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Comment allez-vous ?

Par Ann Bouard
22 Octobre 2024

La question peut sembler anodine, elle l’est moins lorsqu’elle s’adresse aux chefs d’entreprise du territoire. Pour cette nouvelle édition du petit-déjeuner de l’entrepreneur de la FIPCOM – MEDEF de Saint-Martin, qui se tenait au lycée Daniella Jeffry samedi dernier, Michel Vogel, organisateur de la rencontre, a souhaité prendre la température à quelques semaines du début de la saison touristique.

C’est un rendez-vous toujours très attendu par la sphère économique du territoire, car il représente une occasion unique pour les entreprises locales d’interpeller les pouvoirs publics et de dialoguer avec les invités, sur les préoccupations ou difficultés du moment et de faire le point sur le contexte économique général.

La Fédération des entreprises d’outre-mer (Fedom) est d’ailleurs inquiète quant à l’impact que pourraient avoir les réformes profondes souhaitées par le gouvernement. Pour Laurent Renouf, son délégué général, si Saint-Martin se porte mieux depuis trois ans, les choses pourraient changer si certains dispositifs sont modifiés. Il semble primordial de décorréler la réforme nationale des régimes spécifiques d’outre-mer, voire de la reporter à 2025, afin d’atténuer les impacts défavorables aux petites entreprises et à certains secteurs comme le BTP. Le cabinet du Premier ministre a d’ores et déjà été alerté sur les conséquences d’une telle réforme a-t-il indiqué.

Ce petit-déjeuner était également l’occasion de faire le point sur les dessertes aériennes avec Air Caraïbes, représentée par son fondateur Jean-Paul Dubreuil et Air Antilles, représentée par son directeur commercial Nicolas d’Hyèvres. Le premier a justifié l’abandon de la ligne directe en raison du manque de réservations sur décembre et s’est dit engagé dans un processus d’amélioration de la desserte via Grand Case en envisageant notamment de réduire les temps d’escale à Pointe-à-Pitre. Le second a fait le point sur sa flotte, a priori au complet d’ici la fin de l’année.

EDF : une situation appelée à perdurer

Parmi les autres sujets évoqués, celui de l’énergie abordé, sans langue de bois, par Pierre-Yves Gillot, responsable EDF pour Saint-Barthélemy et Saint-Martin. L’usine produit actuellement 29/30 mégawatts pour une consommation de 30MW.  Les moteurs les plus vieux ont 30 ans, la seconde tranche date d’une vingtaine d'années et doit être rénovée, et la dernière tranche, constituée des plus gros moteurs donne des signes de faiblesse. L’un des moteurs ayant une fissure et ne pouvant plus être utilisé, il faut ménager le troisième moteur, ce qui explique les coupures tournantes et sectorielles. Malgré l’installation de groupes de secours, le retour à la normale va être long et compliqué. La situation actuelle va donc perdurer, a priori jusqu’en septembre 2025, date à laquelle de nouveaux MW permettront de soulager les installations existantes, et la rénovation des moteurs.

Pierre-Yves Gillot a insisté sur un chiffre : 1. Si chaque foyer, entreprise, service… baisse sa climatisation d’un degré, cela va économiser 10% de la consommation soit 1 MW. Chaque année, la consommation augmente de 7 à 8%, et c’est 1 MW de plus à produire pour satisfaire la demande.

La PPE (politique énergétique) prend en compte les consommations à venir et elles nécessitent la construction d’une nouvelle centrale pour laquelle la Collectivité travaillera de concert avec EDF. Pour le moment, l’heure est à l’acquisition du terrain qui accueillera cette nouvelle unité de production.

En attendant, et en vue de la prochaine saison touristique, une cellule de crise va être montée avec les socioprofessionnels et EDF s’engage à mieux communiquer vis-à-vis de la population.

Les services de l’URSSAF plus accessibles

Nicolas Duvillard, chargé du recouvrement à la CGSS, a admis des lenteurs du système et indiqué vouloir rétablir le contact. Il envisage de donner plus de délégations aux 3 personnes présentes de l'antenne locale, afin de réduire les délais et inciter les entrepreneurs à prendre contact avec ses services, car il existe des procédures d’anticipation des difficultés, de concertation en amont et des procédures de sauvegarde.

Une entreprise en a d’ailleurs fait la démonstration en apportant son témoignage : c’est en assistant à un petit-déjeuner de l’entrepreneur qu’elle a pu rencontrer les responsables de la CGSS et ainsi éviter une situation qui allait mettre exsangue la société. Après une année d’accompagnement, l’entreprise a pu redresser la barre et à limiter la suppression d’emplois.

Autre problème qui affecte les entreprises du BTP, l’attestation de vigilance demandée lors des appels d’offres. Si l’entreprise est endettée, même faiblement, l’attestation n’est pas délivrée. Nicolas Duvillard confirme qu’il y a effectivement 66 demandes en cours et que si  la part patronale peut faire l’objet d’aménagements, ce n’est pas le cas pour la part ouvrière, qui par la loi ne peut-être étalée. Une véritable contrainte dont le député Frantz Gumbs a été saisi, car « si les règles doivent être changées, c’est à Paris qu’elles le seront ». 

Le pourcentage des cotisations en retard est très affolant selon Nicolas Duvillard, qui conclut « il faut arrêter l’hémorragie et accompagner vers la guérison ». 

Ann Bouard