Fin du couvre-feu mais maintien à 23h de la fermeture des établissements : réaction de Frédéric Wild, propriétaire de 3 restaurants en partie française.
06 July 2021
Suite à la nouvelle annonce faite jeudi dernier par le préfet Serge Gouteyron, de lever le couvre-feu tout en maintenant à 23 heures la fermeture des établissements recevant du public, Frédéric Wild, ex-président de l’association des restaurateurs, la FERCOM, et exploitant de plusieurs établissements, dont trois restaurants, a souhaité réagir dans nos colonnes au sujet de ces différentes mesures de restrictions. Interview.
Le 97150 : Frédéric Wild, bonjour, vous avez mal accueilli cette nouvelle annonce de levée du couvre-feu tout en maintenant l’obligation pour les restaurants de fermer leurs portes à 23h. Pour quelles raisons ?
Frédéric Wild : Bonjour, et je vous remercie de me laisser l’opportunité de m’exprimer dans vos colonnes. J’ai envie de dire tout haut ce que très nombreux sont ceux à penser tout bas. Car effectivement, on nous mène en bateau depuis plusieurs semaines, et les restaurants deviennent les boucliers de cette pandémie… Serait-ce pour inciter la population à aller se faire vacciner ? Alors que l’on connait très bien les raisons qui ont engendré la recrudescence de l’épidémie ces deux derniers mois.
Le 97150 : Quelles sont ces raisons selon vous ?
F.W. : Il ne faut pas tergiverser. Nous sommes restés ouverts pendant toute la période où partout sur le territoire national les restaurants étaient fermés. La campagne de vaccination n’avait pas encore débuté et nous n’avons pas subi de recrudescence et encore moins de pic de la contamination pendant toute cette période. C’est quand la partie hollandaise a autorisé la réouverture après 23h des établissements, il y a environ deux mois, qu’il y a eu une recrudescence de l’épidémie. Les fêtes et les rassemblements ont en effet repris au sud de l’île sans observer les mesures barrières. Et deux semaines après, on a observé à nouveau une tendance à la hausse de l’épidémie, avec malheureusement un nombre important de décès. La partie hollandaise a ensuite réintroduit la fermeture des établissements à 23h, mais le mal était fait.
Le 97150 : Et de notre côté, pendant cette période, un couvre-feu a d’abord été mis en place à partir de 20h, puis 23h …
F.W. : Un couvre-feu à 20h, de notre côté et une fermeture à 23h de l’autre côté… Tout cela est absurde. Comment sur un aussi petit territoire les autorités de l’île ne parviennent-elles pas à harmoniser leurs mesures ? C’est totalement aberrant. Avec un couvre-feu à 20h d’un côté et des fermetures à 23h de l’autre côté, forcément, les personnes en visite sur l’île sont restées en partie hollandaise. Il ne faut pas rêver, un restaurant qui ferme à 20h, autant dire que c’est un restaurant fermé ! Et nous avons également perdu notre clientèle de la partie française pendant cette période.
F.W. : Un couvre-feu à 20h, de notre côté et une fermeture à 23h de l’autre côté… Tout cela est absurde. Comment sur un aussi petit territoire les autorités de l’île ne parviennent-elles pas à harmoniser leurs mesures ? C’est totalement aberrant. Avec un couvre-feu à 20h d’un côté et des fermetures à 23h de l’autre côté, forcément, les personnes en visite sur l’île sont restées en partie hollandaise. Il ne faut pas rêver, un restaurant qui ferme à 20h, autant dire que c’est un restaurant fermé ! Et nous avons également perdu notre clientèle de la partie française pendant cette période.
Le 97150 : Et depuis ces derniers jours, nous avons en partie française la levée du couvre-feu, mais une obligation de fermeture des établissements à 23h, alors que la partie hollandaise a, depuis samedi dernier, permis à nouveau l’ouverture des établissements jusqu’à 2h du matin.
F.W. :Voilà encore une fois les incohérences de nos deux systèmes de fonctionnement qui prennent des décisions sans se consulter a priori… Car forcément, la population de la partie française, si elle veut aller au restaurant, va maintenant privilégier ceux du sud de l’île où elle va pouvoir passer une soirée tranquille sans contrainte de temps et rentrer tranquillement chez elle, puisqu’il n’y a plus de couvre-feu. Et ce sont encore les restaurants de la partie française qui sont les dindons de la farce dans ces nouvelles décisions. Sans compter qu’avec l’assouplissement des restrictions en partie hollandaise en autorisant l’ouverture des établissements jusqu’à 2h du matin, on peut imaginer que dans une quinzaine de jours il va encore y avoir une recrudescence de l’épidémie. On tourne en rond, alors que les restaurants de la partie française sont dans une situation plus que critique.
