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Les contrôles à la frontière créent des vagues

07 August 2020
Depuis une semaine, des mesures de restriction de passages de la frontière ont été remis en vigueur par arrêté préfectoral, eu égard à la récente propagation active du Covid-19 sur l’ensemble du territoire et du caractère restreint de son système de santé. Des mesures qui ont des conséquences tant sur l’économie que sur l’identité de l’île.
 
Des contrôles qui sont impopulaires, l’île de Saint-Martin étant depuis toujours considérée somme une et unique, régie par le traité de Concordia de 1648, malgré cette spécificité d’être partagée entre deux nations. Par ailleurs, les commerçants et autres forces vives de la partie française subissent de plein fouet une double peine : celle d’être coupés d’une part importante de leur clientèle locale, mais également des potentiels touristes arrivés récemment par l’aéroport Juliana depuis les Etats-Unis. Nombreux sont ceux à s’interroger sur la cohérence de ces contrôles à la frontière ; les américains et européens arrivant à l’aéroport international Juliana, tout comme les français et les caribéens arrivant à l’aéroport régional de Grand Case, doivent être en possession d’un test PCR négatif de moins de 72 heures. De même, les américains étaient déjà depuis plusieurs semaines en mesure de fouler le sol français de l’île, par bateau ou par avion, en passant par Saint-Barthélemy, l’île ayant autorisé depuis le 22 juin dernier l’arrivée de ces passagers sur ses terres. Enfin, pour tous, le virus, s’il est bien présent sur le territoire de 90 km2, ne sera pas stoppé par une frontière physique, d’autant que malgré ces restrictions imposées, de nombreux passages sont opérés chaque jour. En définitif, une part importante de la population estime que ces contrôles n’auraient pas d’impact sur la propagation du virus, mais en revanche engendreraient un impact très négatif sur l’activité et l’image de l’île, en plus de créer un important embouteillage sur la route de Bellevue, dans le sens Sint Maarten / Saint-Martin.
 
Des restrictions jugées plus préjudiciables que bénéfiques

Dès hier matin, un groupement de citoyens avait décidé d’appeler à un rassemblement devant la préfecture, avec la ferme intention de rencontrer la préfète Feucher pour lui faire entendre sa voix, celle de dire NON à cette restriction de circulation à la frontière. Ils se sont retrouvés une petite vingtaine, dès 8 heures. Sylvie Feucher n’a pas souhaité les rencontrer et a en revanche demandé à rencontrer des représentants des socioprofessionnels. Ainsi Yann Lecam, président de l’association des commerçants de Marigot et Peter, président de l’association des Indiens, étaient-ils convoqués hier en début d’après-midi à la préfecture. Leur discours était clair : depuis le 31 juillet, l'activité, qui n'était déjà pas au meilleur de sa forme, s’est ralentie de façon très nette. Au même titre que cette activité avait repris très nettement le 2 juin dernier, jour où se sont arrêtées les premières mesures de contrôle à la frontière prises pendant la période du confinement. Leur objectif aussi clair : faire comprendre aux autorités locales de l’Etat que cette mesure semble plus préjudiciable que bénéfique pour l’île.
 
La sécurité sanitaire avant tout

A la sortie de cet entretien, Yann Lecam nous rapportait que la préfète Feucher aurait bien conscience des conséquences économiques de ces mesures prises, et aurait fait le choix de sacrifier le mois d’août afin de bien préparer une réouverture totale du territoire pour la saison prochaine dès novembre, en coopération avec les autorités néerlandaises. Toujours selon Yann Lecam, la préfète craindrait que, face à la recrudescence des cas de Covid, les autorités de la Guadeloupe et de la Martinique décident d’imposer à nouveau des restrictions pour les voyageurs en provenance de l’aéroport de Grand Case, un nouveau cluster en Martinique aurait été identifié comme provenant de voyageurs de l’île de Saint-Martin. Dans un autre registre, Yann Lecam nous indiquait également avoir une nouvelle fois sensibilisé la préfète sur le nombre important de refus de dossiers de demandes du Fonds social d’urgence, des entreprises qui seraient pourtant légitimes pour l’obtenir. La préfète aurait assuré vouloir reprendre ces dossiers avec les organismes compétents pour étude.
 
Appel à un rassemblement pacifique demain matin à Bellevue
 
De son côté, le Mouvement pour la Justice et la Prospérité (MJP), conduit par le conseiller territorial de l’opposition Louis Mussington, appelle à un rassemblement pacifique demain, samedi 8 juillet, à 8h30 à Bellevue, au point de contrôle installé par les forces de l’ordre. Une pétition « Freedom of movement / Libre circulation – One Island Saint-Martin » est également mise en ligne sur le site www.change.org. Hier après-midi, plus de 300 personnes avaient validé leur signature.