Jour du dépassement : et si on en parlait ?
Chaque année, la date du « jour du dépassement de la terre » est calculée en comparant la consommation annuelle de l’humanité en ressources écologiques (empreinte écologique) à la capacité de régénération de la terre (biocapacité). La France vit à crédit depuis le 7 mai dernier et l’information est passée totalement inaperçue.
Le 7 mai, c’est l’arrivée de la flamme olympique à Marseille qui a fait la une des médias nationaux. L’amusement et la liesse populaire sont là pour faire oublier que le monde va mal, et ont occulté que ce 7 mai la France avait virtuellement consommé l'ensemble des ressources que la Terre peut lui fournir en un an. Traduction : si la population mondiale vivait comme les Français, l’humanité aurait besoin de 2,5 planètes Terre pour satisfaire ses besoins. Et ça, ce n’est visiblement pas notre préoccupation.
FLASH BACK
La date du Jour du Dépassement de la Terre, calculée sur la base des Comptes Nationaux d’Empreintes 2023, était le 25 décembre en 1971. Une décennie plus tard, elle était avancée d’un mois et dans les années 90, encore d’un mois supplémentaire, soit en octobre. Mais à dater des années 2000, la spirale s’est accélérée de manière encore plus inquiétante, fixant cette date en août à partir de 2019. Seul moment de répit, la pandémie qui a mis à l’arrêt toutes les productions mondiales et a permis de gagner quelques jours sur cette date fatidique. Mais la consommation n’a eu de cesse de reprendre et en 2023, le 2 août les ressources qui auraient dû faire vivre la population mondiale toute l’année étaient déjà épuisées. 2024 ne verra pas d’améliorations et l’appauvrissement des ressources se poursuit au-delà de toutes les estimations alarmistes avec qui plus est, des différences notables selon les pays.
À QUI JETER LA PIERRE ?
Dans l’imaginaire collectif, c’est de la Chine d’où viennent tous les maux. Dans la réalité, les pays européens sont bien plus mauvais élèves avec en tête le Luxembourg (20 février, juste derrière le Qatar, 11 février et devant les États-Unis, 4 mars et le Canada, 15 mars) ; la Chine, elle, atteindra ce seuil critique ce 1er juin.
Chez les Européens ce sont les Belges les plus grands fautifs. Le 23 mars, soit en moins d’un trimestre, ils ont épuisé leur crédit de ressources naturelles que la Terre est capable de produire en un an. Les Pays-Bas se placent en 8e position, l’Allemagne en 17e place et la France en 18e place dans cette compétition où l’intérêt serait d’être dernier sur les 200 pays comptabilisés.
Tout cela peut sembler immatériel, mais va impacter le quotidien de tout un chacun, et pas dans 50 ans, maintenant ! Les bouleversements climatiques, outre les catastrophes qu’ils déclenchent, vont générer aussi un « Jour Zéro » … Les habitants de Mexico se préparent déjà à ce Jour zéro. 80% du Mexique est soumis à une sécheresse historique et le barrage qui alimente la capitale, quasi à sec. Les autorités mexicaines envisagent une coupure totale d'eau le 26 juin prochain. 21 millions d'habitants de la métropole pourraient se retrouver sans une seule goutte d'eau dans les robinets, et ça, c’est du concret !
