Première Maison des Femmes aux Antilles
Quand le projet a émergé, il n’existait qu’une seule maison des femmes, à Saint-Denis, en banlieue parisienne. Aujourd’hui, le collectif ReStart en compte 22 dont celle de Saint-Martin, la seule à ce jour aux Antilles. Elle a été inaugurée mercredi dernier en présence de tous les acteurs ayant pris part au projet, des élus et des représentants des services de l’État.
Ce lieu d’accueil, d’écoute, d’informations, de soins, d’accompagnement et d’orientation dédié aux femmes victimes de violences est malheureusement indispensable dans notre société actuelle et d’autant plus en outre-mer où les violences conjugales et intrafamiliales sont de plus en plus nombreuses.
L’année dernière en France 94 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon. À Saint-Martin, l’actualité récente démontre que les coups, ici aussi, peuvent être fatals. Entre 2022 et 2023, les violences ont augmenté de 47%, a rappelé Sybel Aydin, directrice adjointe de France Victimes 978 et coordinatrice de la Maison des Femmes de Saint-Martin.
Les femmes victimes de violences vivent un enfer au quotidien et difficile pour elles de sortir d’une spirale infernale. La Maison des Femmes a été créée pour leur permettre, dans un seul lieu, de faire toutes les démarches nécessaires pour retrouver une vie normale.
« ON PEUT S’EN SORTIR, ON N’EST PAS CONDAMNÉE À ÊTRE UNE FEMME BATTUE ».
Ce sont les propos de Clara Kata, marraine de la Maison des Femmes de Saint-Martin et elle-même autrefois victime de violences. Aujourd’hui, c’est une femme épanouie dans sa vie professionnelle et privée avec un seul regret, celui de ne pas avoir pu bénéficier de ce genre de structure quand elle en avait besoin.
Le concept du lieu réside en effet dans la prise en charge globale des femmes, avec une concentration de tous les services. Ce sont les professionnels qui se déplaceront pour rencontrer les victimes afin de leur éviter d’enchaîner déplacements et démarches. Souvent le plus difficile est la première étape, le dépôt de plainte. Avec la possibilité de le faire sur place, il ne leur sera plus nécessaire de se rendre à la Gendarmerie (plainte hors les murs). Un grand pas pour libérer la parole, salué par Michaël Janas et Éric Maurel, respectivement président et procureur général de la Cour d’appel de Basse-Terre.
Ce sera tout à la fois un refuge et un rempart pour que les femmes se sentent en sécurité et où elles pourront reconstruire leur vie, physiquement et psychologiquement.
UNE COLLABORATION FRUCTUEUSE
Ce projet ambitieux est le fruit d’une collaboration exemplaire, comme l’a souligné le Préfet Vincent Berton, entre les services de l’État, la Collectivité de Saint-Martin, l’hôpital et France Victimes 978, dont le directeur Olivier Fatou, s’est battu pendant des mois pour le concrétiser.
Vincent Berton, s’est engagé à ce que les services de l’État soient partenaires de la structure pour l’accompagner. Même engagement de la Collectivité par la voix de Michel Petit, 4e vice-président, représentant Louis Mussington le jour de l’inauguration.
Les discours se sont conclus sur la lecture d’un poème de Charles Baudelaire, extrait des Fleurs du Mal. Tout un symbole ! Avant de couper le ruban officialisant l’ouverture de la Maison des Femmes, le Préfet a énoncé une très jolie phrase : « La France est une femme, c’est Marianne » … à méditer par tous les hommes !
Maison des Femmes – 5 rue du Capitaine Froston à Marigot – 06 90 50 31 31.