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Un portrait, un métier, une histoire : Sandra, pompier à Saint-Martin

Par Ann Bouard
21 January 2019
Dans chaque quartier, l’exposition Face of Saint-Martin présente les portraits d’hommes et de femmes qui œuvrent tous, dans la pratique de leur métier, à la reconstruction de l’île. Mais qui sont-ils vraiment ? C’est ce que nous avons voulu savoir en allant à leur rencontre. Premier volet de cette série, Sandra, adjudant à la caserne des sapeurs-pompiers de la Savane.

Sandra aurait pu être institutrice, une carrière convoitée par beaucoup de petites filles, mais elle préférait déjà à l’époque le sport et les métiers d’actions. Elle passe malgré tout un Bac D (Bac S, de nos jours) et s’oriente vers des études scientifiques, jusqu’au jour où elle se demande ce qu’elle voudrait vraiment faire de sa vie. Elle arrête tout, envisage d’être prof de sport, gendarme ou militaire … Mais dans l’armée, il faut utiliser des armes qui peuvent voler des vies, impensable pour Sandra. Chez les pompiers, elle entrevoit qu’elle peut exercer un métier d’actions tout en sauvant des vies. Son choix était fait.

DE VOLONTAIRE À PROFESSIONNELLE

En 2002, elle intègre les sapeurs-pompiers de Guadeloupe en tant que volontaire. Dès l’année suivante, elle suit une formation pour devenir professionnelle. A l’issue de celle-ci, elle est recrutée en 2004 à Saint-Martin en tant que simple sapeur. Quinze ans plus tard, elle est sous-officier avec le grade d’adjudant. Selon Sandra, c’est l’un des atouts de ce métier, car si l’on n’est pas sûr de son choix on peut débuter comme pompier volontaire et exercer un autre métier en parallèle ... ce qui est le cas de 80% des pompiers. Pour devenir professionnel, il faut suivre une formation et passer les concours. Aujourd’hui, sur l’ensemble des effectifs nationaux, un sapeur-pompier sur six est une femme. A noter, les femmes sapeurs-pompiers volontaires ont été acceptées en 1974 par le gouvernement et en 1976 seulement en tant que professionnelles.

UNE APTITUDE PHYSIQUE ET MENTALE

Pour entrer chez les pompiers, il faut mesurer 1m60, mais il y a une tolérance. Sandra, elle, fait 1m59 et utilise son petit gabarit comme un atout. Elle pourrait être un écureuil, la personne qui se faufile dans les endroits inaccessibles, mais elle est bien plus que cela. Son statut de femme est, au sein de l’équipe, un atout supplémentaire qu’elle utilise lors des interventions où les femmes sont en cause. Le dialogue s’instaure plus facilement et dans d’autres situations, sa présence a un côté rassurant pour les victimes. Mais être une femme chez les pompiers ne donne pas de privilèges. Les aptitudes physiques exigées sont les mêmes que pour les hommes. Sandra pratique la course à pieds, très tôt le matin, et fait des exercices de musculations pour se maintenir au top de sa forme.

UN MÉTIER QUI FAIT MURIR

Si c’était à refaire, elle ne reviendrait en aucune manière sur son choix, même si ce métier demande une organisation à toute épreuve lorsque l’on est mère, que les gardes durent 24 heures, que l’on peut être appelé pendant les jours de repos. Tout cela est contrebalancé par la richesse du métier, aux multiples spécialités ou chacun peut trouver à s’épanouir, par la proximité avec la population, par le travail en équipe. 
Et si les pompiers sont formés au feu, essentiellement de broussailles à Saint-Martin, ils interviennent principalement pour le secours aux personnes. Des missions qui les amènent à se confronter aux problèmes des autres et où les décisions doivent être prises rapidement.  Son seul vrai regret, ne pas avoir choisi cette carrière plus tôt !

Ann Bouard