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Loi plein emploi : ce que cela change à Saint-Martin

Par Ann Bouard
25 Octobre 2024

La loi plein emploi du 18 décembre 2023 a transformé « Pôle emploi » en « France Travail » au 1er janvier 2024. Au-delà de sa réorganisation, ce sont de nouvelles missions qui ont été attribuées à l’opérateur pour l’emploi. Le préfet Vincent Berton et le directeur territorial délégué de France Travail à Saint-Martin, Richard Boone, présentaient mardi, lors d’une conférence de presse, les mesures prises pour le territoire.

Si le nombre de demandeurs d’emploi est en nette diminution dans l’hexagone, le gouvernement veut accentuer la tendance pour atteindre un taux de 5% qui équivaut au plein emploi. Un taux atteint à Saint-Barthélemy, mais très éloigné de la réalité saint-martinoise. L’estimation pour cette année est de 30% pour le territoire, malgré une baisse de 5% en 2023 et de 2,6% depuis début 2024 ; une baisse cohérente avec l’évolution de la conjoncture observée depuis deux ans grâce à la reprise de la fréquentation touristique et les gros chantiers du BTP qui ont généré nombre d’emplois. Mais pour le Préfet, les investissements publics ne ruissellent pas suffisamment sur le territoire et profitent surtout aux travailleurs extérieurs. 

État des lieux

À Saint-Martin, 4800 personnes sont inscrites à France Travail, dont 2% de personnes en situation de handicap et 3900 personnes en catégorie A (sans activité aucune). Ce sont ces dernières qui sont plus particulièrement visées par la loi, car éloignées du marché du travail depuis longtemps. 

Par ailleurs, le phénomène de marginalisation des jeunes s’aggrave, car la baisse enregistrée ne concerne pas les moins de 26 ans, bien au contraire. Si plusieurs initiatives sont prometteuses (Projet Mangrove, Compagnons bâtisseurs…), elles ne sont pas encore suffisantes et il faut aller plus loin, estime le Préfet pour qui  « le travail est une seconde chance notamment pour les jeunes en échec scolaire ».

Autre cible, les bénéficiaires du RSA au nombre de 1900 sur le territoire. Seuls 22% d’entre eux sont inscrits à France Travail (40% dans l’hexagone). Un chiffre qui s’explique pour partie par le nombre de parents isolés avec enfant(s) à charge, par des emplois en partie hollandaise, mais aussi par le travail illégal en partie française… une situation jugée lamentable par Vincent Berton, car les entreprises qui font appel aux travailleurs clandestins sont inconscientes de leur responsabilité pénale et font preuve d’un manque de citoyenneté, s’enrichissant au détriment du territoire. Aucune tolérance ne leur sera accordée et les contrôles vont être encore intensifiés, a annoncé le Préfet.

Les bénéficiaires du RSA automatiquement inscrits

Dans les nouvelles mesures, la première est l’inscription automatique de tous les bénéficiaires du RSA à France Travail. Pour l’ensemble des demandeurs d’emploi les démarches vont être simplifiées, sur la base de « dites-le-nous une fois » et France Travail ira également à la rencontre de ceux qui ne sont inscrits nulle part. 

Autre changement, les entreprises qui ont des difficultés à recruter vont être mieux accompagnées avec pour objectif de satisfaire leurs besoins. Si 57% des offres proposées sont pourvues, 43% sont donc soit annulées par l'employeur ou non satisfaites. L’écueil se situe souvent dans la vision des métiers, jugés peu attractifs par les demandeurs d’emploi, et par la perception des profils par les chefs d’entreprise. Or, estime Richard Boone, ces perceptions peuvent changer si l’on s’oriente vers une démarche de recrutement inclusif. Cette méthode innovante, déjà testée, permet de lever les freins.

Les semaines thématiques, qui ont pour ambition de favoriser l’attractivité des métiers ou de mettre en relation directe entreprises et demandeurs font déjà leurs preuves (stade vers l’emploi, semaine pour l’emploi, etc.) Les chefs d’entreprises commencent à apprécier cette démarche leur permettant de ne plus juger sur un seul CV mais sur une personnalité. 490 postes ont été enregistrés depuis le début de l'année, dont 56% d'emplois durables (en sachant qu'une offre peut contenir plusieurs postes), mais une centaine d’emplois sont toujours à pourvoir à l’agence de Saint-Martin. 

Une meilleure information

Un comité de pilotage mensuel, présidé par le Préfet, a été instauré depuis le début de l’année et réunit l’ensemble des principaux acteurs œuvrant sur le territoire : la Mission Locale, la Collectivité, CAP Emploi, le centre de formation des apprentis, l’Éducation Nationale, la DEETS et la CAF. L’objectif est de partager les informations pour que le marché de l’emploi soit plus efficient. Une Académie France Travail va également être mise en place afin que l’ensemble des partenaires puissent bénéficier de formations, de développement de compétences ou encore d’outils et de statistiques. 

Ann Bouard