Lara Matéo : ses explications sur sa participation au concours Miss Monde
Par Ann Bouard
31 December 2021
La Miss a fait le buzz sur les réseaux sociaux et provoqué le courroux de la partie hollandaise en représentant Sint Maarten au Concours Miss Monde 2022. Covid oblige chez les Miss, aucune n’a été élue et le grand show a été reporté au 16 mars 2022. Lara Matéo est donc rentrée de son séjour à Porto Rico et nous l’avons rencontrée.
Lara, votre participation au Concours Miss Monde a surpris tout le monde. Comment avez-vous été recrutée ?
J’ai fait mes études pendant trois ans en Guadeloupe et un ami sur place, en qui j’ai une confiance aveugle, m'a contactée car Georges Nandan* cherchait une fille éligible pour participer au concours Miss Monde. Ils nous a mis en relation. Le soir même j’ai regardé des défilés de Miss et le lendemain j’ai rappelé pour dire non. Je n’ai pas les épaules, je suis blanche et je venais de me teindre les cheveux en roux. Mais il m’assure qu’il s’occupera de tout et que c’est une aventure exceptionnelle qui s’offrait à moi. J’ai posé beaucoup de questions car je ne prenais pas cela à la légère mais à chaque fois il disait qu’il prenait tout en charge et que je ne devais pas être inquiète.
Vous avez donc signé un contrat avec ce monsieur ?
Non, il ne m’a pas fait de contrat. J’ai signé un contrat, en anglais, directement avec la présidente du concours Miss Monde.
Pourquoi cette vidéo de présentation et votre représentation de Sint Maarten ?
Il m’a demandé de compléter le formulaire d’inscription au concours et de réaliser une vidéo de présentation. Elle aurait dû se faire avec des professionnels en Guadeloupe, mais il a annulé au dernier moment. J’ai rappelé l’ami qui nous avait mis en relation pour lui dire que rien ne se passait comme prévu, que je ne le sentais pas. Une fois encore il m'a dit de ne pas m’inquiéter, de faire ma propre vidéo et qu’ils s’arrangeront au montage. C’est à ce moment aussi que j’ai appris que je ne représentais pas Saint-Martin mais Sint Maarten, car Georges Nandan avait la licence pour représenter le côté hollandais mais pas le côté français. Je leur ai envoyé la vidéo et ai posté ma version sur mes réseaux sociaux, c’est tout.
Comment s’est effectué votre préparation à ce concours ?
Une semaine avant de partir, il m’informe qu’une valise me sera envoyée directement sur place avec les robes et la fameuse tenue traditionnelle. Mais lors des émeutes en Guadeloupe le magasin qui devait les fournir aurait brûlé. Au dernier moment, il me demande également de payer le billet d’avion.
Cela ne vous a pas alerté sur l’incertitude de cette aventure ?
Non, car sur le groupe WhatsApp des Miss, j’ai posé la question et la plupart des Miss, dont Priscilla Larose la Miss Guadeloupe, payaient leur trajet. Je me suis dit qu’un billet d’avion pour ensuite être prise en charge cela pouvait valoir le coup.
On vous a reproché vos tenues et vos propos lors de l’interview.
Sur place, j’ai découvert au fur et à mesure dans quelle galère j’étais. Chaque soir, l’organisation nous remettais un planning pour le lendemain. Le premier jour il fallait se lever à 3h30 du matin, pour des répétitions en costume prêtées le jour de la finale. J’avais deux robes seulement prêtées par Miss Monde et toujours pas les robes promises par Georges Nandan. Les autres Miss étaient stupéfaites de ma situation et beaucoup m'ont proposée leur aide. Pour l’interview, ce n'était pas prévu et cela a été fait à la dernière minute sans aucune préparation. Je n’avais jamais parlé devant une caméra, j’étais complètement désemparée, je tremblais, j’étais dans un état second.
