Skip to main content

Fête de Sandy Ground : des discours en forme de mise au point

Par Ann Bouard
19 août 2024

C’est une tradition lors des festivités dans les quartiers que de faire le bilan des actions et le point sur les projets. Cette fête de Sandy Ground n’échappait pas à la règle, mais cette année les discours étaient teintés d’une certaine impatience quant à l’avancement des projets pour les habitants et d’inquiétudes quant à certains comportements pour les autorités locales.

C’est à Cédric André, représentant du Conseil de Quartier N°6, qu’est revenu l’ouverture des discours protocolaires, avec d’entrée de jeu une question

« Que représente Sandy Ground pour vous ? », adressée à l’assemblée constituée du Préfet, du député, du Président de la Collectivité, des conseillers territoriaux, de la présidente du CESC, des membres du clergé, des représentants des associations et des personnels civils et militaires de l’État.

« DIAGNOSTIC DES BESOINS DU QUARTIER »

En tant que porte-parole des habitants de Sandy Ground, Cédric André a remercié le Président pour l’avancée du terrain de basket, les gendarmes de proximité pour être ouverts à la discussion, mais a également fait part de leurs préoccupations concernant la régularisation des 50 pas géométriques, de leur impatience sur la sécurisation du stade alors que l’argent a été

alloué, ou encore de leurs inquiétudes sur leur sécurité en période cyclonique. Ce dernier point a été détaillé dans un courrier adressé au Président et au Préfet, resté à ce jour sans réponse. Ce que regrette Cédric André : « on est obligé de se mettre sur la route pour faire avancer les choses. Je vous demande au nom du peuple de Saint-Martin et de Sandy Ground de faire avancer les choses, car les gens sont face au mur». Cédric André a profité de cette occasion pour solliciter une rencontre avec les autorités et en présence des membres du Conseil de Quartier a remis à Louis Mussington et à Vincent Berton un document intitulé  « diagnostic des besoins du quartier », demandant leur aide pour que cela devienne une « vraie réalité ».

Le Préfet a confirmé avoir reçu le courrier sur les questions de création d’un centre de secours, de mise en place d’un abri, du fonctionnement de sirènes d’alerte, et a promis une rencontre, très rapidement, pour en discuter.

CHANGEMENT DE CAP POUR LES 50 PAS GÉOMÉTRIQUES

Sur la question des 50 pas géométriques, Louis Mussington est revenu sur sa promesse, faite l’année dernière sur ce même podium de céder pour un euro symbolique les parcelles concernées.  Il a admis ouvertement que c’était une erreur de sa part, car cela n’est pas une réponse équitable, pour ceux qui ont acquis des terrains au prix. Après concertation avec Marc-Etienne Pinauldt, en charge des désordres fonciers, il a indiqué qu’un système de décote pourrait être envisagé. Celui-ci prendrait en compte la situation sociale de chaque famille ; ce qui permettrait aux plus modestes de pouvoir accéder à moindre coût, voire quasi gratuitement à ces parcelles. Il a invité les représentants du conseil de quartier à la Collectivité pour en discuter dès septembre.

Le Président a réaffirmé la volonté de l’exécutif de ne pas abandonner le quartier, même si plusieurs dossiers ont pris du retard pour diverses raisons, admet-il : « il est temps que nous prenions le taureau par les cornes pour faire avancer l’ensemble des dossiers sur lesquels nous nous sommes engagés ».

ACCÉLÉRER !

Le temps qui passe et la reconstruction post Irma qui a pris beaucoup de retard, et est encore loin d’être terminée, sont des sujets auxquels s’est également attaché le Préfet délégué. S’il salue les travaux engagés par la Collectivité pour la MJC, le terrain de basket ou le stade, il reconnaît que «les beaux discours, que nous faisons chaque année devant vous, ne sont que du sable un jour de tempête ; il faut aller plus vite et plus loin ». Si l’État met des moyens conséquents à Sandy Ground (8M€ en investissement 1M€ annuel pour la politique de la ville) il n’y a pas que l’argent, il y a aussi des besoins de personnes, d’experts, pour conduire des projets, des ingénieurs, des architectes… a indiqué Vincent Berton, réaffirmant là l’engagement de l’État aux côtés de la Collectivité pour l’appuyer dans la conduite des projets.

HALTE AU FEU !

Si les habitants de Sandy Ground ont des griefs quant à la situation de leur quartier, les autorités locales aussi ! Louis Mussington a ainsi fait part de sa totale désapprobation sur des comportements constatés dans toute la communauté Saint-Martinoise, dont la démission des parents laissant leurs enfants livrés à eux-mêmes, les jeunes qui mettent leur vie en danger sur leurs deux-roues, alors que précise-t-il « nous avons dépensé de l’argent avec l’État pour fournir des casques ». Faisant référence à une vidéo où lors d’une fête dans le quartier on entend en bruit de fond un coup de feu, il s’est indigné de cette situation inacceptable : « cela doit cesser, nous ne sommes pas dans un no man’s land, mais dans un pays où il y a des règles pour chaque citoyen ».

Des propos appuyés par Vincent Berton, qui a lui aussi tiré la sonnette d’alarme sur les difficultés d’insertion des jeunes, leur oisiveté, et la limite ténue entre le droit chemin et la marginalité. Pour le Préfet, inquiet de l’augmentation des violences, des tirs par arme à feu, chacun doit prendre ses responsabilités pour que les jeunes prennent conscience de ce qu’ils font  : « ce n’est jamais anodin de tirer, même en l’air. Il faut le rappeler à des jeunes qui ont parfois perdu des repères intellectuels et moraux et qui ne réalisent pas la gravité de leurs actes. C’est notre responsabilité collective pour éviter des drames ».

Répondant à la question de Cédric André, c’est quoi votre vision de Sandy Ground, Vincent Berton a rappelé que sa mission « est de faire vivre la République, une république bienveillante, fraternelle, qui ne ferme pas les yeux sur les défaillances, les insuffisances et, qui n’acceptera jamais la violence, l’intimidation et les rapports de force illégitime ; c’est une République qui protège tous ses enfants ». Pour le Préfet, ces changements de comportement passent par l’école, le travail, le sport et la culture.

Ann Bouard

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.