Le Grand Port Maritime de Guadeloupe rassure, mais Saint-Martin peut-elle vraiment respirer ?
Lors de sa visite en Guadeloupe, Manuel Valls a profité de l’inauguration du siège EDF pour faire une incursion au port de Jarry tout proche; le développement des installations portuaires constituant un réel enjeu économique pour tout l’archipel. En effet, indépendamment de l’achèvement total des chantiers en cours, le port de Guadeloupe accueillera les nouveaux mastodontes des mers dès septembre 2025.
C’est en substance le message délivré par les autorités du Grand Port Maritime de Guadeloupe (GPMG) lors de leur dernière conférence de presse en janvier dernier. Cette rencontre avec la presse visait à apaiser l’inquiétude montant face à l’arrêt des travaux sur le port de Jarry pour cause de fragilisation des sols après l’installation de 70% des pieux destinés à asseoir les fondations de l’extension du quai 12. Cet incident est survenu sur le chantier de l’un des trois grands aménagements prévus pour transformer Jarry d’ici 2027 et faire de la Guadeloupe un point incontournable du fret maritime capable d’accueillir les nouveaux mastodontes de mer.
Avec cet objectif en ligne de mire, les autorités du port affichaient une nouvelle fois leur confiance avec la présentation de leur bilan en février dernier. Ce rappel des différents chantiers sur lesquels le GPMG est engagé, afin de concrétiser le projet de Hub Antilles, avait pour ambition de dissiper les derniers nuages de doute au-dessus des approvisionnements de Saint-Martin.
Malgré ce discours rassurant, avec 80% de ses importations provenant de l’Europe et l’éventuelle centralisation des transits par la Guadeloupe, les acteurs économiques de Saint-Martin ne peuvent encore pas relâcher de soupir de soulagement.
Rien n’est encore décidé
Pour trouver une solution face aux difficultés rencontrées par le chantier sur le port de Jarry, un expert est attendu. La délivrance de son rapport planifié pour la fin avril donnera au GPMG la nouvelle direction à prendre pour garantir la mise en exploitation du quai dans des conditions optimales. Les autorités du port affirment également avoir ajusté le planning des travaux, mais sans remettre en cause la date prévisionnelle de leur achèvement prévu fin 2026 - début 2027.
Les portiques nouvelle génération, clé de voûte du second chantier, arriveront bien à la fin du mois de mai prochain et leur mise en sécurité devrait se faire avant la saison cyclonique. Tout semble sur les bons rails et pourtant la dernière ronde sur le fret organisée par la délégation sénatoriale aux outre-mer révèle bien des trous dans ce beau tableau.
Interrogé sur la question, le vice-président des lignes outremer CMA-CGM, Grégory Fourcin répond qu’au vu de la situation, la ligne entre le Havre et Philipsburg restera opérationnelle afin de garantir l’arrivée des porte-conteneurs sur l’île. En d’autres termes, l’avenir des lignes d’approvisionnement maritime de Saint-Martin reste à définir. Toujours selon Grégory Fourcin, il n’est pas encore acté que la Guadeloupe centralisera les approvisionnements de Saint-Martin, bien que cette option reste la plus réalisable au vu de la proximité de l’île papillon.
Si ce choix devait être validé, ce changement impliquerait des changements en termes de coûts et de délais qui inquiètent à la fois les politiques et les commerçants de l’île. Encore plus dans le contexte de vie chère ambiant.
