Skip to main content

Fusillade à Sandy Ground : un homme sous les verrous

Par Ann Bouard
11 June 2021
L’homme qui se présentait devant le tribunal mercredi en comparution immédiate était accusé d’être l’auteur des coups de feu ayant occasionné des blessures graves à une tierce personne le 24 avril dernier à Sandy Ground. Des faits commis en récidive.
 
Le casier judiciaire de l’homme fait déjà état de six condamnations entre 2012 et 2018 pour recels de biens, conduite sans permis ou sans assurance et violences. En avril, il avait été jugé pour des faits de violence en réunion commis en 2018, et placé le 5 mai sous contrôle judiciaire avec bracelet électronique.
 
Un trafic qui tourne mal ?
 
L’homme indique qu’ils se sont rendus ensemble en partie hollandaise pour acheter 20 $ de stupéfiant chacun. Cependant, l’enquête a démontré qu’aucun des téléphone des deux hommes n’a borné en partie hollandaise. Ils sont revenus chez lui pour fumer, ce qu’ils ont l’habitude de faire, et la victime se serait plainte de la qualité de la marchandise et serait partie vers sa voiture. C’est alors qu’il a entendu les coups de feu. Il sera retrouvé à côté de la victime à l’arrivée des pompiers et des gendarmes.
La victime affirme dans sa première déposition qu’elle devait lui acheter pour 100$ de stupéfiants mais qu’à son arrivée le prix était de 125$ et que cela n’était pas justifié. Le prévenu se serait vexé et l’aurait poussé (il a des traces sur le corps). Il lui claque la porte au nez et décide de partir rapidement car il savait que la situation pouvait dégénérée. C’est alors qu’il a entendu la première détonation derrière lui.
Difficile de savoir ce qui s’est exactement passé ce 24 avril, car si le prévenu lors de sa garde à vue reconnait l’altercation, il nie avoir tiré les coups de feu. Position qu’il maintient à la barre du tribunal affirmant que ce sont deux hommes cagoulés à scooter qui seraient les auteurs des tirs. La victime quant à elle fera deux autres dépositions, différentes de la première.
A priori trois coups de feu ont été tirés, et c’est le second tir qui a touché la victime à la jambe droite, lui fracturant le tibia et un orteil. La balle a ensuite continué sa course pour se loger dans sa cheville gauche. L’expertise du médecin légiste indique que la balle extraite de la cheville de la victime a été tirée du haut vers le bas et latéralement.
 
Des faits requalifiés
 
L’avocat de la victime fait remarquer que c’est une tentative de meurtre requalifiée en violence avec arme. Il note que la typologie des lieux correspond au rapport de l’expert concernant la trajectoire de la balle. Son client a eu 90 jours d’arrêt et n’est pas à l’abri de complications. Il demande donc que l’affaire soit renvoyée sur intérêts civils et une provision de 7000 € pour préjudices et 1500€ pour les frais de justice ainsi qu’une nouvelle expertise médicale de son client.
Le procureur note que l’enquête avait été ouverte pour tentative de meurtre, et que c’est seulement après l’intervention chirurgicale et après constatation que seule la jambe droite avait été visée que les faits ont été requalifiés. Il requiert contre l’accusé, 4 ans de prison et un mandat de dépôt et l’interdiction de détenir une arme pendant cinq ans.
L’avocate de l’accusé rejoint son confrère quant à la requalification des faits mais reproche que l’on juge son client à la hâte en comparution immédiate, d’autant qu’elle estime que la victime n’est pas fiable car elle a fourni trois versions différentes à chacune de ses auditions. Victime qui par ailleurs n’est pas présente au tribunal, et dont l’absence n’est pas justifiée par un certificat médical. Sur les éléments versés au dossier, elle note qu’ aucune balle n’a été retrouvée sur les lieux, pas plus que l’arme, que les témoins de la scène n’ont pas été entendus et que la trajectoire de la balle peut s’expliquer par un tireur plus grand que sa victime. Elle demande la relaxe de son client aux vues de tous ces éléments discordants.
A l’issue des délibérations, le tribunal a déclaré l’homme coupable et l’a condamné à une peine de deux ans ferme et à l’interdiction de détenir une arme durant cinq ans. Il est également reconnu responsable des préjudices subis par la victime et à ce titre doit verser une provision de 5000 euros et 1000 € au titre de l’article 475-1. Le tribunal a ordonné une expertise médicale de la victime. Un mandat de dépôt a été décerné et l’homme a été transféré en Guadeloupe. Son avocate a annoncé qu’elle faisait appel de la décision.
 
Ann Bouard