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Chapeau Monsieur le maître-nageur !

Par Ann Bouard
4 juin 2024

Si vous faites partie des quelque 30 000 enfants qui en 37 ans ont appris à nager à Saint-Martin, alors vous connaissez Paul Dinane. Le 21 mars, il donnait son dernier cours de natation à Grand Case, pour prendre à 69 ans une retraite bien méritée. Vendredi dernier, une soirée honorifique lui était consacrée.

Cette soirée était à l’image de l’homme, bienveillant, drôle et convivial. Figure de Saint-Martin, Paul Dinane est en effet un homme à la personnalité attachante, avec lequel nombre de Saint-Martinois ont grandi, attendant chaque semaine avec impatience la séance de natation. Il restera incontestablement LE maître-nageur de Saint-Martin dont tout le monde se souviendra.

COMME UN POISSON DANS L’EAU

Depuis sa naissance à Baie-Mahault, et aussi loin que ses souvenirs l’emmènent, la natation a toujours été au coeur de sa vie. En 1975, il fait son service militaire en Vendée et coïncidence, il y a une piscine juste devant la caserne. Il passe son brevet de maîtrenageur sauveteur, et exercera ensuite à Marseille. Il obtiendra alors un diplôme pour bébés nageurs, puis ajoutera la spécialisation maternité.

Le 31 mars 1987, il arrive à Saint-Martin et débute la natation scolaire à Grand Case. Une fonction qui va l’occuper pendant près de 37 ans, mais hyperactif, il donne en parallèle des cours de tennis, pratique le vélo, l’athlétisme, le yoga… En 1993, il valide son brevet d’état au CREPS de Guadeloupe.

Loïc Tonton, maire de la Désirade, avait lui aussi tenu à être présent pour lui adresser les remerciements de tous les Désiradiens. En effet, il y a 40 ans de cela avec son frère Félix, Paul avait entrepris de rallier à la nage la Désirade à la Marina de Saint-François, soit 30km dans un canal connu pour ses forts courants ; une entreprise périlleuse, à tel point que sur les six nageurs engagés quatre avait jeté l’éponge à la Pointe des Châteaux. Seuls Paul et Félix avaient réussi cet exploit, aujourd’hui encore toujours inégalé, et qui leur a valu l’année dernière, une plaque commémorative et une exposition en marge des festivités de la "Fèt a kabrit".

LA RECONNAISSANCE DE SES PAIRS ET AMIS

Paul Dinane aux yeux de tous est tout simplement la référence et la définition même de la natation sur le territoire! Compétent, passionné, patient, pédagogue… ses qualités reviennent sur toutes les lèvres. Difficile pour ceux qui le connaissent de lui trouver un défaut, si ce n’est sa propension au bavardage ! Wendy Gumbs, ancienne cheffe du service des sports de la Collectivité, a été la première à prendre la parole. Elle, qui a appris à nager avec Paul, est devenue quelques années plus tard sa supérieure et ensemble ils ont vécu 10 ans de collaboration. Elle décrit un homme de terrain, toujours avec son chapeau, qui lui a appris que sans obstacle, la vie n’avait pas de saveur, et que si le mot problème était dans le dictionnaire, c’était bien pour l’utiliser. Il en avait d'ailleurs fait la démonstration lors du Covid en se procurant 300 m de corde pour que chaque élève puisse pratiquer dans un couloir individuel.

À l’issue de son discours, elle lui a remis une affiche qui résume un peu la vie de Paul : « les rêves d’une génération deviennent la réalité des suivantes ». L’un des rêves, et peut-être le seul regret de Paul, était une piscine digne de ce nom pour enseigner la na-tation. Se sont succédé à la tribune Marc Ménard et Charles Henri Palvair pour le sport, Andy Armongon au nom de l’éducation nationale, Paul Dollin au nom des représentants du personnel de la Collectivité… tous restent marqués par l’empreinte indélébile de cet homme sur la communauté, qui a effectivement oeuvré pour que la natation soit une compétence acquise par tous les enfants. Le mot de conclusion est revenu à Dominique Louisy, estimant normal que la Collectivité rende un hommage à cet homme qui a appris la natation à des milliers d’enfants, mais aussi à des adultes, toujours avec bienveillance et modestie. Aujourd’hui, c’est un nouveau chapitre de sa vie qui s’ouvre, et gageons que cette retraite sera des plus remplies. Bénévole de la Croix-Rouge et formateur aux 1er secours, on pourra encore le croiser au détour d’un poste de secours sur une plage, ou découvrir avec lui sa dernière passion, le Neurofeed-back. Espérons juste que la Désirade ne fasse pas le souhait que l’enfant prodige revienne au pays.

Ann Bouard

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