Accéder au contenu principal

Obligation vaccinale : Daniel Gibbs écrit au Ministre de la Santé

26 Octobre 2021
Faisant suite à la grogne montée en préfecture jeudi dernier, le président Gibbs a reçu vendredi matin les représentants du personnel de l’hôpital et les a informés de sa décision d’intervenir auprès du Ministre de la Santé. Chose faite avec une missive adressée hier à Olivier Veran mettant en évidence les facteurs socio-économiques et démographiques du territoire face aux chiffres de la pandémie, ainsi que le contexte social tendu qui montre les signes d’une explosion. Extraits.
 
« Actuellement, l’épidémie de COVID-19 s’inscrit, localement, sur une phase descendante, avec un taux d’incidence hebdomadaire s’établissant autour de 80 cas / 100 000 habitants. Pour autant, il convient de bien prendre en compte la faible population du territoire (35 000 habitants) : le fameux seuil d’alerte de 50 cas hebdomadaires COVID / 100 000 habitants est ainsi dépassé à partir de seulement 18 nouveaux cas/semaine à Saint-Martin... Depuis Mars 2020, nous déplorons 55 morts du COVID. Soit 0,15 % de la population saint-martinoise, à comparer à la moyenne nationale (0,18 %). Cet été, la « 4ème vague » a été violente, mais in fine moins meurtrière qu’en Guadeloupe et en Martinique ; même si le bilan a été alourdi par notre faible niveau de vie, notre situation de « double insularité » limitant le recours aux EVASAN, et par les comorbidités structurelles subies par les Saint-Martinois (diabète, obésité, hypertension)… En revanche, nous avons été relativement épargnés par deux facteurs : Notre pyramide des âges : les plus de 80 ans (qui, au niveau national, représentent 60 % des décès du COVID) ne rassemblent que 1,2 % de la population locale ; c’est quatre à cinq fois moins qu’en Guadeloupe (5 %) et en France hexagonale (6,1 %) ; Notre taux de vaccination, et ce contrairement aux clichés et aux idées reçues. Si l’on considère la population globale, seuls 36,3 % des Saint-Martinois ont certes reçu au moins une injection au 21 Octobre ; mais ce taux est tiré vers le bas par une proportion de personnes non éligibles plus importante qu’ailleurs (18 % de 0-11 ans, contre 13 % au niveau national). Or, il s’avère bien plus favorable lorsque l’on prend en compte les âges « vulnérables », là où la vaccination est la plus efficace : ainsi, s’agissant des 75-79 ans, le taux, légèrement supérieur à 87 % pour une injection, se rapproche du niveau national (97 %) : fait peu connu, c’est le meilleur taux outre-mer sur cette tranche d’âge. Dès lors, aujourd’hui plus que jamais, les mesures sanitaires édictées par l’Etat ont vocation à résolument prendre en compte les spécificités démographiques, économiques et sociales du Territoire (…).
 
Des suspensions de postes préjudiciables à l’offre de soins
 
Dans un contexte social dégradé et proche de l’explosion, outre demander la gratuité des tests (antigéniques et salivaires) au-delà du 15 novembre, le président Gibbs insiste sur « l’impérieuse nécessité de renforcer les moyens budgétaires, matériels et humains de l’hôpital de Saint-Martin » qui permettrait une réduction des évacuations sanitaires et, s’agissant de l’obligation vaccinale pour le personnel hospitalier, en appelle au bon sens comme cela a été le cas pour la Martinique : « la suspension, brutale, de dizaines de soignants tend ainsi à occasionner de préjudiciables carences et ruptures en termes d’offre de soins à la population (…) » et plaide pour « des assouplissements pragmatiques, assortis d’initiatives susceptibles de rétablir le dialogue (…). Et de demander « la mise en œuvre d’un plan de Désescalade » des conflits sociaux qui montrent chaque jour leur latence.