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Le bis repetita des débuts de saisons fébriles

12 November 2021
Des mouvements sociaux se sont à nouveau invités dans le décor de l’île, à l’approche de la nouvelle saison touristique. Depuis 2017, c’est le bis repetita des démarrages de saisons touristiques incertaines, voire stoppées nettes. Oui, mais à chaque nouvelle année, on ne repart pas sur un nouveau plateau de jeu. Le Saint-Martin d’aujourd’hui est directement lié aux conséquences infligées par les quatre dernières années, voir plus loin encore.
 
Pour cette année, les acteurs touristiques et économiques affichaient dans l'ensemble, il y a peu, une belle confiance quant à la saison à venir. Après quatre années compliquées (dans l’ordre chronologique : 2017 : Ouragan Irma ; 2018 : reconstruction post-Irma ; 2019 : crise du PPRN ; 2020 : crise du Covid) la saison 2021-2022 semblait être bénie des dieux et prometteuse. Une saison cyclonique qui touche à son terme et qui, après avoir frôlé le pire avec l’ouragan Sam (fin septembre) qui a dévié sa trajectoire en bout de course, a finalement été plutôt calme, et par ailleurs des paysages qui ont retrouvé de meilleures couleurs, même si beaucoup reste encore à faire du côté de la reconstruction. En clair, une vraie première saison depuis 2017 semblait pointer à l’horizon. Cela était sans compter sur un climat social qui n’a cessé de se détériorer pendant ces quatre années, avec certainement une relation de cause à effet, d’ailleurs. En effet, qui dit pas de tourisme dans une économie essentiellement touristique dit également des emplois en berne et donc une augmentation de la précarité. « Tout est lié », comme s’est plu à le dire Sofia Carti-Codrington, lors de la réunion de crise convoquée dernièrement par le préfet Gouteyron (lire notre édition de mardi 9 novembre).
 
Le passé fait le présent… et le présent fait l’avenir
 
C’est bien en surface que la nouvelle saison touristique s’annonçait effectivement prometteuse, mais cela était sans considérer les dégâts sociaux collatéraux engendrés par ces quatre années difficiles. Et qui ont abouti à une explosion de colère qui était toutefois latente depuis plusieurs mois. Alors pour certains de s’offusquer sur le fait qu’une fois encore le « départ arrêté » de cette nouvelle saison touristique est catastrophique pour l’économie de l’île… et pour d’autres de, martel en tête, axer la priorité des priorités sur ce contexte social où la grande précarité d’une partie de la population se mêle aux profits réalisés par une autre partie de la population, sans en faire profiter les autres. Et c’est alors là que surgissent les sujets de la ségrégation à l’embauche, la discrimination… voire même « la supériorité des ancêtres de colons sur les ancêtres d’africains libres asservis en esclavage », dixit le Collectif des collectifs. Des termes durs et forts qui n’avaient pas leur place dans un Saint-Martin pas si lointain, où l’harmonie entre les différentes communautés semblait de mise. En apparence seulement.
 
Le secteur du tourisme sur les dents
 
Depuis ces dernières semaines donc, c’est l’inquiétude qui prévaut dans les sphères de l’économie touristique. Mardi dernier, les réseaux se sont affolés face au grand désordre qui régnait sur l’île. Les axes routiers bloqués, à Quartier d’Orléans et à Sandy Ground, ont créé un embouteillage monstrueux, partant du nord au sud de l’île. Selon certaines de nos sources, des loueurs de voiture n’ayant pu rejoindre à temps l’aéroport international Princess Juliana auraient perdu leur clientèle qui s’est retournée vers des loueurs de la partie hollandaise. Des tours opérateurs étrangers auraient procédé à des annulations de leurs offres de voyages sur la destination Saint-Martin/Sint Maarten, ne voulant pas prendre la responsabilité d’envoyer leur clientèle vers une destination à risque.
 
LE SERPEND QUI SE mord la queue
 
A l’évidence, une nouvelle saison touristique égratignée viendrait encore approfondir le malaise social avec une fois encore des fermetures d’établissements touristiques et par ricochets d’autres entreprises, et à nouveau des pertes d’emplois. C’est le serpent qui se mord la queue dans cette mono-économie touristique, dépendante par définition, et dont tout le contexte local dépend. A ce stade, le seul espoir pourrait encore résider dans une vraie volonté politique de diversification de l’économie, avec de nouveaux débouchés et de nouvelles opportunités pour la jeunesse. N’est-il pas dit que l’espoir fait vivre ?