F.W. :Voilà encore une fois les incohérences de nos deux systèmes de fonctionnement qui prennent des décisions sans se consulter a priori… Car forcément, la population de la partie française, si elle veut aller au restaurant, va maintenant privilégier ceux du sud de l’île où elle va pouvoir passer une soirée tranquille sans contrainte de temps et rentrer tranquillement chez elle, puisqu’il n’y a plus de couvre-feu. Et ce sont encore les restaurants de la partie française qui sont les dindons de la farce dans ces nouvelles décisions. Sans compter qu’avec l’assouplissement des restrictions en partie hollandaise en autorisant l’ouverture des établissements jusqu’à 2h du matin, on peut imaginer que dans une quinzaine de jours il va encore y avoir une recrudescence de l’épidémie. On tourne en rond, alors que les restaurants de la partie française sont dans une situation plus que critique.
Le 97150 : C’est vous qui parlez ainsi alors que vous avez quand même les reins assez solides…
F.W. : Effectivement, je me demande vraiment comment la majorité des restaurateurs va pouvoir s’en sortir… Après Irma, la crise du PPRN et la crise du Covid, nous en sommes à plusieurs saisons d’affilées qui n’ont pas été normales. Nous n’avons plus de trésorerie et ne sommes du coup pas à jour de nos obligations fiscales et sociales… Par conséquent beaucoup d’entre nous n’ont pas pu avoir accès aux aides de l’Etat ni au Prêt garanti par l’Etat (PGE), car les bilans ne sont pas bons et le les banques refusent de prêter. Nous avons obtenu des moratoires pour les dettes mais nous ne sommes pas en mesure de les respecter… Il y a très peu de touristes et la clientèle que nous avons ne nous permet pas de couvrir l’ensemble de nos charges. C’est là aussi le chat qui se mord la queue. Entre 23h et minuit, un bar-restaurant comme le Yellow Sub (Baie Orientale) réalise environ 20% de son chiffre d’affaire quotidien. Pendant la mesure de couvre-feu à 20h, le restaurant a perdu 80% de son chiffre d’affaire. Si effectivement on peut considérer que j’ai les reins solides, je peux dire de mon côté que mes affaires sont en danger. Pour ma part, la crise du Covid me coûte entre 200 000 et 250 000 euros et j’ai perdu la moitié de mon personnel. Tout cela est sans compter que nous ne sommes pas en mesure de miser sur le futur puisque primo il y a toujours les motifs impérieux qui empêchent un tourisme régional et secundo on nous parle déjà d’une nouvelle vague de Covid… Je crains un nombre important de faillites.
F.W. : Effectivement, je me demande vraiment comment la majorité des restaurateurs va pouvoir s’en sortir… Après Irma, la crise du PPRN et la crise du Covid, nous en sommes à plusieurs saisons d’affilées qui n’ont pas été normales. Nous n’avons plus de trésorerie et ne sommes du coup pas à jour de nos obligations fiscales et sociales… Par conséquent beaucoup d’entre nous n’ont pas pu avoir accès aux aides de l’Etat ni au Prêt garanti par l’Etat (PGE), car les bilans ne sont pas bons et le les banques refusent de prêter. Nous avons obtenu des moratoires pour les dettes mais nous ne sommes pas en mesure de les respecter… Il y a très peu de touristes et la clientèle que nous avons ne nous permet pas de couvrir l’ensemble de nos charges. C’est là aussi le chat qui se mord la queue. Entre 23h et minuit, un bar-restaurant comme le Yellow Sub (Baie Orientale) réalise environ 20% de son chiffre d’affaire quotidien. Pendant la mesure de couvre-feu à 20h, le restaurant a perdu 80% de son chiffre d’affaire. Si effectivement on peut considérer que j’ai les reins solides, je peux dire de mon côté que mes affaires sont en danger. Pour ma part, la crise du Covid me coûte entre 200 000 et 250 000 euros et j’ai perdu la moitié de mon personnel. Tout cela est sans compter que nous ne sommes pas en mesure de miser sur le futur puisque primo il y a toujours les motifs impérieux qui empêchent un tourisme régional et secundo on nous parle déjà d’une nouvelle vague de Covid… Je crains un nombre important de faillites.
Propos recueillis par Valérie Daizey