Deux jours avant le show j’ai informé l’organisation que je ne participerai pas. J’étais déçue, j’avais beaucoup de pression et je me sentais mal, mais tout le monde me poussait à participer au show. La veille du show, on a appris que plusieurs Miss, et l'organisatrice, avaient le Covid.
Comprenez-vous les réactions sur les réseaux sociaux sur l’île ?
Deux jours avant le show j’ai informé l’organisation que je ne participerai pas. J’étais déçue, j’avais beaucoup de pression et je me sentais mal, mais tout le monde me poussait à participer au show. La veille du show, on a appris que plusieurs Miss, et l'organisatrice, avaient le Covid.
Comprenez-vous les réactions sur les réseaux sociaux sur l’île ?
C’est l’ami qui m’avait aidé à faire la vidéo qui m’a appelé pour me dire qu’un truc pas cool était en train de se passer, que cela tournait au vinaigre et qu’il fallait que je rentre. Il m’a dit que les personnes qui m’avaient poussé à ce concours m’avaient mis dans la merde. Il m’a envoyé les articles au fur et à mesure. J’ai contacté Georges Nandan en panique qui m’a répondu qu’il allait gérer le problème. Depuis mon retour il m’a d’ailleurs dit qu’il ferait le déplacement d’ici la fin de semaine pour s’expliquer face à la presse.
Propos recueillis par A.B
* organisateur Miss Guadeloupe International Contest (voir encadré ci-dessous)
Georges Nandan : Mister Concours
En 2008, Geneviève de Fontenay alors à la tête du Comité Miss France était montée au créneau pour protester contre l’inscription de miss Guadeloupe et Martinique à Miss Monde. Dans une interview au Figaro elle se disait «révoltée qu'à Miss Monde on présente n'importe quelles filles. Ces candidatures donnent l'impression que la Guadeloupe et la Martinique sont indépendantes ». Par ailleurs elle indiquait que « les protégées de George Nandan - par ailleurs organisateur de combats de coqs - n'ont jamais été bien classées aux élections auxquelles elles ont participé ». Mais cette fois, ce n’est plus une rivalité France – territoires ultramarins mais un différend avec autre état, Sint-Maarten. Quel est l’intérêt de tout cela ? C’est ce que nous avons demandé à l’intéressé.
Georges Nandan indique que l’organisation de Miss Monde l’a contacté en octobre dernier pour lui proposer de venir en aide à Saint-Martin et relancer une économie touristique morte. Il aurait contacté Daniel Gibbs qui n’aurait pas souhaité donner suite, tout comme la 1ère ministre de Sint Maarten. Il a donc créé en octobre l’association Miss International Sint Maarten et trouvé huit candidates potentielles, mais une seule, Lara Matéo, était éligible car vaccinée. Il a conscience que Lara n’était pas prête et indique « avoir fait comme on a pu ». Quant à l’absence de costume traditionnel ou autres robes, les explications sont confuses.
Il ne comprend pas l’attitude de la 1ère ministre, ni pourquoi à la veille de la finale du concours elle a envoyé un mail à l’organisation Miss Monde. Pour lui, « c’est un complot car la licence était auparavant détenue par sa ministre de la justice ». Il affirme que les organisateurs du concours lui aurait offert la fameuse licence pour la partie hollandaise (10 000 $) et que si elle avait été détenue par une autre société, il n’aurait pu l’obtenir. Quant à l’entrevue qu'il aurait sollicitée auprès de Silveria Jacobs, après avoir annoncé qu’elle se tiendrait début janvier, il admet finalement ne pas avoir de réponse. En fonction de cet entretien il décidera si Lara Matéo continuera l’aventure ou si elle sera remplacée par une autre candidate. La conférence de presse annoncée initialement en fin de semaine est en stand-by, dans l’attente de la rencontre avec le gouvernement de la partie hollandaise. Sur l’intérêt même de son implication, il assure ne rien gagner, utiliser ses fonds propres et faire cela par amour pour Saint-Martin… |
Ann Bouard