Commémoration : un 14 juillet sous le signe des 10 ans de la Collectivité
Comme chaque année, les célébrations du 14 juillet ont débuté par l’inévitable messe en l’église catholique et le traditionnel dépôt de gerbes au monument aux morts. La population et les visiteurs ont pu ensuite voir, sur le boulevard du front de mer, le défilé d’une section de gendarmes, de sapeurs-pompiers, de scouts et de groupes de tambours ainsi que des majorettes et les jeunes danseuses du groupe Grain d’Or.
C’est en présence du gouverneur et du chef du gouvernement de Sint-Maarten, ainsi que du gouverneur et du chief minister d’Anguilla, que les élus de Saint-Martin et la préfète ont prononcé leurs discours.
« Si vous me voyez ému, devant vous ce matin, c’est que ce 14 juillet est particulièrement chargé de symboles à mes yeux. D’abord, parce qu’il est le premier que je célèbre en tant que président de la Collectivité. Mais aussi bien sûr, parce que ce 14 juillet est le témoin d’une décennie d’un Saint-Martin devenue Collectivité d’Outre-mer », a déclaré en préambule le président Daniel Gibbs.
Ce dernier a assuré que « Liberté, égalité, fraternité : tels sont les piliers de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen, tels sont les socles de notre Constitution. Elles ne sont pas de vains mots (…) Elles nous invitent à nous engager avec lucidité et courage pour l’intérêt général ».
Sortir de la tutelle de la Guadeloupe
Le président Gibbs a rendu hommage aux bénévoles du milieu associatif de l’île, ainsi qu’à tous ceux qui œuvrent au service du bien commun et de la population, « notamment à nos forces de l’ordre, mais aussi aux personnels de nos écoles, aux professionnels de la santé… ».
L’occasion d’adresser ses félicitations à tous les écoliers, les collégiens, les lycéens et les étudiants de Saint-Martin. Tout en déclarant aux étudiants qui quitteront l’île pour poursuivre leurs études, « je souhaite que vous gardiez toujours bien à l’esprit que vous êtes les ambassadeurs de Saint-Martin ».
Et si la Collectivité fête ses dix ans, « il est temps de sortir de la tutelle de la Guadeloupe, qui nous pénalise tout particulièrement dans le domaine, pourtant crucial et prioritaire, de l’éducation ».
Daniel Gibbs a dressé un constat, « tout d’abord, celui d’une administration à bout de souffle. D’une Collectivité qui, dix ans après son accession au 74, continue de fonctionner comme une commune, avec son lot d’insécurité juridique. Aussi, ai-je pris l’engagement de revaloriser et de moderniser notre administration ».
Le président est revenu sur quelques points importants de son début de mandat, en assurant que l’audit fiscal qui doit permettre d’élaborer une fiscalité « simple, claire, cohérente et juste », débutera au mois d’octobre prochain.
Egalement, la mise en place d’une programmation pluriannuelle d’investissements doit voir le jour grâce à un partenariat avec l’AFD (Agence française de développement).
Daniel Gibbs considère avoir bien avancé sur l’élaboration de la stratégie touristique 2017-2020, et en matière d’urbanisme il est prévu « dans un premier temps » de « toiletter notre POS », mais aussi de régulariser les quelques 300 dossiers « 50 pas géométriques » en souffrance.
Considérer le gouvernement comme un partenaire
Lors de sa prise de parole, le sénateur Guillaume Arnel a rendu un hommage aux Niçois suite à l’attentat du 14 juillet 2016. « Les crises sociales, sociétales, politiques, économiques, identitaires doivent nous interpeller (…) Mais ne doivent en aucune manière nous détourner de nos responsabilités (…) Il est de notre devoir de trouver de nouvelles formules, de nouvelles innovations, de nouveaux principes pour corriger les inégalités de ce monde, et vaincre cette spirale de colère qui semble s’amplifier ».
Pour ce qui est de la Collectivité, le sénateur Arnell affirme, « il nous reste à faire converger nos efforts, notre intelligence et nos ambitions vers un seul et même destin, le rayonnement de notre territoire (…) Le gouvernement n’aura de regards et d’attention pour nos difficultés qu’à la condition de le considérer comme un partenaire et que nous aussi, nous fassions preuve de discernement et de mesures dans nos orientations et nos choix ».
Tout en affirmant qu’il continuera « à servir ce territoire, qui m’a tant donné, avec celles et ceux qui le souhaitent. Je l’ai clairement exprimé à cette nouvelle majorité ».
Notre statut est perfectible
Lors de son bref discours, la députée Claire Javois a précisé que « cette célébration de la Nation est l’occasion de rappeler à mon tour les valeurs de la République : la liberté, l’égalité et la fraternité. Plus que jamais, dans un pays en proie aux doutes et aux pertes de repères, il me semble que le rassemblement autour de ces trois valeurs est essentiel ».
La députée a rappelé, à l’occasion des dix ans de la COM, qu’elle a eu « l’honneur de participer à ce vaste chantier de la mise en place de nos compétences nouvelles, en prenant la direction de ce qui allait devenir le Pôle Social de la Collectivité ». Et si la prise d’autonomie constitue, selon Claire Javois, une amélioration par rapport au passé, « notre statut est perfectible et je travaillerai également en ce sens, de concert avec le président Gibbs et son équipe ».
L’Etat présent aux côtés de la Collectivité
Dernière à prendre la parole, la préfète Anne Laubies a déclaré avoir une pensée toute particulière pour Aline Hanson. Avant de souligner « que cette année à une saveur toute particulière avec ces dix ans (…) L’aboutissement de l’évolution institutionnelle et la mise en place des institutions sont porteuses d’un important travail de collaboration au moment où les discussions ont eu lieu et elles ont conduit à une loi organique qui est ce qu’elle est. Comme toute loi, elle est évidemment perfectible et son application est toujours perfectible ».
La préfète Laubies a assuré, au président Gibbs et aux parlementaires présents, « que l’Etat sera présent à vos côtés, parce que pour moi, l’île de Saint-Martin est riche de potentiels. Elle a un vrai avenir, elle a des défis et il nous appartient de les relever ».