquer chacun pour faire prendre conscience qu’elles ne sont pas une menace, bien aux contraire. Si les abeilles disparaissent de la terre, nous aussi !
Annick Girardin, Ministre de l’Outre-mer, Dorvan Cocks (CCISM) et Emmanuel Gimenez (Sicasmart)