L’eau de ville polluée aux bromates
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L’annonce vendredi dernier de la pollution de l’eau de ville aux bromates a encore l’effet d’une bombe sur les réseaux sociaux. L’exaspération de la population est à son comble, exacerbée par les échouages de sargasses massifs et la pollution de l’air par les brumes de sable, tous ces derniers jours. Cette pollution de l’eau de ville qui vient s’ajouter pourrait être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Dans un communiqué produit ce week-end, la Collectivité faisait part d’informations peu rassurantes, puisque aucune « recherche formelle et institutionnelle de bromates dans l’eau potable à Saint-Martin ne semble pas avoir été réalisée avant le mois de mai dernier ». Et d’ajouter, « les seules mesures existantes dont dispose l’EEASM relèvent d’auto-analyses sporadiques réalisées par le délégataire (GDE à l’époque) depuis 2010, date à laquelle cette mesure a été imposée par l’arrêté du 21 janvier 2010 modifiant l'arrêté du 11 janvier 2007 relatif au programme de prélèvements et d'analyses du contrôle sanitaire pour les eaux fournies par un réseau de distribution ». Des informations néanmoins relativisées en évoquant qu’il est à noter « qu’aucune crise majeure liée à l’ingestion de bromates n’a été identifiée depuis qui puisse être concordante avec les symptômes potentiels décrits par l’ARS ».
NÉGLIGENCE ?
Des prélèvements qui n’ont pas été effectués, alors que par mesure de précaution et au regard de cette même pollution qui a été détectée depuis près d’un an sur l’île sœur de Saint-Barthélemy, ils auraient certainement dû être réalisés. En effet, l’île voisine de Saint-Barthélemy qui produit son eau de ville selon le même procédé de désalinisation et dont le délégataire de service public est également la SAUR, est affectée par cette même pollution depuis le mois d’août de l’année dernière. L’élue territoriale de Saint-Barthélemy, Hélène Barnier, écrivait un post sur sa page Facebook faisant part du fait qu’elle avait souhaité prendre le taureau par les cornes pour ce problème qui perdure depuis près d’un an et indiquait être venue à Saint-Martin courant du mois de mai pour rencontrer la préfète : « En effet, même si la distribution de l’eau doit être assurée par la Collectivité, la santé publique demeure néanmoins une compétence de l’Etat ». Cette démarche aurait, selon l’élue, provoqué la demande d’analyses à Saint-Martin. Lesquelles analyses réalisées en mai révélaient une pollution similaire mais dans une moindre mesure.
Depuis 2008, le Code de Santé publique fixe la norme de concentration du bromate qui ne doit pas dépasser 10 μg/l. A Saint-Barthélemy, des analyses ont révélé 15μg/l. Sans indiquer les taux relevés pour Saint-Martin, le communiqué de la Collectivité indique toutefois que « les taux relevés par l’ARS à Saint-Martin en mai 2019 sont trois fois inférieurs à ceux qui ont été relevés à Saint-Barthélemy ».
INCRIMINATION DES DÉLAIS POUR LES RÉSULTATS D’ANALYSES
Et là où le bât blesse encore, ce sont les délais importants pour obtenir les résultats de ces analyses. En effet, les conclusions des prélèvements réalisés en mai dernier ne sont parvenues que le 21 juin dernier. « De nouvelles analyses du taux de bromates ont d’ores et déjà été ordonnées par l’EEASM avec une demande affirmée de réduction des délais de restitution des résultats afin de pouvoir adapter au plus vite et au mieux les nécessaires mesures correctives et/ou palliatives », précise encore la Collectivité.
PAS D’INFOS SUR LE SITE DE L’ARS !
Si le contrôle sanitaire des eaux destinées à la consommation fait partie des prérogatives de l’Agence Régionale de Santé (ARS), force est de constater que l’agence locale de Saint-Martin n’avait pas encore hier, lundi, mis son site internet à jour. Les communiqués présents sur son site ne concernent que la pollution à Saint-Barthélemy…
DISTRIBUTION D’EAU POTABLE AUX POPULATIONS LES PLUS SENSIBLES
La Collectivité et l’EEASM ont mis en place depuis lundi un circuit de distribution d’eau auprès des populations les plus sensibles (Hôpital, EHPAD, établissements scolaires en collaboration avec la CTOS, et services publics plus globalement) et informent qu’ils adapteront les moyens et le spectre de la distribution publique en fonction des résultats et des progrès réalisés pour résorber ces taux de bromates.
De même, « la Collectivité invite également la population à rester au contact des médias et autres sources d’information, pour suivre les communiqués que la Collectivité et l’EEASM ne manqueront pas de diffuser au fil de l’évolution de la situation ».
AUCUNE INFORMATION OFFICIELLE COMMUNIQUÉE AUX RESTAURATEURS
Contactés, des restaurateurs de l’île nous informaient qu’ils n’avaient pas été destinataires d’une quelconque communication officielle émanant des autorités interdisant l’utilisation de l’eau du robinet. Ceux contactés nous indiquaient continuer à préparer leurs plats avec l’eau du robinet…
RAPPELS DES CONSIGNES
LES BROMATES DANS L’EAU, EXPLICATION